Ascension – Pentecôte 2019

 La Pentecôte que nous fêtons aujourd’hui a été annoncée par le prophète Ezéchiel à qui Dieu a soufflé les paroles suivantes : « Je mettrai en vous un esprit nouveau, (…) Je le ferai en sorte que vous marchiez selon Mes lois, observant Mes ordonnances et les mettant en pratique ». Le prophète Joël est encore plus explicite : « Je répandrai Mon Esprit sur toute chair (c’est-à dire sur tous les hommes, Juifs ou païens). Vos fils et vos filles prophétiseront. Même sur les serviteurs et les servantes, (…) Je répandrai Mon Esprit ».

Le sens de la fête est résumé dans un des stichères des vigiles de la Pentecôte : « D’incultes qu’ils étaient, les disciples reçurent la sagesse et prirent les païens au filet de la foi, annonçant avec éloquence les mystères divins ».

Les fêtes de la Résurrection du Christ et de la Pentecôte, qui en est l’aboutissement, préfigurent certains aspects du Royaume. Le Christ ressuscité passe à travers les portes, mais les apôtres peuvent le toucher et Il mange du poisson devant eux. Nous aussi ressusciterons corps et âme, nous aussi pourrons manger et notre corps sera bien réel. Jusqu’à la Pentecôte, les apôtres n’ont pas vraiment compris ce qui se passait. Dans l’Evangile de l’apôtre Luc, il est écrit qu’avant Son Ascension, « le Christ leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprennent les Ecritures qui avaient tout annoncé ». Malgré cela, ils ont demandé au Christ « s’Il S’apprêtait à rétablir le Royaume d’Israël ». C’est ce que la foule attendait du Christ le jour de Son Entrée triomphale à Jérusalem. L’esprit des apôtres ne s’est ouvert complètement qu’à la Pentecôte.

Les apôtres étonnent les foules en prêchant en toutes les langues, eux les pêcheurs illettrés. Il s’agit d’un miracle ponctuel, d’un miracle surprenant qui, lui aussi, est une préfiguration du Royaume où l’on peut se demander quelle langue y sera parlée, sinon une langue universelle, compréhensible par tous. Il se passe l’inverse de ce qui est arrivé dans notre monde déchu, lors de la construction de la tour de Babel. Il est dit dans la Genèse (11, 1) que « la terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots ». « Les fils d’Adam (c’est-à dire les hommes) ont voulu bâtir une ville et une tour dont le sommet toucherait le ciel », reprenant la faute d’Adam qui a voulu se passer de Dieu et a été chassé du paradis. Ceux qui voulaient bâtir la tour de Babel se sont vus empêchés de continuer leur travail – « le Seigneur – est-il écrit, brouilla leurs langues, afin qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres ».

La descente de l’Esprit sur les apôtres leur permet de s’adresser à la foule qui les entoure en s’exprimant dans la langue de chacun, comme s’il n’y en avait qu’une. Ou bien les apôtres parlent-ils dans leur langue que tous comprennent l’espace d’un instant, comme si c’était la leur. Les langues ne sont plus brouillées – la situation antérieure est provisoirement rétablie.

Nous avons reçu l’Esprit Saint à notre baptême, et à chaque liturgie, au nom de tous les fidèles présents, le prêtre demande à Dieu « d’ouvrir les yeux de notre intelligence, pour que nous comprenions Son message évangélique et qu’Il nous inspire la crainte, c’est-à dire le respect de Ses commandements ».

L’enseignement dispensé par les apôtres à la Pentecôte, enseignement compris par tous, symbolise l’unité dans la diversité. Les chrétiens actuels, comme ceux des siècles qui ont précédé, ne parlent pas tous la même langue, mais l’enseignement est ou devrait être le même. Et ils sont censés tous comprendre la même chose. La réalité est moins rose. Les Eglises chrétiennes sont divisées. Et dans chacune d’elles, y compris dans la nôtre, l’on retrouve également des divisions. A partir des mêmes textes de l’Ancien et du Nouveau Testaments, nous parvenons parfois à des conclusions différentes. C’est dû à notre imperfection. Pourtant les efforts de dialogue sont loin d’être vains entre gens de bonne volonté, y compris chez nous. Curieusement, il arrive même parfois que l’on s’entende mieux avec des membres d’autres Eglises chrétiennes qu’avec des membres de la sienne.

Le Christ est venu sauver des hommes imparfaits, et nous pouvons maintenant nous adresser de nouveau au « Roi céleste » à l’Esprit Saint et Lui demander de venir faire Sa demeure en nous, et de nous accorder la sagesse, comme l’apôtre Jacques nous appelle à le faire dans son épître. Soyons inspirés par la prophétie d’Ezéchiel et « faisons notre possible pour marcher selon les lois de Dieu, pour observer Ses commandements en les mettant en pratique ».

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