Appel des apôtres Lc 5, 1-11

Les quatre évangélistes, rapportent, chacun à sa façon, comment le Christ a choisi Ses premiers disciples, comment Il a choisi ceux qui allaient devenir les douze apôtres. Les différences entre chacun de leurs récits peuvent dérouter. Les détracteurs du christianisme mettent souvent l’accent sur les apparentes contradictions qu’il est possible de déceler dans les récits évangéliques. L’Evangile d’aujourd’hui en est un exemple. D’après l’évangéliste Luc, l’appel des premiers apôtres s’est fait en plusieurs étapes, qui ne se présentent pas dans le même ordre que celui observé par les trois autres évangélistes, eux, témoins directs. Le récit de l’évangéliste Luc est un peu confus. Il écrit que la vie publique du Christ a commencé en Galilée, entre autres, à Capharnaüm, puis qu’elle s’est poursuivie à Nazareth où Il a été plutôt mal accueilli. Ses anciens voisins s’étonnaient d’entendre prêcher le fils de Joseph, un simple charpentier. Les futurs apôtres Simon-Pierre et son frère André avaient semble-t-il déjà écouté l’enseignement du Christ, et avaient du se faire remarquer par Lui, puisqu’il est écrit qu’au cours de Son deuxième passage à Capharnaüm, antérieur à l’appel des apôtres, Le Christ est entré chez Pierre et a guéri sa belle-mère. Ce n’est qu’un peu plus tard, d’après l’évangéliste Luc, que le futur Pierre abandonnera son bateau de pêcheur pour suivre le Christ, ainsi que Jacques et Jean. C’est ce qui est raconté dans l’extrait de l’Evangile d’aujourd’hui. Il n’est, curieusement, pas fait mention d’André, le frère de Pierre, dont l’évangéliste Jean affirme que c’est lui qui est allé chercher Pierre pour le présenter à Celui qu’il appelle, déjà, le Messie. Et dans notre tradition, l’apôtre André est appelé « le premier appelé ». Les évangélistes Matthieu et Marc, eux, résument l’appel en rapportant que le Christ, marchant au bord du lac de Galilée, vit deux frères Pierre et André en train de jeter des filets dans la mer et leur demanda de Le suivre, puis fit de même en voyant deux autres frères, Jacques et Jean et leur demanda également de Le suivre.

Quatre évangélistes racontent le même événement, et nous avons trois versions différentes. C’est troublant, même si le résultat final est le même. Ces différences rendent, en fait, le récit plus véridique. Un récit identique aurait été suspect. Nous savons à quel point le témoignage humain est fragile et faillible. Chacun a sa perception des événements, et donc, les récits d’un même événement peuvent différer. De plus, les Evangiles n’ont été diffusés en version écrite qu’après avoir été transmis oralement, sur au moins deux générations. La diffusion orale était la tradition dans le judaïsme. Et les premiers chrétiens étaient majoritairement juifs. De plus, l’apôtre Luc qui a fait œuvre d’historien, a interrogé les témoins directs, assez longtemps après les événements décrits dans son Evangile. L’essentiel n’est donc pas la précision et la chronologie des faits matériels rapportés, mais l’enseignement qui en découle. Il n’y a pas de contradictions dans la transmission des paroles, dans la transmission de l’enseignement du Christ. C’est pour cette raison que les Evangiles, le Nouveau testament sont le fondement de notre foi.

Ce que nous pouvons retenir, c’est que les premiers disciples et apôtres ont été des hommes simples, des pêcheurs, qui ont abandonné leur travail pour suivre le Christ. C’est Lui qui les a choisis, c’est Lui qui leur a demandé de Le suivre. Il S’est adressé également à des lettrés. Un collecteur d’impôts, comme Matthieu, n’était pas un travailleur manuel.

Nous aussi, dans notre diversité, indépendamment de notre niveau de connaissances – les théologiens ne sont pas toujours les mieux placés – sommes appelés par le Christ, mais cela se fait généralement plus discrètement que cela ne l’a été pour les apôtres. Et tout le monde n’a pas la grâce, qu’a eue le futur apôtre Paul sur le chemin de Damas, quand le Christ S’est adressé directement à lui. Cette intervention lui a fait perdre momentanément la vue – preuve qu’il a vu Dieu.

Les cas d’intervention directe de Dieu sont très rares. Dans la plupart des cas, Il se manifeste indirectement, par le biais de rencontres, par le biais d’événements qui doivent être décryptés avec les « yeux de l’intelligence », comme il est dit au cours de la liturgie.

Soyons donc attentifs à ces signes qui exigent du discernement et donc une analyse permanente de tout ce qui nous arrive et de tout ce que nous pouvons observer autour de nous.

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