Dimanche 3 Novembre Saint-Prix 2019

 Dans les Evangiles, il est plusieurs fois demandé au Christ ce qu’il faut faire pour « recevoir la vie éternelle en partage », ou dit autrement, pour « gagner sa place au Royaume ». C’est la question que tout chrétien conséquent, et donc nous tous, devons nous poser. Cette question sous-entend plusieurs choses. Nous sommes mortels, et la conquête du Royaume sur terre, déjà en ce monde, est l’exception. Tout le monde n’est pas Saint Séraphim de Sarov. Pour nous, il s’agit de préparer ici-bas notre vie dans l’au-delà. Notre statut y dépendra de la façon dont nous avons vécu sur terre. Le Christ appelle les plus courageux et les plus motivés à tout quitter pour Le suivre. Il est demandé aux autres de faire leur possible pour observer Ses commandements et de s’en remettre à la mansuétude divine. Après tout, le Christ a dit « qu’Il était venu sauver les pécheurs et non ceux qui se prétendent justes ».

Jean de Valaam a écrit que « notre vie ici-bas était un chemin et une préparation pour l’éternité ». La même idée a été reprise ailleurs, de façon imagée – « notre vie sur terre serait une introduction au livre qu’est notre vie dans l’au-delà ».

C’est donc nous qui déterminons notre sort. Notre responsabilité est immense, notre conduite sur terre déterminera notre vie dans l’éternité. C’est tout sauf anodin. Cela vaut la peine d’y réfléchir dans un monde où, à l’inverse, l’on cherche toujours à trouver un responsable pour tout ce qui dérange.

Les Pères de l’Eglise proposent différentes voies à suivre. Ils n’inventent rien. Imprégnés par les Ecritures, imprégnés par les Evangiles, ils mettent leur vie en conformité avec l’enseignement du Christ et recommandent à tous d’en faire autant. L’on peut classer le Père Nikon Vorobiov dans la catégorie des Pères de l’Eglise contemporains. Ses recommandations sont simples à comprendre et difficiles à appliquer. Il s’adresse à ses paroissiens de province, en Russie soviétique. Il ne s’attendait certainement pas à ce que ses lettres soient rassemblées et publiées d’abord en Russie, puis traduites en français. Ses conseils sont donc ciblés, mais la plupart d’entre eux peuvent nous être utiles.

Il écrit qu’au 20-ème siècle « les chrétiens ne pourront obtenir le salut que par les souffrances et les maladies, et (…) qu’il est difficile de chercher le salut quand on vit parmi des incroyants ». Nos souffrances, en Occident, sont bien supportables. La maladie, elle, ne connaît pas de frontières et est présente à toutes les époques depuis la chute d’Adam. Pour ce qui est de l’incroyance, elle ne se manifeste pas de façon violente dans nos sociétés, mais elle est omniprésente.

Le p. Nikon ajoute que « les gens bien portants et heureux oublient Dieu et ne pensent pas à la vie future – ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir ». Cette description s’applique parfaitement à notre monde moderne. Il est écrit ensuite que « les souffrances et la maladie détournent l’homme des attraits de ce monde et l’incitent à se tourner vers Dieu ». C’est une des réponses possibles au reproche qui est fait à Dieu, quand, nous ne comprenons pas pourquoi Il laisse faire le mal.

Le père Nikon insiste beaucoup sur un point qui nous concerne tous – « la voie qui mène au salut passe par la prise de conscience de ses propres péchés, et non par la condamnation, par le jugement de son prochain (qui nous engagent dans une impasse). Celui qui juge son prochain ne voit pas ses propres péchés ».

Que faut-il retenir de tout cela ? Notre vie sur terre est courte, et elle n’est qu’une transition avant la vie éternelle. Les deux forment un tout. Nous avons tendance à l’oublier, comme nous oublions que nous serons jugés de la façon nous aurons jugé notre prochain – facilité que nous nous octroyons régulièrement, sans problème, car cela nous permet de relativiser nos propres transgressions.

Il y a plusieurs années, il vous a été distribué ici une prière pénitentielle, adaptée d’un modèle, proposé à ses fidèles par le p. Vladimir Lapchine de Moscou, qui lui-même avait adapté la version proposée par le p. Alexandre Men’. Cette prière donne des pistes pour les examens de conscience, quand on ne sait pas quoi dire en confession. Moins nous nous occuperons des péchés des autres, plus nous aurons le loisir de nous occuper des nôtres et de faire preuve de mansuétude envers notre prochain.

 P.S. Ceux qui n’ont pas le texte de la version française de cette prière peuvent la retrouver maintenant sur le site, ainsi que la version russe du p. Vladimir Lapchine qui apparaît en premier sur le site – la version française est en dessous.

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