carême de Noël 2007

Un carême est une période pendant laquelle nous redoublons d’efforts sur le plan spirituel pour nous préparer à une fête, pour nous préparer à une événement marquant de la vie de la Mère de Dieu ou du Christ, un événement qui, comme chaque liturgie, est réactualisé, revécu par nous, en dehors du temps.

Car la liturgie et les offices qui l’entourent, qui la préparent ou la suivent, sont une anticipation du Royaume dans lequel nous entrons l’espace d’un instant, avant de retourner dans le monde. Nous oublions souvent que chaque liturgie dominicale est une petite Pâque et que nous devrions nous y préparer.

Dans d’autres Eglises-soeurs comme l’Eglise serbe, ou même en Russie, la préparation est si intense qu’elle limite et espace la communion des fidèles qui veulent se préparer dignement. Nous sommes dramatiquement faibles. Des efforts permanents, une tension spirituelle, accompagnée d’ascèse physique du lundi au samedi et toute l’année, avec des pointes pendant les carêmes, peuvent nous sembler surhumains, à nous qui sommes si loin de la sainteté. En fournissant ces efforts de façon intense et permanente, tout au long de l’année, nous courons le risque, en cas de succès, même partiel, de sombrer dans l’orgueil dont les Pères de l’Eglise disent avec raison que c’est le plus grave des péchés, celui qui a causé la chute du premier homme.

 Nous courons aussi le risque de basculer dans le désespoir ou la révolte, parce que cela semble trop difficile. Des efforts permanents ne peuvent être que mesurés, c’est pour cette raison que nous sommes appelés à jeûner avec une intensité plus ou moins grande selon les carêmes pendant des périodes limitées qui sont suivies de plages de repos. Normalement, chaque carême devrait permettre de faire de petits progrès. C’est cela le parcours du combattant qu’est la marche vers la sainteté.

Quelle attitude convient-il d’adopter pendant le carême de Noël ? Nous ne sommes pas des moines, et nous ne sommes pas des maximalistes.

Pourtant, le fait d’observer ne serait-ce que quelques restrictions matérielles minimales, mais auxquelles on se tient, peuvent nous aider dans nos efforts spirituels. Parce que si nous essayons d’observer une discipline de tous les instants pendant cette période, cela nous rappellera en permanence que nous devons aussi fournir des efforts dans le domaine spirituel.

Le corps est l’âme ont une égale importance dans l’Eglise orthodoxe. Ils sont complètement liés. Nous ressusciterons corps et âme. Le Christ l’a fait. Pour prouver que Son corps ressuscité et transfiguré était bien le Sien, Il a mangé du poisson devant Ses disciples et leur a montré Ses plaies.

La résurrection du Christ préfigure la nôtre. Nous avons tendance à privilégier le corps et à oublier l’âme. De petites restrictions sur le plan matériel ou alimentaire nous rappelleront que nous devons fournir aussi des efforts à l’égard de Dieu et de notre prochain. Abstenons nous de le juger, agissons envers lui comme nous voudrions qu’il agisse envers nous. C’est une des parties spirituelles du carême. Cela nous permettra, à force de répétition, de carême en carême, de prendre de bonnes habitudes, d’acquérir des réflexes.

Pour ce qui est de la partie matérielle de notre ascèse, que chacun fasse en fonction de ses possibilités. L’on peut suggérer l’observation des jeûnes du mercredi et du vendredi, une présence plus assidue aux liturgies et aux vêpres qui nous y préparent, une consommation de boissons alcoolisées limitée aux dimanches et aux fêtes familiales.

Un évêque plutôt rigoriste du Patriarcat de Moscou a répondu à une question posée sur internet que les Orthodoxes pouvaient fêter le Nouvel an sans grande conséquence sur le plan spirituel. Il vaut mieux participer à la fête plutôt que de manifester par une présence austère et réprobatrice un pharisianisme condamnable et totalement contre-productif.

La question du Nouvel an ne se pose pas pour nous qui suivons le calendrier grégorien, mais elle se pose dans notre vie quotidienne, dans nos rapports avec les non-orthodoxes ou les non-pratiquants. Le carême de Noël est rarement respecté, pour de nombreuses raisons. Essayons de ne pas le négliger totalement. Ce n’est jamais un but en soi, c’est une aide dont nous avons tout intérêt à profiter.

Bon carême de Noël à tous !

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