1-er dimanche après la Pentecôte, de tous les saints.

            Nous fêtons aujourd’hui tous les saints. En premier lieu, la sainteté signifie l’appartenance à Dieu. Quand il est question d’objets ou de lieux, l’adjectif signifie qu’ils sont consacrés à Dieu. Quand, au cours de la liturgie, nous prions pour « cette sainte maison », c’est de notre église qu’il s’agit. Comme tout lieu de culte, elle est un lieu de rencontre privilégié entre nous et Dieu, et elle Lui appartient, comme nous devrions Lui appartenir. Quand nous demandons que « ce jour tout entier soit parfait, saint, paisible et sans péché », nous répétons quatre fois la même chose – nous demandons que Dieu nous accorde la grâce, et donc la force de lui consacrer le reste de notre journée, qui sera sainte à la mesure de notre sincérité. Cela signifie que nous serons conscients de la présence de Dieu, et notre journée sera paisible. Nous ne pécherons pas, ou en tout cas, nous pécherons moins. Quand nous faisons nôtres ces paroles de la liturgie, quand nous déléguons au chœur l’explicitation de notre assentiment par les paroles « accorde Seigneur », prenons conscience de ce que nous demandons.

            Quand le terme saint s’applique aux personnes, cela veut dire qu’elles aussi appartiennent, ou qu’elles désirent réellement appartenir à Dieu. C’est pour cette raison qu’au temps des premiers chrétiens, le terme de saint était simplement synonyme de chrétien. Sauf quand il s’applique à Dieu, le mot saint ne signifie jamais « parfait ». Nous savons que Dieu seul est parfait, Dieu seul est Saint. Aucun des saints que l’Eglise nous propose comme modèles n’est parfait, mais chacun d’entre eux a manifesté, à sa façon, son appartenance à Dieu, montrant qu’il y a d’innombrables façons de Le servir. A nous de suivre la voie qui convient le mieux à notre personnalité. Il n’y a pas de modèle unique.   

            Si nous fêtons tous les saints le premier dimanche après la Pentecôte, nous fêtons doublement ceux de ce jour, ceux du 19 juin, et en particulier l’un des douze apôtres qui a été particulièrement discret – l’apôtre Jude, frère du Seigneur. La tradition orthodoxe diffère de celle du monde chrétien occidental. Joseph, le fiancé, puis l’époux de la Mère de Dieu était veuf. Parmi les quatre fils de Joseph issus de son premier mariage et dont les noms sont cités par l’Evangéliste Mathieu au chapitre 13, verset 55, deux sont devenus apôtres – Jude a fait partie des douze, et Jacques est devenu le premier évêque de la communauté de Jérusalem. Dans le synaxaire, il est écrit que « membre du collège des douze, le saint apôtre Jude était de la lignée de David et de Salomon. Il naquit à Nazareth en Galilée. Son saint père, Joseph, devint par la suite le fiancé de la Toute-Pure Vierge Marie. Sa mère s’appelait Salomée, non pas la Salomée de Bethléem, mais la fille d’Agée, fils de Barachie, frère de Zacharie. Elle fut l’épouse de Joseph selon la loi et lui donna quatre fils: Jacques, Joseph, Simon et Jude. Saint Jude était donc le frère de Jacques, celui qu’on a coutume d’appeler « frère du Seigneur ».

            La tradition dit que Jude pécha par inimitié fraternelle. Quand Joseph revint d’Egypte où il avait fui, il partagea ses terres entre ses premiers fils et il voulut octroyer une part au  Christ. Au moment du partage, seul Jacques accepta de partager son héritage avec Jésus. C’est pour cette raison qu’il reçut de façon exclusive, le titre de « frère du Seigneur ». Saint Jude, qui connaissait son péché passé, n’osait pas se présenter sous ce titre, et c’est seulement comme frère de Jacques qu’il parle de lui-même dans son épître: « Jude, serviteur de Jésus-Christ et frère de Jacques ».

            Tous ces renseignements repris dans le synaxaire orthodoxe proviennent d’un récit apocryphe de la vie de Saint Jacques qui ne fait pas partie des livres canoniques, mais permet de mieux comprendre de nombreux passages du Nouveau testament.

            Saint Jude est présenté comme modèle pour son humilité, sa foi et son ardeur apostolique dans l’Annonce de l’Evangile en Judée, Galilée et Samarie, puis en Arabie, Syrie, Mésopotamie et Perse, et enfin en Arménie où il sera martyrisé par des sacrificateurs païens qui le crucifieront et l’achèveront en le transperçant de flèches.

            L’Eglise ne nous demande pas d’imiter l’Apôtre Jude dans Sa mort, mais dans son témoignage et surtout dans son humilité. La passion que les Pères de l’Eglise condamnent avec le plus de force est l’orgueil. Chaque passion a son antidote. Celui de l’orgueil est l’humilité. La véritable humilité est la conscience sincère de notre état de pécheurs, celle qui devrait nous empêcher de juger notre prochain. A nous de la demander et de la développer sans relâche.   

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