1 Tim 1, 15-17 Luc, 18, 35-43

         Il y a une phrase-clef, une phrase essentielle dans la lecture de l’apôtre d’aujourd’hui. Saint Paul affirme que “le Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont il est le premier”. Cette phrase est reprise dans notre liturgie, à notre compte.
Un ancien persécuteur très zélé et efficace des chrétiens a été choisi par Dieu pour être un propagateur tout aussi zélé de la nouvelle foi. Saint Paul ajoute “qu’il lui a été fait miséricorde, qu’il a été pardonné parce qu’il avait agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi”. Le Christ a ouvert les yeux de l’aveugle qu’il était sur le plan spirituel et lui a fait perdre la vue sur le plan physique pendant trois jours, jusqu’à sa rencontre à Damas avec un disciple qui lui imposera les mains.  Cet homme, Ananias, a eu une vision – le Christ lui a dit que Paul “était l’instrument qu’Il avait choisi pour répandre Son nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites.” Paul a été choisi pour sa profondeur spirituelle et ses dons – c’était un fin lettré, un pharisien honnête et droit qui connaissait parfaitement les Ecritures. C’était un homme énergique. Son énergie avait été utilisée pour combattre les disciples du Christ. Cette même énergie sera désormais utilisée au service du Christ. C’était aussi un homme lucide, conscient de son imperfection. Paul a été choisi pour toutes ses qualités, mais aussi parce que la conversion d’un persécuteur ne pouvait que frapper les esprits et interpeller ses anciens compagnons.
La phrase de Saint Paul affirmant qu’il est le premier des pécheurs signifie aussi qu’il se sent indigne de la charge qui lui est confiée, à lui qui a été, selon ses paroles, “un blasphémateur, un persécuteur et un homme violent”. Cela signifie aussi, en ce qui nous concerne, que nous n’avons pas à juger les autres. Nous devons nous considérer comme de grands pécheurs, que nous sommes réellement, quelles que soient nos qualités, vraies ou imaginaires. Plutôt que de nous occuper des péchés des autres, concentrons nous sur les nôtres. Ne nous jugeons pas nous-mêmes selon les critères de ce monde où, dans la plupart des cas, l’on peut se satisfaire de soi, avec quelques restrictions – après tout, nous ne sommes généralement ni des violents, ni des criminels et puis, personne n’est parfait. C’est exact, personne n’est parfait, mais nous sommes appelés à la perfection., même si nous savons que c’est impossible. Nous devrions avoir en permanence conscience de notre imperfection, mais vraiment, en profondeur, sans que ce ne soient que des mots, et devrions éviter absolument tout sentiment d’auto-satisfaction, forme visible de l’orgueil. Le pharisianisme, dans son sens péjoratif, s’applique à nous quand nous sombrons dans le confort spirituel en nous contentant de ce que nous pensons être le minimum vital sur le plan de notre santé spirituelle. Le christianisme est tout sauf une religion de confort. Le Christ ne nous promet pas le repos en ce monde, Il nous appelle à porter notre croix. Mais si nous nous abandonnons à la volonté de Dieu, le “joug”, c’est à dire la charge que nous devons porter, nous “paraîtra facile à porter et le fardeau semblera léger”, parce que le désespoir dans lequel devrait nous plonger la contemplation de nos péchés sera compensé par notre foi en la mansuétude divine. Après tout, le Christ S’est sacrifié pour notre salut. C’est en obtenant ce fragile équilibre entre la vision objective de nous mêmes et notre foi en la bonté de Dieu que nous parviendrons, avec l’aide de l’Esprit, à avancer tout doucement vers le Royaume, en nous relevant à chaque fois après chacune de nos chutes inévitables.
La guérison de l’aveugle de Jéricho, de l’Evangile du jour, nous rappelle que la foi sauve. Le mendiant aveugle qui s’est écrié, sans rien voir de ce qui se passait, “Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !” a entendu le Christ et Lui a demandé la guérison. Sa foi l’a sauvé. Il nous a montré la voie. Nous aussi sommes aveugles. Pour pouvoir entendre, écoutons, comme lui la Bonne nouvelle, soyons réceptifs et demandons à l’Esprit de nous guérir de notre cécité.

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