Dimanche du Paralytique  Ac 9, 32-42  Jn 5, 1-15 

 

                  Dans les deux lectures d’aujourd’hui, il est question de miracles – le Christ guérit un paralytique, l’apôtre Pierre guérit également un paralytique et fait revenir à la vie une femme- disciple, connue pour sa bonté, qui venait de mourir. Les trois miracles ont un point commun: l’initiative ne vient pas de leurs bénéficiaires. L’apôtre Pierre n’attend pas qu’on lui demande une guérison – il prend les devants pour le paralytique et lui annonce que « le Christ le guérit. » Il lui demande de se lever et de faire son lit. C’est ce que le Christ ordonne aussi au paralytique de l’Evangile d’aujourd’hui. L’apôtre Pierre est ensuite invité par les disciples d’une ville voisine à assister aux funérailles d’une chrétienne, à qui il ordonne de se lever, c’est à dire de ressusciter.

            Le Christ prend également l’initiative. Il demande au Paralytique qui a perdu l’usage de ses membres depuis trente-huit ans s’il veut guérir. Le Paralytique ne comprend pas pourquoi on lui pose la question. Il est évident qu’il désire être guéri, mais la piscine miraculeuse auprès de laquelle il est étendu est avare en miracles. Ne peut être guéri que le premier qui sera plongé dans l’eau, au moment où elle se mettra à bouillonner. Cela fait trente-huit ans que le Paralytique essaie d’arriver à temps dans l’eau. Il sait qu’il n’a presque aucune chance et il espère, sans doute, que le Christ l’y portera au bon moment, mais il n’a pas l’air de nourrir de grands espoirs. Le Christ le guérit sans aucune condition préalable. Ce n’est que plus tard, après qu’ils ont été séparés par la foule, que le Paralytique rencontre de nouveau le Christ dans le Temple de Jérusalem et que le Christ donne un précieux conseil à celui qu’Il a guéri. Le Paralytique s’est rendu au Temple pour remercier Dieu, faute d’avoir eu le temps de remercier son bienfaiteur.

            Nous savons que même si les miracles rapportés dans le Nouveau testament sont nombreux, tous les malades n’ont pas été guéris, tous les morts n’ont pas été ramenés à la vie. Les critères de choix des heureux élus restent un mystère. Dans tous les cas de figure, les guérisons n’empêcheront personne de mourir et les résurrections, encore plus rares, ne font que retarder l’échéance et ne sont pas un but en soi, puisque nous devons mourir pour accéder à l’immortalité, et si possible dans les meilleures conditions. C’est là que les questions posées par le Christ au Paralytique prennent un autre éclairage. « Veux-tu guérir », lui a-t-Il demandé d’abord ? Quel malade refuserait une guérison qui lui est offerte ? Il est évident que le Paralytique ne rêve que d’une chose, retrouver l’usage de ses membres. Plus tard, lors de leurs retrouvailles au temple, le Christ met les points sur les i: Il lui dit: « te voila bien portant: ne pèche plus de peur qu’il ne t’arrive pire encore ! » Il n’est pas certain que l’ex-Paralytique ait immédiatement compris ce qui lui était demandé.

Pour nous qui avons lu les Evangiles, c’est plus simple. Nous savons que nous sommes tous sujets aux maladies plus ou moins graves, c’est une des conséquences de la chute de l’homme. Et nous sommes tous sujets aux maladies spirituelles que les Pères de l’Eglise appellent les passions. Comme le Paralytique, nous nous sentons naturellement plus concernés par les maladies physiques. Les maladies spirituelles auxquelles personne n’échappe, ne se voient pas, elles sont plus difficiles à déceler et le Malin s’arrange pour nous empêcher de les voir, en tout cas chez nous, car nous les distinguons sans problème chez les autres.  

            Comme le Paralytique, nous voulons être guéris de nos petites ou grandes infirmités physiques. C’est normal, c’est naturel – personne n’aime souffrir. Pour notre guérison spirituelle, l’Esprit prend toujours les devants, à nous de ne pas refuser Son aide. Demandons- Lui de nous ouvrir les yeux, de nous faire prendre conscience de notre état de pécheurs, et demandons à Dieu notre guérison, « de peur qu’il ne nous arrive pire encore », comme le Christ le rappelle. Nous pouvons être guéris sans condition préalable, si nous le voulons vraiment, mais cette guérison qui nous a été accordée le jour de notre baptême, suppose, pour être renouvelée, que nous reconnaissions nos fautes, que nous en demandions le pardon, et que nous essayions sincèrement de ne plus pécher. La dernière étape est la plus difficile à mettre en oeuvre.

Notre salut dépend de notre foi en Dieu, de notre espérance en la Miséricorde divine et de notre charité, de notre amour du prochain. Le père Alexandre Men’ disait que ceux qui n’ont plus assez de forces pour garder de l’espoir, ceux dont la foi et faible, doivent se rabattre sur l’amour du prochain qui couvre tous les péchés.

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