Pentecôte 2012

 

            La Pentecôte est une des douze fêtes majeures de notre calendrier liturgique. Elle est l’aboutissement de la Résurrection. Depuis hier soir, nous sommes de nouveau invités à nous adresser à l’Esprit, au Roi céleste, au Consolateur. Pendant les cinquante jours qui ont suivi Pâques, la Résurrection du Christ a pris le pas sur tout le reste, elle a inspiré tous les offices. Nous n’avons pas mis l’Esprit Saint entre parenthèses pendant cette période, nous avons simplement fait nôtre l’affirmation de l’apôtre Paul qui a écrit que s’il n’y avait pas eu la Résurrection du Christ, notre foi serait vaine. La descente de l’Esprit sur les apôtres est l’accomplissement de la promesse que le Christ a faite au cours de ce qu’on appelle l’entretien suprême, rapporté de façon très détaillée par l’évangéliste Jean – le Père va envoyer l’Esprit aux apôtres. Cette descente de l’Esprit, décrite par l’apôtre Luc dans l’extrait des Actes des apôtres lu ce matin avait été annoncée par le Père dans la prophétie de Joël lue hier soir :  » Je suis le Seigneur votre Dieu, il n’est point d’autre Dieu que Moi (…) Je répandrai de Mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront « , c’est-à-dire annonceront la Bonne nouvelle, annonceront l’Evangile. Dans les stichères, il est ajouté :  » L’Esprit Saint accorde tout, (…) Il institue les prêtres, Il enseigne la sagesse aux illettrés; des pêcheurs, Il fait des théologiens, Il soude toute l’institution ecclésiale ». Plus loin dans les stichères, il est rappelé que « D’incultes qu’ils étaient, les disciples reçurent la sagesse, et prirent au filet de la foi les païens, annonçant avec éloquence les mystères divins « .

            De quelle sagesse s’agit-il ? Quelle sagesse potentielle avons-nous acquise, à quelle sagesse l’accès nous a-t-il été ouvert, lorsque nous avons été chrismés, juste après notre baptême ? Cette sagesse, c’est la connaissance de la volonté de Dieu. « L’Esprit de Vérité », l’Esprit Saint nous révèle, nous enseigne, nous aide à comprendre la Vérité et à l’assimiler. « Si la sagesse fait défaut à l’un de vous – écrit l’apôtre Jacques, qu’il la demande au Dieu qui donne à tous avec simplicité et sans faire de reproche : elle lui sera donnée. Mais qu’il le demande avec foi, sans éprouver le moindre doute ».

            Cette sagesse, cette connaissance de la volonté de Dieu est à la portée de tous, elle ne demande ni une intelligence hors pair, ni un savoir encyclopédique qui peuvent devenir des obstacles entre nous et Dieu, si cette intelligence et ces connaissances sont sources d’orgueil et ne sont pas soutenues par un amour, le plus inconditionnel possible, pour notre prochain. Cette sagesse est à la portée des enfants.

            L’apôtre Jacques met l’accent sur la simplicité du message évangélique qui nous échappe souvent, parce que nous avons perdu progressivement l’innocence des enfants, parce que nous n’avons pas vraiment envie de comprendre ce message, dès lors qu’il implique dans notre vie des changements qui font peur.

Dieu donne la sagesse à tous ceux qui la demandent sans arrière-pensée, à tous ceux qui la demandent sans rejeter ce qui pourrait les déranger dans les réponses obtenues. « Dieu le fait avec simplicité et sans faire de reproche » – ajoute l’apôtre Jacques. Dans aucun épisode des Evangiles, le Christ n’a fait de reproches aux pécheurs qui s’adressaient à Lui avec humilité, en reconnaissant leur statut de pécheurs. Tout au plus, leur a-t-il donné quelques conseils après les avoir guéris de leur maladie, d’abord spirituelle.  » Va, et ne pèche plus » est Son conseil « le plus violent », si l’on peut se permettre d’utiliser cet adjectif. Le Christ n’a fait aucun reproche à la Samaritaine qui venait de Lui avouer qu’elle vivait avec un sixième mari, qui de plus n’était pas le sien. La seule chose que Dieu attend de celui qui S’adresse à Lui est une foi qui ne laisse pas de place au doute. Il sait pourtant à quel point nous sommes faibles, et à quel point Ses apôtres l’ont été. Nous pouvons tous reprendre à notre compte cette prière composée d’une seule phrase: « Je crois, Seigneur, viens à l’aide de mon peu de foi. »

La vie des apôtres, la vie des gens qui ont suivi le Christ, la vie de ceux à qui Il a rendu la vue, la vie des boiteux qu’Il a remis sur pied, s’est transformée. Ne soyons pas l’exception, ne suivons pas l’exemple des neufs lépreux qui, guéris, se sont évanouis dans la nature. Si ceux qui ont suivi le Christ ont changé de vie, cela ne signifie pas qu’ils sont devenus parfaits, cela ne veut pas dire qu’ils ont cessé de pécher. Cela veut dire qu’ils se sont engagés sur la voie qui mène au Royaume, et que leurs nombreuses chutes ne les ont fait dévier que momentanément de leur route.

Si donc Dieu nous accepte tels que nous sommes, s’Il nous pardonne toujours quand nous nous repentons, si l’Esprit nous aide, à notre demande, à comprendre ce que le Christ attend de nous, s’Il nous aide à aimer notre prochain, comme cela nous est expressément demandé, cessons de nous noyer dans la culpabilité. Restons humblement conscients de nos fautes et de notre imperfection, mais soyons confiants en la mansuétude divine et n’hésitons pas à faire nôtres les paroles de la prière « Roi céleste » qui reprend sa place dans nos offices et dans nos prières personnelles. 

 

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