La Théophanie

           

            Nous venons de fêter la Nativité du Christ. Et nous fêtons aujourd’hui la Théophanie.

Ces deux fêtes ont été fêtées ensemble, le même jour, pendant une longue période historique. Elles font partie des douze « fêtes majeures » de notre Eglise.

             Dans les premiers temps, l’Eglise fêtait en même temps la Nativité du Christ, l’adoration des mages et le baptême du Christ. La date du 6 janvier avait été choisie pour remplacer le culte païen du solstice d’hiver. Le soleil des païens a été remplacé par le Soleil de justice, par le Messie, par le Dieu-fait-homme des chrétiens.

            Quand, au 4-ème siècle, les autorités civiles romaines ont avancé le solstice au 25 décembre, l’Eglise a déplacé la fête de la Nativité au 25 décembre pour les mêmes raisons. En Orient chrétien, on a associé la naissance du Christ et l’adoration des mages. Cette association se manifeste dans le tropaire de la Nativité : « Ta Nativité, ô Christ notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de la connaissance. En elle les adorateurs des astres (c’est à dire les Mages) ont appris d’une étoile à T’adorer, Toi, Soleil de justice, et à Te connaître, Orient venu d’en haut. Seigneur, gloire à Toi ».

            La fête de la Théophanie, le baptême du Christ dans le Jourdain, a alors été dissociée de Noël et a continué d’être fêtée le 6 janvier.

Le mot Théophanie signifie « manifestation de Dieu ». Pour la première fois, le Dieu Trinitaire Se manifeste pleinement au monde sous Ses trois hypostases, Ses trois personnes.

Jean-le-baptiste est témoin de la prophétie annoncée par le roi David dans le psaume 28 : « La voix du Seigneur a retenti sur les eaux, le Dieu de gloire fait gronder le tonnerre … la voix du Seigneur fait trembler le désert. » Cette manifestation du Dieu Trinitaire est décrite dans le tropaire de la fête :

« Ton baptême dans le Jourdain, Seigneur, nous montre l’adoration due à la Trinité. La voix du Père T’a rendu témoignage, elle T’a nommé Fils bien-aimé et l’Esprit, sous la forme d’une colombe, a confirmé l’inébranlable vérité de cette parole. Christ-Dieu, Tu es apparu, Tu as illuminé l’univers, gloire à Toi ! »

Le baptême proposé à ses contemporains par Jean-Baptiste était un baptême de purification.

Toutes les religions attribuent à l’eau des vertus purificatrices. Le judaïsme dont nous sommes issus ne faillit pas à la règle et continue d’observer les prescriptions de purification par l’eau de la loi mosaïque.

Le Christ, sans péché, n’avait aucun besoin de Se purifier. En fait, par Son baptême, c’est Lui qui purifie les eaux du Jourdain, et par elles, l’ensemble de la nature.

L’eau du baptême antérieur à celui du Christ, l’eau du baptême proposé aux foules par Jean-Baptiste était nécessaire à leur purification. Mais cette purification devait être complétée par le « baptême dans l’Esprit Saint et le feu » est-il écrit dans l’Evangile de Marc, qui cite Jean-Baptiste, le Précurseur du Messie.

Dans tous les pays de tradition orthodoxe la fête de la Théophanie donne lieu à des cérémonies de bénédiction des eaux qui sont célébrées soit dans les églises, soit dans la nature. En Russie, par exemple, il n’est pas rare que les prêtres ou les évêques bénissent les eaux de lacs ou de fleuves après que l’on ait découpé la glace pour pouvoir atteindre l’eau.

Les fidèles les plus courageux se plongent par trois fois dans l’eau glacée. Ici, nous célébrons presque toujours la bénédiction des eaux dans nos églises ou chapelles, soit le soir à la place des vêpres, soit le lendemain, à la fin de la liturgie.

Les fidèles rapportent chez eux l’eau qui a servi à la commémoration du baptême du Christ.

Pendant l’office, le célébrant et les fidèles prient « pour que l’eau soit sanctifiée par la puissance, l’action et la présence de l’Esprit, pour qu’elle serve à la guérison des âmes et des corps de ceux qui vont en boire ou vont en être aspergés ». Le prêtre ajoute : «  Ecoute-nous, Seigneur, et exauce-nous, Toi qui daignas être baptisé dans le Jourdain et sanctifias les eaux. Bénis chacun de nous (…), fais que nous soyons entièrement sanctifiés par notre communion à cette eau et par son aspersion : puisse-t-elle nous procurer, Seigneur, la santé de l’âme et du corps ».

Depuis la chute d’Adam, nous avons tous hérité, non de la culpabilité du premier homme, mais des conséquences de sa chute – nous avons hérité des maladies physiques, de la mort, et des maladies spirituelles qui font que nous sommes plus souvent attirés par le mal que par le bien. Saint Paul l’a parfaitement résumé quand il a écrit « qu’il ne faisait pas le bien qu’il voulait faire et qu’il faisait le mal qu’il ne voulait pas faire ».

L’Eglise nous donne les armes pour combattre les maladies spirituelles – la confession de nos péchés, le repentir et la communion aux Saintes Espèces. Nous pouvons tous aussi bénéficier des bienfaits que peut apporter l’eau bénie à l’occasion de la fête du baptême du Christ dans le Jourdain.

Espérons que ce n’est pas la conjonction de la Théophanie en calendrier grégorien et la Nativité en calendrier julien qui aura privé certains de nos paroissiens des bienfaits et de la beauté de la fête de la Théophanie.

             

 

 

 

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