Notre mémoire nous joue des tours le plus souvent, nous trouvons quavant tout allait mieux les gens étaient plus honnêtes, la société était moins dépravée, le niveau était plus élevé dans les écoles, et ainsi de suite. Maintenant, tout va plus mal. Le problème est que les écrivains de lAntiquité faisaient la même constatation. Si tout cela était vrai, lhumanité devrait avoir sensiblement régressé.
En fait, notre tendance à décrier le présent et à surévaluer notre passé nous conduit à des conclusions erronées. Les progrès matériels et scientifiques sont indéniables et le processus va en saccélérant. Mais il y a un domaine dans lequel il ny a aucun progrès collectif, il y a un domaine dans lequel tout recommence à zéro à la naissance de chaque personne, cest celui de la spiritualité. Depuis la chute du premier homme, malgré tous les progrès qui ont été faits dans tous les domaines, les descendants dAdam que nous sommes, subissons les conséquences de la chute. Nous sommes sujets à la maladie, nous sommes mortels, et nous sommes davantage attirés par le mal qui nous séduit que par le bien qui nous semble austère. Lapôtre Paul le résume en écrivant dans son épître aux Romains que « tous Juifs comme Grecs (cest à dire tout le monde), tous sont sous lempire du péch頻, et plus loin, il ajoute : « Je prends plaisir à la loi de Dieu en tant quhomme intérieur, mais dans mes membres, je découvre une autre loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence ; elle fait de moi le prisonnier de la loi du péché. » Ces affirmations étaient dactualité pour Saint Paul, lui-même, elles sont aussi dactualité pour nous. Depuis le 1-er siècle du christianisme lhumanité a fait des progrès gigantesques dans tous les domaines, sauf dans celui qui pour nous croyants est essentiel, elle na fait aucun progrès dans le domaine de la spiritualité. Tout est à conquérir, individuellement par chaque personne qui vient au monde.
Lévangile daujourdhui met laccent sur une tendance qui a traversé les siècles et qui est tout aussi actuelle maintenant quà lépoque de Saint Paul. Nous avons tendance à trouver normal que tout aille bien, et nen éprouvons aucune gratitude à légard de qui que ce soit, et avons tendance à tenir Dieu, ou les autres, pour responsables quand tout va mal ou moins bien. Des dix lépreux qui ont été guéris par le Christ, neuf ont trouvé cela normal, et nont à aucun moment éprouvé de la reconnaissance. Un seul est revenu sur ses pas.
Evitons dadopter lattitude des neuf lépreux ingrats et choisissons plutôt celle du 10-ème. Même dans les situations les plus difficiles, nous avons toujours des raisons de remercier Dieu.