dimanche de la Croix 3-ème dimanche de carême


Dimanche de la Croix, 3-ème dimanche du Grand carême  Hb 4,14-5,6  Mc 8,34-9,1

                  Nous entrerons ce soir dans la 4-ème semaine de carême. Les textes lus aujourd’hui soufflent le chaud et le froid. Ils soufflent le froid quand il nous est rappelé dans l’Evangile que suivre le Christ demande des efforts prodigieux: il faut se renier soi-même, et prendre sa croix et la porter. Il faut accepter de perdre une vie qui présente des attraits selon les critères du monde, si l’on veut la sauver selon les critères de l’éternité. Il nous est demandé aussi d’accepter nos éventuelles souffrances, sans nous révolter.

            Mais les textes soufflent le chaud quand Paul assimile le Christ à un grand prêtre compatissant, qui est conscient de la faiblesse humaine et n’a rien d’un juge redoutable.

            Le Christ nous demande d’abord d’être capables de renoncer à tout ce qui nous paraît indispensable, à tout ce qui fait notre bonheur terrestre, à partir du moment où cela devient un but en soi et nous éloigne de Lui, nous fait oublier Dieu, s’interpose entre Lui et nous. Cela ne signifie pas que nous devons nous priver de tout ce qu’il y a d’agréable dans notre vie ici-bas, tout en recherchant la souffrance qui serait naturellement salvatrice. Cette attitude n’est en rien orthodoxe. Dans le récit de la Création de la Genèse, il est bien dit à chaque étape que tout ce que Dieu a créé est bon. Même si la situation a changé depuis la chute d’Adam, même si la Création s’est dégradée, il n’en reste pas moins qu’elle est intrinsèquement bonne, quand on en fait bon usage.   

            Le Christ précise Sa pensée dans l’Evangile de Matthieu quand Il dit: « Qui aime son père ou sa mère plus que Moi n’est pas digne de Moi; qui aime son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi ». Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas aimer ses parents ou ses enfants, au contraire. Dans les lois dictées à Moïse, il est spécifié qu’il faut honorer ses parents, et à longueur d’Evangiles il est répété qu’il faut impérativement aimer son prochain. Cela signifie simplement que parents, enfants, ou simplement amis, doivent passer au second plan quand l’amour qu’on leur porte entre en concurrence avec ce que Dieu attend de nous. Dans la parabole des invités à un festin remplacés par des pauvres, rapportée par l’évangéliste Luc, le Christ développe la même idée avec d’autres exemples. Les invités refusent l’invitation pour des raisons objectives, dont aucune n’est mauvaise en soi – l’un vient d’acheter un champ et doit aller le voir, un autre a acheté cinq paires de bœufs et veut les essayer, un troisième vient de se marier, et a, semble-t-il, mieux à faire. Est-ce que cela signifie qu’il ne faut pas acheter de terres ou quoi que ce soit d’autre, que l’on n’a pas le droit de tester l’outil de travail que sont les bœufs de trait, ou qu’il est mauvais de se marier ? Certainement pas. Mais il y a une hiérarchie des valeurs à respecter. Le Christ résume cette hiérarchie quelques lignes plus loin. S’adressant aux foules qui Le suivent, Il leur dit: « Si quelqu’un vient à Moi sans Me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être Mon disciple ». En une phrase sont citées toutes les priorités de chacun d’entre nous, sachant qu’on peut mettre beaucoup de choses dans l’expression « sa propre vie », on peut y mettre tout ce qui nous la rend attrayante selon nos critères d’hommes exilés du paradis.

            Quant à la croix que nous devons porter, il ne peut en aucun cas s’agir d’une forme quelconque de recherche de la souffrance. Le Christ n’a pas cherché à Se faire supplicier sur la croix, Il est même allé jusqu’à demander au Père de Lui épargner cette souffrance dans la mesure du possible, mais Il a ajouté: « Si cette coupe ne peut passer sans que Je la boive, que Ta volonté se réalise ». Nous ne devons pas rechercher la souffrance, mais nous devons essayer de l’accepter quand est elle est inévitable, nous devons l’assumer, comme le Christ qui a accepté Ses souffrances à venir.

            Saint Paul évoque la notion de grand prêtre. Un grand prêtre est un homme parmi les autres. Quand il présente un sacrifice à Dieu, il le présente « pour ses propres péchés et ceux du peuple ». Le Christ est le grand prêtre par excellence. Mais Il Se présente Lui-même en sacrifice, pour les seules fautes du peuple, puisque Lui, tout en étant totalement homme, est exempt de péché, car Il est aussi totalement Dieu. Ce développement est repris dans notre liturgie où le prêtre, représentant l’évêque qui, lui-même, représente le Christ pendant les offices, dit: « Accorde-nous, Seigneur, que ce sacrifice, offert pour nos propres péchés et pour les manquements du peuple, soit accepté par Toi et Te soit agréable ».

               Pour que nos péchés soient lavés, nous offrons le Christ en sacrifice. En fait, nous profitons, sans le mériter, du sacrifice qu’Il a offert Lui-même. En retour, il nous est demandé de Le suivre, en priorité. Il nous est aussi demandé de prendre, d’assumer notre croix qui, dans tous les cas de figure, ne sera jamais aussi dure à porter que celle du Christ, même si elle peut nous paraître bien pénible. Finalement, la marche à suivre pour obtenir le salut est très claire, elle est très simple à comprendre. Demandons à l’Esprit la force qui nous manque pour nous engager sur la seule voie qui mène au Royaume.  

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