Dimanche des Rameaux

 

            Le Dimanche des Rameaux, précédé de la résurrection de Lazare que l’on commémore la veille, est une fête qui repose sur une ambiguïté et une incompréhension qui ont traversé les siècles.

Nous fêtons aujourd’hui l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Tout semble aller pour le mieux. Le Christ avait déjà fait revenir à la vie des gens qui venaient de mourir, mais à chaque fois Ses détracteurs trouvaient une explication logique à ces miracles: c’était soit une manipulation, une sorte de tour de magie, fait sur une personne qui n’était pas vraiment morte, soit une vraie résurrection rendue possible par l’intervention des forces du démon. Dans le cas de la résurrection de Lazare, le doute n’est plus possible. Marthe, sa sœur, précise qu’il a été mis au tombeau il y a quatre jours et que son retour à la vie paraît difficile, ne serait-ce que d’un point de vue purement matériel – dans les pays chauds on enterre les morts le plus vite possible, car la chaleur accélère le processus de décomposition des corps. Cette résurrection est donc la plus spectaculaire de toutes celles que le Christ a opérées, et elle achève de convaincre les foules qu’elles ont vraiment affaire au Messie, à Celui qui va les délivrer de l’occupation romaine et va entamer un règne bénéfique pour le peuple élu, pour tous les habitants juifs de Terre sainte. C’est là que réside la première ambiguïté, la première immense incompréhension. Les foules suivent, avec un enthousiasme renouvelé par la Résurrection de Lazare, Celui qui guérit les malades, Celui qui fait revenir les morts à la vie, Celui qui, pensent-ils, va leur assurer un avenir meilleur. Il est même écrit dans l’Evangile de Jean que « les disciples ne comprirent pas ce qui arrivait », et qu’ils n’allaient le comprendre « qu’après que le Christ ait été glorifié ».

            C’est de là que part la seconde incompréhension qui, cette fois, nous concerne nous. Nous aurions d’abord tendance à juger un peu rapidement ces contemporains du Christ qui n’ont rien compris, en particulier les disciples qui ont bénéficié de trois ans de contacts permanents avec le Christ et ont eu droit à des révélations et à des explications plus précises, nous pourrions presque dire des cours particuliers. Nous, nous n’aurions pas suivi le Christ pour des raisons matérielles, nous aurions compris tout de suite le sermon sur la montagne, et n’aurions évidemment jamais trahi le Christ, attendant patiemment qu’Il ressuscite. Il y a pourtant un certain nombre de questions qu’il faudrait se poser. Nous qui savons comment tout cela a fini, nous qui savons que le Christ est ressuscité, nous qui comprenons d’autant mieux le message des Evangiles qu’ils ont été rédigés et que nous pouvons nous en imprégner en les lisant tous les jours, nous qui sommes donc chrétiens, quelles sont nos vraies motivations ?

            Pouvons-nous être chrétiens sans porter une croix ? Pouvons-nous être chrétiens en ne mettant pas Dieu au premier rang de nos préoccupations avec tout ce que cela implique ? Allons-nous à l’église, communions-nous aux Saintes Espèces pour donner ou pour recevoir ? Nous adressons-nous à Dieu pour Le louer, pour Le remercier, sans attendre quoi que ce soit en retour, ou parce que nous attendons, au pire un réconfort, au mieux un coup de pouce d’en- haut pour arranger nos affaires, pour rendre notre vie plus confortable sur les plans matériel, affectif et spirituel ? N’avons-nous pas tendance à nous tourner vers Dieu, non pas simplement parce qu’Il est Dieu, mais parce que nous comptons sur Son secours ? En quoi sommes-nous vraiment différents de ceux qui, il y a plus de deux mille ans, ont agité des branches de palmiers devant le Christ en L’accueillant comme un roi ? En quoi nos motivations sont-elles meilleures ?

            Posons-nous toutes ces questions et essayons d’y répondre honnêtement. Les réponses risquent de ne pas être très satisfaisantes. Mais ne baissons pas les bras. Il est difficile d’être chrétien, il est difficile de se renier, de renoncer à ce qui nous attire dans ce monde quand cela nous éloigne du Christ. Il nous a prévenus. Il sait que nous sommes faibles, Il sait que nous manquons de courage, Il sait que nous manquons de constance. Il le sait parce qu’Il est Dieu, Il le sait parce qu’Il l’a constaté chez Ses disciples, dont Il a pourtant assuré la formation. Ne renonçons pas malgré les difficultés, ne soyons pas désespérés par nos chutes, nous sommes souvent tombés, nous tomberons encore. Relevons-nous à chaque fois, soyons persévérants et comptons sur l’aide de l’Esprit qui ne nous abandonnera jamais – mais il faut que nous demandions Son aide dans nos épreuves et que nous nous laissions faire avec confiance.

 

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