2Co 9, 6-11 Lc 5, 1-11

2 Co 9, 6-11   Lc 5, 1-11

                  Dans le passage de l’épître aux Corinthiens qui vient d’être lu et dans le chapitre qui précède, l’apôtre Paul aborde deux thèmes qui n’ont pas perdu de leur actualité – celui de la pauvreté et celui de la solidarité. L’apôtre demande aux membres de la communauté de Corinthe de participer avec plus d’énergie et de générosité à la collecte de fonds destinée à l’Eglise de Jérusalem.

De nos jours, les sollicitations sont nombreuses, quotidiennes et revêtent de multiples formes. Nos moyens ne sont pas illimités. Ces appels à l’aide nous interpellent et peuvent nous culpabiliser. Quelles sont les réponses proposées par l’apôtre Paul ? Curieusement, l’apôtre semble ne préconiser qu’une générosité ciblée. Il s’agit toujours d’une aide destinée à des coreligionnaires.

Les chrétiens de Macédoine sont cités en exemple: « selon leurs moyens, et (…) au-delà de leurs moyens, en toute spontanéité, ils ont réclamé la grâce de participer » à la collecte.

Les Corinthiens, eux, « ont de tout en abondance, foi, éloquence, science et toute sorte de zèle ». L’ironie est sévère. Les Corinthiens ont eu l’initiative de la collecte, il y a un an. Ils sont appelés maintenant à mettre leur générosité toute verbale, « leurs beaux projets », en pratique.  « Il ne s’agit pas de se mettre dans la gêne en soulageant les autres – ajoute Paul, mais d’établir l’égalité. Ce que les Corinthiens ont en trop compensera ce que les chrétiens de Jérusalem ont en moins. »

            A l’époque de saint Paul, les chrétiens étaient très minoritaires, ils vivaient dans une société qui leur était hostile, et ils étaient pauvres dans leur grande majorité. Les rares premiers chrétiens riches avaient partagé leurs biens. Il leur était donc matériellement impossible de venir en aide à tout le monde. Cela explique les restrictions de l’apôtre Paul qui limite les bénéficiaires de la générosité potentielle des communautés de son époque aux seuls chrétiens.

La situation a complètement changé. Nous vivons dans un monde qui est certes déchristianisé, mais reste une civilisation marquée par l’empreinte judéo-chrétienne. La devise de la république française, toute laïque qu’elle soit, est chrétienne malgré les apparences.

Quand Dieu a créé l’homme, Il l’a créé libre, nous en supportons les conséquences depuis la chute d’Adam. Chaque homme a été créé à l’image de Dieu. Et Dieu aime le juste comme le pécheur. Chaque homme a de l’importance aux yeux de Dieu. Il y a une forme d’égalité.

Quand le Christ nous a enseigné comment prier, Il nous a demandé d’appeler Dieu « notre Père ». Cela signifie que nous sommes Ses enfants, cela signifie aussi que nous sommes donc tous frères. Liberté-égalité-fraternité ne sont donc pas seulement compatibles avec le christianisme, elles en sont l’émanation.

            Pour en revenir à la solidarité, lorsqu’il se produit quelque part une catastrophe, le monde entier se mobilise. Dans les cas extrêmes, peu de gens se posent la question de savoir s’il faut ou non venir en aide aux victimes – tout le monde apporte son aide, même si elle est modeste.

            Dans la vie quotidienne, c’est plus compliqué. L’évangéliste Jean explique dans sa première épître que notre prochain, c’est tout homme qui se trouve sur notre chemin et a besoin de notre aide matérielle, de notre soutien à tous les niveaux, de notre amitié. Notre prochain, c’est le SDF qui a touché le fond, c’est la personne qui tend la main et que nous avons tendance à soupçonner de tous les maux, dont le moindre serait la paresse. Il est facile de venir en aide à quelqu’un qui présente bien, qui est discret, qui remercie. C’est beaucoup plus difficile quand il s’agit d’un être hargneux qui sent l’alcool, qui se fait pressant et vous poursuit de ses jurons. Quand il s’agit d’un pays entier, notre empressement est moindre si ce pays est soupçonné d’entretenir des liens avec un Islam radical. Le Pakistan vient de faire les frais de notre méfiance occidentale.

Nous sommes dramatiquement imparfaits, alors essayons d’imaginer ce que ferait dans une telle situation Celui qui est parfait, Celui qui devrait être notre modèle, Celui qui est complètement homme, mais aussi complètement Dieu. Demandons-nous ce que ferait le Christ. La réponse est évidente, dans notre situation, Il viendrait en aide à toute détresse, d’une façon ou d’une autre.

            Si, en raison de notre faiblesse humaine, nous nous sentons incapables pour des motifs, bons ou moins bons, d’aider ponctuellement des gens qui nous font peur ou qui font naître en nous des réactions de répulsion, nous pouvons les aider indirectement en apportant notre contribution à l’effort fourni par de nombreuses organisations caritatives qui s’occupent des démunis. C’est un début. Prendre le Christ pour exemple n’est pas facile. Commençons par ce qui est à notre portée, le reste viendra en temps voulu, avec l’aide de l’Esprit.   

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>