Ephésiens 2, 14-22

Ephésiens 2, 14-22

            Il y a une phrase-clef dans l’extrait de l’épître aux Ephésiens qui a été lu aujourd’hui: « Vous n’êtes plus des étrangers, ni des émigrés; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu » – écrit l’apôtre Paul aux membres de la communauté d’Ephèse issus des milieux païens. « De ce qui était divisé, il a fait l’unité ».

            Il ne s’agit évidemment pas d’une citoyenneté civile. De toutes façons, en Terre sainte sous occupation romaine, la situation politique et administrative est complexe, les populations locales sont d’origines diverses, mais toutes se sentent chez elles. Même quand la population juive est localement majoritaire, elle reconnaît les droits des minorités, elle protège les étrangers. Les règles du judaïsme prévoient cette protection. Le juif pieux doit remercier Dieu pour tout. « Pour tout le bonheur que le Seigneur son Dieu lui a donné à lui et à sa maison, il doit être dans la joie avec le lévite et l’émigré qui sont au milieu de lui » – est-il écrit dans le 26-ème chapitre du Deutéronome. Plus loin, dans le 27-ème chapitre, Moïse énonce douze malédictions. Dans la 5-ème, il est dit que « sera maudit celui qui biaise avec le droit de l’émigré, de l’orphelin et de la veuve ». La raison d’être de cette attitude que le juif doit avoir envers l’émigré a été énoncée au chapitre 10: « Vous circoncirez donc votre cœur, car c’est le Seigneur votre Dieu qui est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l’impartial et l’incorruptible, qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, et qui aime l’émigré en lui donnant du pain et un manteau. Vous aimerez l’émigré, car au pays d’Egypte, vous étiez des émigrés ».

            Nous avons ici une démonstration supplémentaire de ce que le Christ n’est pas venu abolir la loi, mais la compléter. Nous aussi, nous avons le devoir de protéger l’émigré et d’accueillir l’étranger avec bienveillance. Nous aussi nous devons remercier Dieu sans cesse pour tous Ses bienfaits. Au cas où nous l’aurions oublié, et si nous pensions que le livre du Deutéronome ne concerne que les seuls juifs, l’apôtre Paul nous enjoint tous « d’être toujours dans la joie, prier sans cesse et rendre grâce en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu ». En ce qui concerne l’étranger, l’émigré, les Evangiles sont très clairs, il est notre prochain, celui que nous devons aimer comme nous-mêmes, celui envers qui nous devons agir comme nous aimerions qu’il agisse envers nous.

            Pour en revenir à la lecture de l’apôtre d’aujourd’hui, à l’inverse de la construction de la tour de Babel qui a abouti à la division, nous sommes appelés par saint Paul à l’unité, nous sommes appelés tous ensemble et chacun individuellement, à « devenir une demeure de Dieu par l’Esprit ». Pour nous, il n’y a plus d’étrangers, nous sommes tous de « la famille de Dieu ». Nous essayons d’être les « concitoyens des saints ». L’adjectif « saint » signifie « qui appartient à Dieu »; quand Il s’applique à Dieu, il signifie parfait. Il est évident que nous ne sommes pas parfaits, et il n’y a aucune chance que nous le soyons. En revanche, nous devons faire notre possible pour entrer dans la catégorie de ceux qui appartiennent à Dieu. Devenir « concitoyens des saints » signifie prendre ceux qui appartiennent à Dieu pour modèles et les imiter dans la mesure de nos possibilités. Saint Paul est allé jusqu’à dire qu’il fallait l’imiter, comme lui-même imitait le Christ. Cela ne signifie pas qu’il a réussi, cela veut dire qu’il suit les recommandations faites au chapitre 18 du Deutéronome: « Tu seras entièrement attaché au Seigneur ton Dieu » et au chapitre 19 du Lévitique: « Soyez saints, car je suis saint, moi le Seigneur, votre Dieu ». Cela signifie qu’il a pris connaissance de la citation du Christ « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » dans la version orale du futur Evangile de Matthieu.

            L’apôtre Paul dit que « nous sommes de la famille de Dieu ». Nous sommes donc tous frères, c’est ce que nous affirmons en prononçant les paroles de la prière que nous a léguée le Christ, quand nous nous adressons à Dieu en l’appelant « notre Père ». Ne l’oublions pas au quotidien.       

 

 

 

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