Le « Notre Père »

Le « Notre Père »

            Le Notre Père est la prière que le Christ Lui-même nous a léguée. Le Notre Père est dit ou chanté à tous les offices, ne serait-ce que dans le cadre des « prières initiales », c’est-à-dire des prières qui sont dites par le célébrant ou le lecteur comme préambule à tous nos offices.

Il y a plusieurs sortes de prières, plusieurs façons de s’adresser à Dieu – ce sont les prières qui ont été composées par des théologiens, par des saints et que l’Eglise a inclues dans les offices, ce sont les prières spontanées, quand nous nous adressons à Dieu avec nos mots, soit pour le remercier, soit pour L’appeler à l’aide, dans des circonstances difficiles. Il y a enfin une prière vers laquelle nous devrions tendre, une prière muette, une prière silencieuse, quand nous prenons conscience de l’omniprésence de Dieu.

            Les prières composées ont un avantage sur les autres – elles sont une manière adéquate de s’adresser à Dieu. Nous ne courons pas le risque d’être maladroits. Mais même quand nous le sommes dans nos prières spontanées, notre maladresse est immédiatement pardonnée. Dieu connaît nos insuffisances. Les prières composées présentent cependant un inconvénient, surtout si nous les connaissons par cœur – nous risquons de les dire machinalement, sans vraiment faire attention à ce que nous disons, en oubliant ce à quoi nous engagent les mots que nous prononçons.

            Le Notre Père est la prière que nous connaissons le mieux. Il serait pourtant utile de la relire, de l’analyser avec un regard neuf, comme si nous la découvrions pour la première fois.

            Revenons à sa version initiale en faisant une compilation des évangiles de Matthieu et de Luc. Aux disciples qui Lui demandaient de leur apprendre à prier le Christ a répondu: « Quand vous priez, dites: notre Père qui es aux cieux, fais connaître à tous qui Tu es, fais venir ton Règne, fais se réaliser Ta volonté sur la terre à l’image du ciel, donne-nous aujourd’hui le pain dont nous avons besoin, pardonne-nous nos torts envers Toi, comme nous-mêmes avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous et ne nous conduis pas dans la tentation, mais délivre-nous du Tentateur. »

            Dieu est « notre Père », cela signifie que nous sommes tous Ses enfants, cela signifie que nous sommes tous frères. Nous n’avons plus besoin de nous poser de questions sur l’identité de notre prochain. Notre prochain c’est tout être humain – le bon, comme le moins bon, le juste, comme le pécheur invétéré, celui qui nous est spontanément sympathique, comme celui qui ne l’est pas.

            « Fais connaître à tous qui Tu es », prions-nous. Demandons alors à Dieu de nous ouvrir les yeux pour que nous puissions comprendre ce qu’Il attend de nous. C’est ce qui est dit dans la prière avant la lecture de l’Evangile, quand le prêtre demande à Dieu au nom de toute la communauté: « ouvre les yeux de notre intelligence pour que nous comprenions Ton message évangélique ». Quand nous aurons compris ce que Dieu attend de nous, nous pourrons L’aider « à faire connaître à tous qui Il est », nous pourrons faire ce que le Christ nous a demandé dans les dernières paroles de l’Evangile de Matthieu: nous pourrons « apporter la Bonne nouvelle à toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce qu’Il nous a prescrit. »

            « Fais venir Ton règne, fais se réaliser Ta volonté sur la terre à l’image du ciel » poursuivons-nous, dans la prière. Le Royaume de Dieu sur terre, Son règne, ne peut s’établir que si nous devenons des justes, si nous appliquons dans notre vie la volonté de Dieu. Nous avons un peu trop tendance à vouloir substituer notre volonté à celle de Dieu.

            Quand le Christ mentionne le pain quotidien, « le pain dont nous avons besoin », cela signifie que sur le plan matériel, nous ne devons demander à Dieu que l’essentiel, et ne pas l’importuner pour le superflu.

            Les paroles qui nous engagent le plus, celles que nous balayons d’un revers de la main parce qu’elles nous gênent beaucoup, sont les paroles qui concernent le pardon des offenses. Nous demandons à Dieu de nous pardonner comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. S’il ne tenait qu’à nous, dans le meilleur des cas, nous dirions plutôt « pardonne-nous, comme nous essayons de pardonner à ceux qui nous ont offensés », mais le Christ en choisissant ces mots, nous demande davantage.   

            « Ne nous laisse pas nous engager sur la voie de la tentation et délivre-nous du Tentateur, du Malin », disons-nous dans l’Eglise orthodoxe. La tentation est inévitable, elle est une sorte de test. Dieu laisse les forces du Malin nous éprouver, pour que nous puissions user de la liberté qu’Il nous garantit, la liberté de choisir entre le bien et le mal. N’oublions jamais que le Malin existe. Il est d’autant plus fort, il est d’autant plus malin qu’il a réussi à faire oublier son existence, surtout en Occident. Nier son existence, c’est déjà perdre en partie le combat, c’est affaiblir ses défenses.

            Essayons de bien avoir conscience de tout cela quand nous prononçons les paroles de la prière que le Christ nous a léguée.

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