Lc 18, 35-43

Luc 18, 35-43  1 Tim 1, 15-17   Luc 21, 12-19  Rm 8, 28-39

                  L’évangile de ce dimanche – celui de la guérison d’un aveugle à Jéricho est complété par celui des nouveaux martyrs russes – le Christ y annonce et y décrit les persécutions dont les chrétiens vont être l’objet. Dans les deux cas, il est question de foi – dans le premier cas, la foi est en quelque sorte récompensée ici-bas, la  prière est exaucée et la guérison demandée est accordée; dans le second cas, la foi permet de vaincre la peur, de supporter la torture et la mort et elle est récompensée par l’ouverture des portes du Royaume.

            Le Christ a fait de nombreux miracles, mais Il n’a pas guéri tous les malades, Il n’a pas ressuscité tous les morts. Les raisons de Ses choix restent mystérieuses, même s’il y a certaines constantes. Le plus souvent, mais pas toujours, le miracle est demandé avec beaucoup d’insistance. Ici, l’aveugle se fait rabrouer par les disciples qui voudraient qu’il se taise. Ailleurs, c’est la Cananéenne qui poursuit le Christ de ses cris.

            L’autre constante est la foi – le Christ fait presque toujours référence à la foi de celui qui demande une guérison et Il ajoute, comme dans le cas de l’aveugle de Jéricho – « ta foi t’a guéri », ou « ta foi t’a sauvé(e) ». Il l’a fait dans l’épisode de la guérison des dix lépreux, dans celui de la femme qui souffrait d’hémorragies et à l’occasion de nombreuses autres guérisons. Et la foi du centurion, dont l’esclave est guéri à distance, est citée en exemple par le Christ. 

            Les malades, les estropiés, les handicapés qui se pressent à Lourdes, ou ailleurs, ont presque tous la foi. Pourquoi leurs prières ne sont-elles pas exaucées, pourquoi la guérison qu’ils demandent avec tant d’insistance n’est-elle que si rarement accordée ? Pourquoi Dieu, pourquoi le Christ qui a fait des miracles, parfois sans même avoir été sollicité, qui a fait des miracles parce qu’Il a éprouvé une profonde pitié à l’égard de ceux qui souffraient, pourquoi Dieu n’intervient-Il pas, Lui le Tout-Puissant quand il y a des calamités naturelles, quand des massacres à grande échelle sont perpétrés dans tel ou tel pays ? Pourquoi, d’un côté, le Christ dit-Il: « Demandez, on vous donnera; cherchez, vous trouverez; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et à qui frappe on ouvrira » (Luc 11, 9), et d’un autre côté, pourquoi Dieu laisse-t-Il faire les forces du Malin ?

            Il y a plusieurs réponses qui ne nous satisfont qu’à moitié, en raison de notre manque de foi.            Dieu est économe en matière de miracles, parce qu’Il nous garantit une totale liberté. Des miracles à répétition, une justice immanente qui récompenserait sur terre les bons et punirait les méchants entraveraient notre liberté. Nous n’aurions plus le choix, et la foi serait inutile. Mais cette liberté que Dieu nous octroie est très inconfortable. Si l’on mettait en balance d’un côté la liberté totale et de l’autre le confort matériel et spirituel immédiats, il y a fort à parier que le choix se porterait sur le confort. D’autre part, un amour pour Dieu qui ne reposerait que sur notre reconnaissance, parce que nous vivons dans des conditions paradisiaques n’aurait pas grande valeur. Et il n’est même pas certain que cette reconnaissance serait partagée par tout le monde et de façon permanente. Après tout, le premier homme n’avait pas à se plaindre de son sort avant la chute, et pourtant, il a choisi de désobéir avec les conséquences que nous connaissons.

            Nous fêtons aujourd’hui les martyrs russes du 20-ème siècle. Les statistiques les plus prudentes font apparaître des chiffres énormes. 600 000 était le chiffre avancé il y a une dizaine d’années. Les recherches permanentes font grimper leur nombre à près d’un million. Et il ne s’agit que de ceux qui ont perdu la vie pour leur foi. Leurs souffrances, leur martyre pose aussi de nombreuses questions. Certains ont souffert, certains ont offert leur vie, sans états d’âme, sans se révolter, en acceptant ce qui pour le commun des mortels est inacceptable. D’autres, sans doute majoritaires, sont allés à la mort en éprouvant de l’angoisse, en éprouvant des doutes. Après tout, le Christ est passé par ces mêmes étapes. Il a entièrement assumé Son humanité. Tous ces martyrs, les uns comme les autres sont proposés comme modèles par l’Eglise. Ils nous donnent l’exemple de leur vie. Ils auraient pu, pour certains, la sauver en reniant le Christ, ils ont préféré sauver leur âme. Nous sommes tous appelés au martyre, c’est-à-dire au témoignage de notre foi. Les circonstances dans lesquelles nous sommes appelés à le faire sont loin d’être aussi dramatiques, en tout cas en Occident. Nous devons, au moins, éviter de renier notre foi au quotidien, dans notre vie de tous les jours, au travail ou sur le lieu où nous poursuivons nos études. Quand nous devons choisir entre notre fidélité à l’enseignement des Evangiles et notre confort matériel ou spirituel, entre notre égoïsme et l’amour du prochain, prenons conscience que les efforts qui nous sont demandés sont incomparablement moins durs que ceux qui ont été demandés aux néo-martyrs russes et à tous les autres martyrs qui les ont précédés depuis le début du christianisme et à ceux qui les ont suivis, comme ceux qui meurent actuellement, parce qu’ils sont chrétiens, en Irak, en Egypte ou au Kosovo.

            Demandons à l’Esprit de nous guider 24h sur 24, afin que nous soyons en permanence des témoins du Christ, et qu’Il nous fasse comprendre que notre salut vaut largement ce que nous ressentons comme des sacrifices.            

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