4-ème dimanche du Grand carême

4-ème dimanche du Grand Carême  Hb 6, 13-20  Mc 9, 17-31    Ep 5, 9-19  Mt 4, 25-5, 12

 

                  Dimanche dernier nous sommes parvenus ensemble à la conclusion que pour espérer entrer au Royaume il fallait accomplir la volonté de Dieu, que pour accomplir cette volonté, il fallait la connaître et qu’il n’y avait rien de tel pour connaître la volonté de Dieu que de lire les Ecritures et être attentifs au texte des liturgies que nous célébrons. Les grandes lignes de ce que Dieu attend de nous sont d’abord énoncées dans les Dix commandements que Moïse a reçus au Mont Sinaï et gravés sur les tables de la loi. Ces dix commandements ont été ensuite résumés par le Christ en deux commandements – l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Les deux commandements ne peuvent être dissociés du discours sur la Montagne. Le discours sur la Montagne, ce sont les Béatitudes qui sont si importantes qu’on les chante à toutes les liturgies ordinaires. Aujourd’hui les Béatitudes ont d’abord été chantées, comme d’habitude, par le chœur, puis elles ont été lues, puisque ce passage des Evangiles a été choisi par l’Eglise pour le 4-ème dimanche du Grand Carême.

            Il nous est demandé d’être parfaits comme Dieu est parfait. L’assimilation dans notre vie des Béatitudes, leur application sans réserves dans notre quotidien sont essentielles pour notre recherche de la perfection. Il serait intéressant de savoir comment les Juifs interprètent l’appel à la perfection qui figure déjà dans l’Ancien Testament. Comment imiter un Dieu inaccessible, inconcevable, un Dieu que nous ne pouvons connaître qu’en mettant l’accent sur ce qu’Il n’est pas, car ce qu’Il est, dépasse totalement notre entendement ? Pour nous chrétiens, c’est un peu moins compliqué. Nous sommes appelés à imiter le Christ qui, selon l’expression de Monseigneur Kallistos Ware, « n’est pas à moitié Dieu et à moitié homme, mais est cent pour cent Dieu et cent pour cent homme ».  Nous sommes dans l’impossibilité d’être parfaits comme Dieu le Père est parfait, parce que nous sommes des hommes et qu’Il est Dieu. En revanche nous pouvons et nous devons essayer d’imiter le Christ complètement homme. Il nous sera impossible d’atteindre Sa perfection, mais ce ne sera plus en raison de notre ignorance, parce que le Christ S’est mis à notre portée, alors que Dieu le Père restera toujours une énigme pour nous. Le Christ a dit que nul ne pouvait connaître le Père, sinon par Son intermédiaire.

            Il y a deux natures dans le Christ – l’une est divine, l’autre est humaine, il y a donc en Lui une volonté divine et une volonté humaine. Monseigneur Kallistos Ware ajoute que « ces deux volontés ne se contredisent pas et ne s’opposent pas, parce que chez le Christ la volonté humaine est toujours soumise, en toute liberté, à la volonté divine ». Pour nous la situation est différente, parce que si, dans Son humanité, le Christ est l’image de Dieu, il est aussi l’homme parfait qui réalise la ressemblance, celle que nous avons tellement de mal à reconquérir. Pour ceux qui l’auraient oublié, l’homme a été crée à l’image de Dieu, c’est-à-dire du Christ, et à Sa ressemblance. La ressemblance est l’ensemble des potentialités, l’ensemble des possibilités qui devaient permettre au premier homme de parvenir au plus près de la perfection.

            Comment, l’homme parfait qu’est le Christ, a-t-Il mis en œuvre les Béatitudes, ces Béatitudes qui guident la vie du chrétien ?

            « Heureux les pauvres de cœur ». Le Messie S’est contenté d’un âne comme monture pour Son entrée triomphale dans Jérusalem. A aucune page des Evangiles il n’est question de préoccupations matérielles qu’aurait pu avoir le Christ. A aucun moment, il n’est fait la moindre allusion à une recherche quelconque du bien-être matériel ou du confort.

            « Heureux les doux, car ils auront la terre en partage ». Le Christ n’a pas condamné la Samaritaine collectionneuse de maris, il n’a pas rejeté le collecteur d’impôts qui L’a invité chez lui. Le Christ a toujours donné l’impression de préférer les pécheurs à ceux qui se pensent vertueux. Sa plus grande manifestation de colère a été réservée aux marchands du Temple. Quand les soldats sont venus l’arrêter Il n’a opposé aucune résistance et est allé jusqu’à recoller l’oreille d’un serviteur du Grand prêtre après qu’un disciple la lui ait coupée avec son épée. Sur la Croix, le Christ demande au Père de pardonner Ses tortionnaires « qui ne savent pas ce qu’ils font ».

            « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ». L’on pourrait rajouter « heureux ceux qui éprouvent de la compassion pour les autres ». Le Christ a pleuré sur Jérusalem, sachant ce qui attendait la ville qu’Il aimait. Il a pleuré quand Son ami Lazare est mort. Il a procédé à de nombreuses guérisons et a fait revenir de morts à la vie par compassion.

            « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice », c’est-à-dire ceux qui veulent être des justes, ceux qui veulent accomplir la Loi. Il n’y a pas de contradiction avec le sens restrictif de la justice humaine. Quand on a soif de justice pour les autres, on applique la Loi. Le Christ est venu compléter la Loi.

            « Heureux les miséricordieux, car il leur sera fait miséricorde ». Le Christ est la personnification du pardon. Il dit, Lui-même, « qu’Il n’est pas venu juger, mais sauver. »

            « Heureux les cœurs purs: ils verront Dieu ». La question ne se pose pas pour le Christ, que ce soit pour la pureté ou le contact avec le Père. Les trois personnes de la Trinité sont en constante communion.

            « Heureux ceux qui font œuvre de paix ». Le Christ est venu apporter la paix. Le Messie dont les contemporains espéraient qu’Il les débarrasserait des Romains, a dit qu’il « fallait rendre à César ce qui était à César ». Le Christ a été le premier vrai non-violent.

            « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice », ceux qui sont persécutés parce qu’ils annoncent la bonne parole, parce qu’ils essaient de vivre en pratiquant l’amour de Dieu et du prochain. La persécution pour la justice, pour le respect de la Loi a mené le Christ sur la Croix.

            Sur tous ces points, le Christ est un modèle. Nous pouvons tenter de nous défendre en disant que cela Lui a été plus facile parce qu’Il est Dieu. Mais là, nous oublions ce qu’ont défini les premiers conciles œcuméniques. Comme l’a bien résumé l’évêque Kallistos Ware, le Christ est cent pour cent Dieu et cent pour cent homme. Nous cédons facilement aux tentations du pouvoir, du bien-être matériel et de l’orgueil. Dans le désert le Christ a résisté à ces tentations. Ensuite, Il a eu faim et soif comme tout le monde, Il a souffert de la chaleur et de la fatigue, Il a éprouvé des angoisses très humaines, Il a éprouvé de vraies douleurs physiques et Il est vraiment mort sur la Croix.

            L’énorme différence avec nous est que dans Son humanité le Christ est le nouvel Adam, qui plus est un Adam qui serait allé au bout de Ses potentialités et aurait parachevé la ressemblance. Nous, en revanche, sommes les descendants du vieil Adam. Notre problème est que nous ternissons l’image de Dieu que nous avons en nous, et que nous avons un mal fou à réaliser nos potentialités, à parvenir à la ressemblance.

            Encore une fois, Dieu connaît notre faiblesse. Sans notre foi dans le Père, sans l’aide de l’Esprit, sans la communion avec le Christ, nous ne pouvons pas grand-chose. Heureusement nous avons un intercesseur – le Christ, un Consolateur, un avocat – en langue d’Eglise on dit le « Paraclet   » – l’Esprit. Alors gardons les Béatitudes à l’esprit, en permanence, autant qu’il est possible, ayons une appréciation objective de notre situation spirituelle à leur lumière et essayons de les appliquer du mieux que nous le pouvons. Dieu pourvoira au reste.       

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