Rameaux 2011

Dimanche des Rameaux  Ph 4, 4-9   Jn 12, 1-18

                 

            Nous fêtons aujourd’hui deux événements, l’un s’est passé il y a plus de deux mille ans, et nous venons d’être les témoins et les acteurs de l’autre, du baptême de Michèle.

                  L’Eglise fête l’Entrée triomphale du Christ à Jérusalem. Cette fête est ambiguë, elle repose sur une incompréhension. L’Entrée du Christ à Jérusalem n’est triomphale que parce que la foule accueille, par des acclamations, Celui dont toute la ville sait qu’Il vient de ressusciter un de Ses amis, mort depuis quatre jours. Le Messie qui va débarrasser les Juifs des Romains ne ressemble pas vraiment à un chef de guerre. Mais Son dernier exploit balaye les réticences. Ceux qui connaissent la prophétie de Zacharie n’en ont retenu que la partie qu’ils sont capables de comprendre: « Pousse des acclamations, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi s’avance vers toi; il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne – sur un ânon tout jeune. (…) Il brisera l’arc de guerre et proclamera la paix pour les nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre et du Fleuve jusqu’aux extrémités du pays. »

            Le côté pacifique du Messie, souligné par le prophète, ne peut s’expliquer, dans le contexte de l’époque, qu’après une phase belliqueuse. Le pays est occupé par les Romains. Le roi, dont Zacharie dit qu’Il sera victorieux et qu’Il étendra Sa domination sur l’ensemble de la Terre sainte, même un peu élargie, doit d’abord régler le problème de la libération du territoire national. La « paix pour les nations » sera le résultat de la défaite de l’occupant. Cette paix ne peut venir qu’après une victoire militaire. L’enthousiasme de la foule sera réduit à néant par l’arrestation du Christ. Sa passivité, Sa non-violence transformeront l’enthousiasme d’un jour en un rejet violent. Ceux qui ont acclamé le Christ vont le conspuer, parce qu’Il n’a pas répondu à leurs attentes, parce qu’Il les a profondément déçus.

            Ce serait une erreur de penser que l’attitude des contemporains du Christ relève de l’histoire et ne nous concerne pas. Quand nous venons à l’église, le faisons-nous pour de bonnes ou de mauvaises raisons ? Qu’attendons-nous de Dieu ? Quelle est notre attitude quand nous estimons que les efforts, pourtant si dérisoires, que nous fournissons, ne sont pas récompensés, selon nous, à leur juste mesure ? N’y a-t-il pas un fort risque que nous devenions des clones de ceux qui, à Jérusalem, ont remplacé l’enthousiasme par le rejet ?        

            Alors, que fêtons-nous exactement aujourd’hui ? Nous fêtons l’une des nombreuses étapes qui ont mené le Christ de la grotte où Dieu S’est fait homme au Tombeau où Il est ressuscité. Nous fêtons l’accomplissement d’une des prophéties. Toutes les étapes ont été nécessaires, même les plus pénibles pour Lui. Nous allons revivre les plus douloureuses au cours de la semaine qui vient.

            Mais aujourd’hui, nous fêtons aussi un autre événement qui, lui, n’a rien d’ambigu, un événement, une étape qui ne peut être que positive – un nouveau membre vient d’être reçu dans l’Eglise. La servante de Dieu Michèle vient d’être baptisée. Le baptême efface tous les péchés commis jusqu’à ce jour. Le baptême restaure l’image de Dieu en celui qui a été baptisé. Il lui rend la possibilité de cultiver la ressemblance qu’a perdue Adam. Les effets spirituels du baptême sont renouvelés à chaque communion aux Saintes espèces, à chaque confession des péchés.

            Si le baptême efface tous les péchés commis auparavant, si la chrismation donne la force de lutter contre la tendance naturelle que nous avons à pécher, ces deux sacrements ne nous enlèvent pas la liberté de choix que Dieu nous garantit. Nous restons faibles, nous pouvons faire de mauvais choix qui nous éloignent de Dieu.

            Notre baptême sera d’autant plus efficace que nous aurons recours aux armes que sont les sacrements, pour lutter contre ce que les pères de l’Eglise appellent les passions, c’est-à-dire le détournement de nos facultés naturelles qui peuvent, soit nous rapprocher, soit nous éloigner de Dieu, selon l’usage que nous en faisons.  

            Le baptême est toujours une fête, celui d’un enfant peut être ambigu, comme l’Entrée triomphale du Christ était ambiguë. La foule n’a pas acclamé le Christ pour de bonnes raisons, les parents qui baptisent un enfant peuvent aussi le faire pour de mauvaises raisons, quand ils le font pour des raisons sociologiques, ignorant volontairement ou involontairement ce à quoi ils s’engagent.

            Quand il s’agit d’un adulte, la question ne se pose pas. La fête n’est pas ambiguë, les motivations ne peuvent être que profondes.

            Un baptême est une double adhésion – c’est une adhésion à l’Eglise, à l’Eglise qui rassemble autour du Christ les vivants et tous ceux qui sont nés au Ciel, là où tout le monde ne peut qu’être orthodoxe au sens propre du terme, indépendamment de l’étiquette portée sur terre, là où tout le monde loue le seul Dieu.

            C’est aussi l’intégration à une communauté, car notre salut, celui auquel nous aspirons tous ici-bas, est à la fois individuel et collectif. Michèle vient de Nantes. Elle sera donc, sans doute, membre de deux paroisses. Les statuts de notre Archevêché prévoient que l’on puisse être membre de deux paroisses, au maximum. Elle sera membre de notre paroisse, celle où elle a été baptisée. Elle y sera toujours la bienvenue quand elle viendra en Région parisienne. Et elle choisira son autre paroisse orthodoxe plus près de chez elle.

            Bienvenue dans l’Eglise, bienvenue dans notre communauté ! Bonne fête à tous ! Nous entrons dès ce soir dans la Semaine Sainte. Préparons-nous comme il faut à la Fête des fêtes, à  la Résurrection du Christ, sans laquelle notre foi serait vaine.  

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