L’aveugle de naissance

Dimanche de l’aveugle de naissance.

 

            Tous les miracles opérés par le Christ comprennent deux volets – un volet matériel et un volet spirituel. Les aveugles voient, les boiteux se remettent à marcher, les lépreux guérissent, les paralysés retrouvent l’usage de leurs membres. Chacun de ces miracles est doublé par un autre – les péchés de ceux qui ont été guéris sont effacés par le Christ qui les renvoie à leurs occupations après leur avoir demandé de ne plus pécher. Cela signifie que péché et maladie sont liés. Mais ce lien n’est pas celui qu’on croit. Lorsque les disciples demandent au Christ si l’aveugle-né a payé les péchés de ses parents ou les siens par son infirmité, Il leur répond – « ni lui, ni ses parents ». La question était, de toutes façons mal posée – comment un aveugle de naissance pourrait-il avoir à payer pour des fautes qu’il n’a pas encore commises ? D’autre part, chacun est responsable des actes qu’il commet et ne peut, en aucun cas être responsable des actes qui ont été commis, même par des proches, avant sa naissance. Tout cela renvoie au problème du péché originel, à la faute d’Adam. Nous n’en sommes pas responsables, nous ne sommes coupables que si nous prenons cette faute à notre compte, si nous estimons pouvoir nous passer de Dieu et revendiquons une autonomie totale vis-à-vis de Lui, comme le premier homme a cru bon de faire. Le fait de n’être ni responsables, ni a priori coupables ne nous empêche en rien de subir les conséquences des velléités d’autonomie d’Adam. La maladie est liée au péché du premier homme, elle n’est pas nécessairement liée aux nôtres. Sinon, comment expliquer que des pécheurs notoires, des pécheurs qui vont jusqu’à revendiquer leur droit au péché qu’ils ne considèrent pas comme tel, comment expliquer qu’ils puissent jouir d’une santé parfaite, alors que des enfants qui n’ont eu ni le temps, ni les moyens, ni l’occasion de pécher sont nés malades ou avec des malformations ? La maladie est neutre sur le plan du péché. Selon que nous l’assumons ou non, selon que nous en rendons Dieu responsable ou non, la maladie ou le handicap peuvent être source de salut ou de perdition.

            Ce dont nous pouvons être certains, c’est que si nous sommes tous des malades potentiels sur le plan physique, nous sommes tous atteints par une maladie contagieuse, une maladie spirituelle, transmise par héritage, une maladie qui nous a été léguée par le premier homme. Toutes les maladies physiques ne peuvent être guéries, même par les meilleurs médecins, alors que notre maladie spirituelle est guérie par notre baptême, même si ses germes ne sont pas éliminés. Il ne tient qu’à nous de ne pas laisser la maladie spirituelle se développer à nouveau. Mais il faut le vouloir.

            C’est là que se pose un problème majeur. Nous sommes prêts à combattre les maladies physiques par tous les moyens que la médecine moderne nous propose. En revanche, pour ce qui est des maladies spirituelles, celles que les Pères de l’Eglise appellent les passions, notre zèle est nettement moindre. Nous remettons à plus tard notre lutte contre elles. Et, ce qui est encore pire, le plus souvent, nous n’avons pas conscience d’être malades sur ce plan là. Les malades guéris par le Christ, des aveugles aux lépreux, sautent tous de joie. Bien peu, parmi eux, comprennent ce que veut dire le Christ quand Il leur annonce qu’ils ont également obtenu une guérison spirituelle.

            Nous sommes tous des aveugles de naissance. Notre cécité n’est pas physique, elle est spirituelle. Nous ne pouvons pas demander à Dieu notre guérison, si nous n’avons pas conscience d’être malades. Pour en prendre conscience, il suffit pourtant de relire les Evangiles, de relire les épîtres et les Actes des apôtres, il suffit de nous imprégner de l’enseignement du Christ et de constater à quel point nous sommes éloignés de l’idéal vers lequel nous devrions tendre. Evitons de remettre à plus tard notre lutte contre nos maladies spirituelles et prenons-les au sérieux, comme nous prenons au sérieux les maladies physiques.

       Nos armes sont la lecture des Ecritures, ne la réservons pas au seul Grand carême, ce sont aussi la confession de nos péchés et la communion aux Saintes Espèces, précédée d’un minimum de préparation. Quand nous invitons des amis ou nous rendons à une invitation, nous nous préparons. Pourquoi ne le faisons nous pas toujours quand nous nous rendons à l’invitation au Royaume qu’est la liturgie ?  Pourquoi nous préparons nous si peu quand nous nous rendons à cette double invitation: Dieu le Père nous invite, et nous invitons le Fils qui est présent quand nous nous rassemblons en Son Nom, ainsi que l’Esprit à qui nous demandons de faire Sa demeure en nous ?  Répondons franchement à cette question et essayons de nous convertir, de nous tourner vraiment vers Dieu.

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