dimanche de Thomas 2011

Dimanche de Thomas  Actes 5, 12-20   Jn  20, 19-31

 

Le Grand carême, puis la Semaine de la Passion ont abouti à ce qui est la justification de notre foi – ils ont abouti à la Résurrection du Christ. Nous faisons nôtres les paroles de Saint Paul – « sans la Résurrection du Christ, notre foi serait vaine ». Sans Sa résurrection, le Christ aurait laissé le souvenir d’un prophète particulièrement charismatique. Il aurait, sans doute, été vénéré encore pendant quelques temps par une poignée de disciples, fidèles à la mémoire de celui qui, en définitive, n’aurait été qu’un maître à penser exceptionnel. Nous savons qu’après la crucifixion, les apôtres et les disciples étaient plus que désemparés. Il est écrit dans l’Evangile de Jean que « les disciples n’avaient pas encore compris l’Ecriture selon laquelle le Christ devait Se relever, – c’est-à-dire ressusciter d’entre les morts ». Ce sont les femmes myrrhophores qui ont découvert que le tombeau était vide, ce sont elles qui ont annoncé la nouvelle aux disciples. Pierre et Jean ont couru vérifier. L’apôtre Jean plus jeune et plus athlétique que son aîné arriva le premier, mais il n’entra pas. « Simon-Pierre » entra le premier et constata que le tombeau était vide et que les bandelettes et le linge utilisés pour l’embaumement rituel du corps gisaient à terre. »  Il est alors écrit que l’apôtre Jean entra, »vit et crut ». L’ensemble des apôtres furent troublés et eurent le réflexe de s’enfermer en lieu sûr, ne sachant pas trop quoi penser. C’est là que commence l’Evangile d’aujourd’hui. Le Christ traverse la porte verrouillée de la maison où les apôtres s’étaient réfugiés et Il leur apparaît. Aveuglés par le chagrin qui ne les pas encore quittés et leur manque de foi, les apôtres ne reconnaissent le Christ qu’après qu’Il ait montré Ses mains et Son côté.

L’épisode rapporté dans l’Evangile nous interpelle. Tout d’abord, comment les disciples ont-ils pu ne pas reconnaître le Christ avec lequel ils avaient vécu en permanence pendant environ trois ans ? Même transfiguré, Il devait ressembler à Celui qu’ils avaient côtoyé et dont ils n’avaient pu oublier les traits au bout de seulement trois jours. Il est écrit également que les apôtres, Jean mis à part, ont mis un certain temps à reconnaître le Christ à chacune de leurs rencontres ultérieures. Cela signifie que pour reconnaître le Christ, il faut passer par une préparation spirituelle. La vue « ordinaire » ne suffit pas. Le fait que les disciples du Christ ne L’aient pas reconnu, qu’ils aient éprouvé des doutes – Saint Thomas n’était pas le seul – peut nous réconforter. Quand nous avons une foi chancelante, quand nous éprouvons des doutes, nous ne faisons que répéter ce que les apôtres ont fait avant nous. La grande différence entre nous et les apôtres est qu’après avoir traversé des phases d’incompréhension et de doutes, après la descente de l’Esprit à la Pentecôte, ils ont acquis une foi définitive qui les a presque tous conduits au martyre. Seuls, sans l’aide de l’Esprit, ils ne seraient arrivées à rien. Nous avons été chrismés juste après notre baptême. Nous bénéficions de la même aide de l’Esprit. Il suffit que nous nous laissions faire. Il suffit que nous renoncions à notre fausse liberté de ce monde pour obtenir la vraie liberté qu’est la soumission à la volonté de Dieu.

Dieu prend l’initiative, mais Il reste discret par respect pour notre liberté. Notre chrismation n’est pas un acte magique qui nous donne des forces spirituelles sans que nous ayons à fournir le moindre effort. Ces efforts, nous devons les fournir, et c’est difficile. Comme les apôtres nous devons « reconnaître le Christ », nous devons déceler dans notre vie l’action de l’Esprit omniprésent qui nous offre Son aide en permanence.

L’archimandrite Sophrony, disciple de saint Silouane de l’Athos a écrit dans ce qu’on peut considérer comme ses mémoires spirituelles: « Ce qui s’est passé dans ma vie n’a pas été la conséquence de ma propre initiative. Dans Sa providence connue de Lui seul, Dieu a voulu me visiter pour me faire contempler, comme dans un miroir, Son Être éternel. Sans me ménager, Sa main m’a jeté, moi Sa créature, dans des abîmes indescriptibles. Là, dans un grand effroi, j’ai été spectateur de réalités qui dépassaient mon intelligence. » Le père Sophrony a eu la liberté d’accepter ou de refuser la voie qui lui a été proposée par l’Esprit. Quand on parle d’effroi et d’abîme, cela veut dire que le processus n’a rien d’évident. Mais le père Sophrony ne s’est attribué aucun mérite. Un peu plus loin il énonce une vérité reconnue par tous les pères de l’Eglise: « Plus l’Être absolu Se révèle à nous, plus nous ressentons vivement notre néant et notre impureté ». C’est ce que le Christ a toujours dit quand Il a parlé de la voie étroite, et de la croix qu’il nous fallait porter.

Dans le même passage de l’Evangile, le Christ « souffle sur Ses disciples et leur dit: « Recevez l’Esprit Saint: ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Cela signifie qu’à chaque fois que nous venons confesser nos péchés, nous sommes pardonnés. Le pardon doit nous encourager à regarder nos péchés en face. Dans la formule prononcée au cours de la confession, il est dit que les péchés seront pardonnés 77 fois. En langue ordinaire, cela signifie qu’ils seront pardonnés autant de fois qu’il le faudra. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas lutter contre nos péchés, puisque si nous les confessons, nous serons pardonnés. Cela veut dire que Dieu sait à quel point nous sommes faibles. Et il est indiqué clairement dans les Evangiles que l’homme éprouve de grosses difficultés à se débarrasser de ses péchés, et qu’il a tendance à commettre toujours les mêmes. Ce n’est pas une fatalité, c’est une tendance. Dans tous les cas, nous sommes pardonnés. Dieu n’est pas un Dieu vengeur, Il est le Père aimant de la parabole de l’enfant prodigue. Il pardonne dès que l’on se tourne vers Lui, dès que l’on esquisse les premiers pas, avant même l’on ait eu le temps de demander pardon. Mais le père de l’enfant prodigue l’a pardonné, d’abord parce qu’il l’aimait et ensuite, parce que son fils ne cherchait pas à se trouver des circonstances atténuantes et se sentait profondément coupable. N’oublions pas que nous sommes tous dans la même situation. 

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