Pentecôte 2011

Pentecôte 2011

            Nous fêtons aujourd’hui la Pentecôte, la dernière des quatre fêtes mobiles de notre calendrier. Deux fêtes à caractère ambigu sont suivies de fêtes totalement festives. Les Rameaux sont suivis de la Résurrection. L’Ascension précède la Pentecôte qui complète, qui parachève Pâques, dont elle est l’aboutissement.

            L’Entrée triomphale du Christ à Jérusalem a mis l’accent sur un malentendu qui est levé aujourd’hui. La foule, comme les apôtres, n’ont pas compris en quoi consistait la Messianité du Christ jusqu’à la Pentecôte. Comme les Rameaux, l’Ascension est une fête ambiguë. Elle fait revivre une séparation tout en annonçant une promesse.

            Après le désastre qu’ont été pour les apôtres le jugement, la condamnation et la mort du Christ sur la Croix, leur foi plus que chancelante a été ravivée par la Résurrection, cette Résurrection sans laquelle notre foi serait vaine, selon les paroles de l’apôtre Paul. Nous savons à quel point les épreuves qu’a traversées le Christ ont été révélatrices du manque de foi des disciples qui sont passés par toutes les phases du désespoir. L’une des conséquences de leur désespoir a été leur trahison exprimée ou non par des mots. Dans le bien, comme dans le mal, l’apôtre Pierre a été le porte-parole du collège des apôtres. Nous savons, grâce au témoignage des évangélistes, et en particulier de l’historien qu’a été saint Luc, que même après la Résurrection, la vue spirituelle des apôtres était obscurcie au point qu’à chacune des rencontres avec le Christ, ils ne Le reconnaissaient jamais immédiatement. Il fallait qu’à chaque fois le Christ Se révèle à eux, soit en montrant Ses plaies, soit en mangeant un morceau de poisson grillé pour qu’ils comprennent qu’il ne s’agissait pas d’une quelconque hallucination. Pendant les quarante jours qui ont suivi Pâques, le Christ a « entretenu les disciples du Règne de Dieu ». Il leur a donné des explications supplémentaires, Il a complété Son enseignement dispensé pendant les deux ou trois années de Sa vie publique. Et bien, malgré tout cela, le jour même de Son Ascension, prouvant qu’ils n’avaient pas tout compris, les disciples ont demandé au Christ s’Il « allait rétablir le Royaume pour Israël », en d’autres mots, s’Il S’apprêtait à jouer enfin Son rôle de Messie, s’Il allait enfin bouter les Romains hors de la Palestine et monter sur le trône d’un état d’Israël renouvelé et transformé. Les préoccupations des disciples restent essentiellement matérielles. Le Christ répond qu’ils « n’ont pas à connaître le temps et l’heure de l’établissement du Royaume », dont la vraie nature leur échappe. Juste avant Son Ascension, le Christ réitère la promesse qu’Il a faite au cours de ce qu’on appelle l’Entretien suprême, quand, avant Sa Passion, Il a annoncé que le Père enverrait l’Esprit Saint sur les apôtres. Ils n’ont pas plus compris que la première fois de quoi il s’agissait, mais cette fois, l’apôtre Luc écrit « qu’ils retournèrent à Jérusalem, emplis de joie ». Ils n’avaient toujours pas la connaissance, mais ils avaient l’essentiel, ils avaient la foi.

            Leurs yeux spirituels s’ouvriront vraiment, et ils obtiendront la vraie connaissance et l’assistance permanente de l’Esprit Saint un peu plus tard, le jour de la Pentecôte, quand l’Esprit Saint descendra sur eux.

            Toutes les lectures que nous avons entendues le Dimanche des Rameaux, la nuit de Pâques, à l’Ascension et aujourd’hui, le jour de la Pentecôte, ne sont pas seulement des rappels historiques de faits qui ont eu lieu il y a très longtemps. Ce sont aussi des descriptions de notre état spirituel. Les apôtres ont bénéficié d’un enseignement permanent pendant plus de deux ans, ils ont eu, en quelque sorte, des cours particuliers, en plus de l’enseignement dispensé aux foules, et pourtant il leur a manqué quelque chose. Ce quelque chose, ils l’ont obtenu à la Pentecôte.       

            Nous aussi, si nous en avons eu l’envie, nous avons pu lire les Ecritures, nous avons pu nous plonger dans la lecture de l’Ancien et du Nouveau testaments. En quoi cela a-t-il changé notre vie, en quoi cela nous a-t-il transformés ? Ne ressemblons-nous pas aux disciples qui ont posé la mauvaise question le jour de l’Ascension ? Que nous manque-t-il ? Comme à eux, il nous manque l’Esprit Saint. Nous pouvons lire et relire les Evangiles, mais si nous ne modifions pas notre comportement en fonction de cette lecture, dont il faut rappeler qu’elle est indispensable, qu’elle est incontournable pour un chrétien, comment pouvons-nous espérer que l’Esprit Saint vienne faire Sa demeure en nous, quand nous le demandons dans la prière « Roi céleste » qui Lui est adressée ? Cette prière est si importante qu’elle fait partie des prières initiales, des prières par lesquelles tous nos offices commencent. Mais elle n’est ni dite, ni chantée pendant la période qui va de Pâques à la Pentecôte pour marquer que la foi qui résulte de la Résurrection doit être affermie par la descente de l’Esprit qui s’est faite à la Pentecôte.

            Le père Alexandre Men’ répétait souvent dans ses sermons que lorsque nous invitons des gens chez nous, nous rangeons un peu et nous nous préparons à accueillir nos invités. Pourquoi, quand c’est l’Esprit que nous appelons à faire Sa demeure en nous, ne faisons-nous pas notre ménage intérieur ? Le père Alexandre ajoute que nous accordons bien plus d’importance à notre hygiène physique qu’à notre hygiène spirituelle.

            L’image correspond à la réalité. L’Esprit n’attend pas de nous que nous soyons parfaits, le Christ a dit aux apôtres qu’Il savait que c’était impossible. L’Esprit est prêt à entrer dans une maison très modeste, pas très bien rangée, mais Il attend que nous fournissions au moins de petits efforts. Il attend que nous fassions régulièrement le ménage de notre âme, que nous nous lavions de nos péchés.        

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