Pierre et Paul

Nous allons fêter les apôtres Pierre et Paul. L’Eglise leur rend un hommage particulier en faisant précéder leur fête d’un carême qui, cette année, a duré neuf jours.
Un carême de courte ou de longue durée prépare toujours à une fête ou à la commémoration d’un événement important dans l’histoire du christianisme. l’Eglise nous propose de recourir à l’ascèse physique et spirituelle pour nous aider à rétablir les vraies priorités dans notre vie, pour nous aider aussi à nous libérer, ne serait-ce qu’un peu, de l’emprise du péché. Nous sommes invités à faire régulièrement notre ménage spirituel pour participer le plus dignement possible aux fêtes qui jalonnent l’année ecclésiale.
Dieu n’a pas besoin de nos carêmes, c’est nous qui en avons besoin. Le Christ-homme a toujours lié le jeûne à la prière. Les sportifs s’astreignent à une hygiène de vie et une hygiène mentale pour progresser. Tout apprentissage demande des efforts réguliers, et personne ne le conteste. Pour quelles raisons le domaine spirituel serait-il le seul où aucun effort ne serait demandé ? Pourquoi discutons-nous du bien-fondé de l’ascèse alors que nous sommes capables de suivre un régime strict pour notre bien-être physique ? Si nous ne sommes pas capables de nous limiter raisonnablement, de temps à autre, dans le domaine matériel, n’espérons pas un seul instant être capables d’évoluer positivement sur le plan spirituel. Nos efforts doivent être d’autant plus importants qu’ils sont moins visibles, et que leurs résultats sont plus difficiles à évaluer objectivement.
Le parcours terrestre des apôtres a été particulièrement exemplaire. Nous avons beaucoup à apprendre d’eux, dans ce qui a été leur force, mais aussi dans leurs faiblesses.
Quand le futur apôtre Pierre a été présenté au Christ par son frère André, quand il a été appelé, il n’a pas hésité, il ne s’est pas posé de questions, il a fait confiance, il a abandonné son travail pour Le suivre. Nous aussi sommes appelés à suivre le Christ en permanence. Il ne nous est pas demandé d’abandonner notre travail, il nous est demandé d’abandonner tout ce qui dans notre vie la fait ressembler à celle des païens.
La foi de Pierre a été chancelante. Quand le Christ l’a invité à Le rejoindre sur l’eau, Pierre a effectué les premiers pas sans problèmes, puis il a coulé parce qu’il n’a pas eu confiance. N’est-ce pas ce qui nous arrive trop souvent sur le plan spirituel ? Le père Alexandre Men’ a utilisé une image intéressante pour exprimer cette même idée: « chacun d’entre nous traverse l’océan de l’existence agité par la tempête de nos passions. Tant que notre regard est fixé sur le Christ, nous marchons comme sur la terre ferme, dès que nous détournons notre regard, les ténèbres qui nous entourent nous effraient et nous coulons ».
A trois reprises, l’apôtre Pierre, qui avait promis au Christ de L’accompagner jusqu’en prison ou dans la mort, L’a trahi, par peur et par manque de foi. Après la Résurrection, le Christ lui pose trois fois la même question: « Simon, Fils de Jean, M’aimes-tu plus que tu n’aimes ceux-ci » ? – c’est-à-dire plus que tu n’aimes tes amis, les autres apôtres, plus que tu n’aimes tes proches, ta femme ou ton frère ? – en posant cette question, le Christ a affirmé que l’amour pouvait couvrir, pouvait effacer la trahison. En fait, le Christ a demandé à Pierre quelle étaient ses vraies priorités. Quelles sont les nôtres ?
Si nous ne mettons pas Dieu à la première place, celle qui Lui convient, essayons au moins de compenser nos multiples trahisons par notre amour désintéressé du prochain. En aimant notre prochain que nous voyons, nous aimons Dieu que notre cécité nous empêche de voir. L’apôtre Pierre a compensé ses trahisons par son amour pour le Christ qu’il a vu et reconnu comme Dieu.
Le jour de la Transfiguration, l’apôtre Pierre a prononcé les paroles suivantes: « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ». C’est-à-dire: « nous sommes bien, nous nous sentons bien en Ta présence, ce serait bien si cela pouvait durer et se renouveler ». Toutes proportions gardées, n’est-ce pas ce que nous devrions ressentir quand nous répondons à l’invitation de Dieu, et quand nous L’invitons à une liturgie ?
L’apôtre Paul a renoncé à tout ce à quoi il tenait avant sa conversion. Quand le Christ l’a appelé, le persécuteur zélé des chrétiens est devenu apôtre du Christ. A notre baptême, il nous a été demandé de “renoncer à Satan et à toutes ses œuvres”. Avons-nous vraiment renoncé à toutes les séductions du Malin ? Nous sommes-nous convertis, ? Nous sommes-nous tournés vers Dieu ? Et si nous l’avons fait, continuons-nous de le faire ?
L’apôtre Paul a démontré magistralement que de la foi, de l’espérance et de l’amour, c’était l’amour qui avait le plus d’importance aux yeux de Dieu. L’apôtre a dit que sans la Résurrection du Christ, notre foi serait vaine. Mais, il explique également que, sans amour du prochain, notre foi serait tout aussi vaine. En sommes-nous conscients ?
Estimons-nous que dans notre vie tout va à peu près bien et que nous sommes plus ou moins en règle vis-à-vis de Dieu, ou avons-nous l’humilité de Paul qui avoue « qu’il ne fait pas le bien qu’il voudrait, mais qu’il fait le mal pour lequel il éprouve de la haine » ?
Posons-nous toutes ces questions. Servons-nous de tout ce qui nous est offert – les Ecritures, les offices, les carêmes pour ne pas relâcher notre vigilance, en particulier en été, pendant les vacances. Puisons notre inspiration dans le courage, la foi et l’humilité des apôtres et tirons des leçons de leurs faiblesses.

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>