Mt 22, 35-46

Mt 22, 35-46  Lc 6, 17-23  Ga 5, 22 – 6, 2   2 Co 4, 6-15

                  Dans les deux lectures de l’Evangile, comme dans les deux lectures de l’Apôtre, nous avons un résumé de ce qu’on pourrait appeler le mode d’emploi à suivre pour être chrétien. « La lumière qui brille au milieu des ténèbres, le Christ, brille dans le cœur du chrétien » écrit l’apôtre Paul dans l’extrait de la deuxième épître aux Corinthiens d’aujourd’hui. Il ajoute immédiatement la phrase-clef de cet extrait: « ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous ». Cela signifie que, seuls, nous ne pouvons rien, que nous soyons apôtres ou simples disciples. Nous savons que le débat entre l’importance respective des œuvres et de la foi est faux. Elles sont indissociables. Les œuvres sans la foi sont vaines, et une foi qui ne se manifeste pas par des œuvres n’est pas une vraie foi, mais une connaissance stérile, dans la mesure où elle ne débouche sur rien. Notre quête de la perfection, notre recherche du salut ne pourront apporter que des frustrations, si nous ne sommes pas soutenus par notre foi en la miséricorde divine qui seule peut pallier nos insuffisances. Notre fragilité, notre imperfection ne nous permettront jamais de devenir des justes par nos seules forces. Nous devons donc commencer par nous laisser faire par l’Esprit, et Lui demander de nous guider en permanence. La voie vers le salut peut alors s’ouvrir devant nous. Elle est balisée. Le Christ indique clairement ce qu’il faut faire dans les deux Evangiles du jour qui se complètent parfaitement.

            Les plus de 600 commandements observés par les Juifs, les 10 commandements dictés par Dieu à Moïse sont résumés en deux commandements essentiels, à partir de deux citations de l’Ancien testament: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Conscient des difficultés que nous éprouvons à aimer Dieu que nous ne voyons pas, l’évangéliste Jean indique la marche à suivre: « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. (…) Celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » Cela signifie que celui qui prétend aimer Dieu, mais n’aime pas son prochain, est un menteur et que celui qui aime vraiment Dieu, aime naturellement son prochain. Commençons par vraiment aimer notre prochain, nous aimerons alors vraiment Dieu.   

            Les deux commandements essentiels dont « dépendent toute la Loi et les prophètes », pour citer le Christ, sont complétés par les Béatitudes dont nous avons écouté la première partie, dans la version de l’évangéliste Luc. Cette première partie reprend, en les réduisant,  tous les éléments des Béatitudes de la version de Matthieu, que nous chantons au début de la liturgie. Sans la version de Matthieu, nous pourrions faire des contre-sens dans leur interprétation.

            « Heureux les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous ». Il ne s’agit pas de la pauvreté matérielle. Les Chinois, Indiens, Africains et Sud-Américains qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté ne sont malheureusement pas automatiquement sauvés. Il s’agit du détachement par rapport à tous les biens matériels, intellectuels, et même spirituels qui peuvent nous détourner de Dieu, si nous en devenons les esclaves.

            « Heureux, vous qui avez faim maintenant: vous serez rassasiés ». Là aussi, il ne s’agit pas d’une faim matérielle, qui est neutre sur le plan spirituel. L’extrême pauvreté peut conduire au salut, comme à la perdition. Il s’agit d’une faim spirituelle, de la soif d’infini à laquelle le Christ a fait allusion dans son dialogue avec la Samaritaine qui allait puiser de l’eau.             « Heureux, vous qui pleurez maintenant, vous rirez ». Il ne s’agit pas d’une promotion de l’auto-flagellation. La recherche de la douleur n’est prônée nulle part dans le Evangiles, elle ne rend pas le chrétien meilleur. Heureux ceux qui sont conscients de leur état de pécheurs et que cela afflige.

            Le dernier point, lui, ne prête pas à confusion. Heureux sont ceux qui souffrent uniquement parce qu’ils sont chrétiens, et qui, rejetés par le Monde pour cette raison, ne renient pas le Christ. 

            Si nous observons les deux commandements essentiels, si nous restons humbles, nous « les vases d’argile », si nous adoptons le mode de vie et l’attitude qui découlent des Béatitudes, nous récolterons les « fruits de l’Esprit » évoqués par l’apôtre Paul au 5-ème chapitre de son épître aux Galates où, allant un plus loin que l’évangéliste Jean, il réduit les deux commandements essentiels en un seul: « la loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole: tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il ajoute que « si nous sommes conduits par l’Esprit, (…) nous récolterons les fruits de l’Esprit que sont: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ».

            Lisons et relisons les Ecritures. Imprégnés par elles « nous vivrons alors peut-être par l’Esprit et marcherons aussi sous son impulsion », comme ont essayé de le faire les Galates après avoir reçu l’épître qui leur était destinée.

             

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