Guérison de la fille de la Cananéenne

Matthieu 15, 21-28   2Co 6, 16-7,1

 

            Le récit de la guérison de la fille de la Cananéenne est source de nombreuses réflexions. L’on peut mettre l’accent sur l’impatience des apôtres qui sont agacés par l’insistance de la femme. Saint Paul a dit que « l’amour devait être patient ». Les apôtres ne le sont pas. Ils sont humains. Ils forment une garde rapprochée autour du Christ, et se sentent supérieurs à la foule. D’abord parce qu’ils ont été choisis par le Christ – ils font partie de Ses proches, ensuite parce qu’ils ne sont pas païens comme la Cananéenne. Et le Christ semble abonder dans leur sens. « Il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » – dit-il à la Cananéenne qui, manifestement, ne fait pas partie de cette maison. Et, pire encore, Il ajoute  » qu’il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens « . En d’autres mots, le peuple Juif, le peuple qui a été choisi par Dieu, le peuple à qui se sont adressés les prophètes, le peuple qui a reçu la loi, ce sont les enfants. Les autres sont de petits chiens. Dans le monde sémitique, le chien était loin d’être l’animal domestique favori. Le fait de parler de « petits chiens » atténue à peine l’injure. Le Christ pousse la Cananéenne dans ses derniers retranchements, mais elle est prête à tout entendre, à tout supporter du moment que sa fille est guérie. Elle sait que le Christ est capable de la guérir et elle obtient la guérison qu’elle a demandée avec tant d’insistance, avec tant de foi. Quelle leçon le Christ a-t-Il voulu donner d’abord à Ses apôtres, ensuite à la foule ?

            Notre foi est-elle suffisante ? C’est la première question que nous devons nous poser.

            Ensuite, une constatation s’impose, le Christ est venu pour sauver les justes comme les pécheurs, la fille de la Cananéenne, comme Son ami Lazare. Il écoute la prière des justes, mais aussi celle de ceux qui insistent, de ceux qui persévèrent, de ceux qui ne baissent pas les bras, même quand la situation semble désespérée. Il a une petite préférence pour les pécheurs, parce qu’ils estiment ne rien mériter, parce qu’ils considèrent toute attention de la part de Dieu comme un cadeau. En ce qui nous concerne, cela signifie que notre statut de chrétiens nous donne des devoirs et non des droits, même s’il nous accorde certains privilèges dont nous ne sommes pas vraiment conscients et dont nous ne profitons pas assez. Le Christ est parmi nous quand nous sommes deux ou trois réunis en Son Nom. Il nous arrive d’être un peu plus nombreux que cela le samedi soir quand nous nous retrouvons pour célébrer des vêpres. Mais, même s’il n’y a pas foule, le Christ est tout de même parmi nous, parce qu’Il l’a promis. C’est un immense privilège. Au cours de la liturgie, le Christ est doublement présent et Sa  présence se matérialise au moment de la communion aux Saintes Espèces. C’est le privilège suprême.

            Mais ne regardons pas les autres de haut, parce qu’ils ne sont pas orthodoxes, parce qu’ils ne sont pas chrétiens. N’oublions pas que les apôtres qui ont vécu aux côtés du Christ pendant environ trois ans, qui ont été les témoins de tous Ses miracles, qui ont bénéficié d’un enseignement  qui leur était réservé, n’oublions pas que ces apôtres ont perdu la foi le jour de la crucifixion et que le premier homme de leur génération à être sauvé a été le Bon larron, le brigand qui a trouvé les paroles justes et qui a éprouvé les sentiments qu’il fallait, alors qu’il était cloué, pour tous ses crimes, sur la croix voisine de celle du Christ.

            L’enseignement du Christ, Sa présence parmi nous et en nous, l’aide de l’Esprit « qui est partout présent et qui emplit tout »  nous enlèvent  toute circonstance atténuante. Nous sommes loin d’être des publicités vivantes pour le Christ. Suivons l’exemple de la Cananéenne dont la foi a effacé son statut de païenne, alors que notre comportement ressemble plus à un comportement de païens qu’à celui de chrétiens. Soyons persévérants et insistants comme elle. Repentons nous comme le Bon larron. Rien n’est perdu. Si nous le demandons très fort, si nous avons vraiment le désir de vivre comme il le faudrait, nous obtiendrons l’aide qui nous permettra de marcher à peu près droit en direction du Royaume. Nos faiblesses seront pardonnées. Nous nous relèverons de nos immanquables chutes spirituelles à partir du moment où nous nous présenterons devant Dieu comme l’enfant prodigue s’est présenté, avec une profonde humilité, devant le père qu’il avait trahi. Nous ne méritons rien, mais nous devons avoir foi en la mansuétude divine. Cette foi ne doit pas faiblir, même si Dieu ne nous accorde pas toujours ce que nous demandons. Acceptons-le comme une manière d’éprouver notre foi. Et prenons la mesure de l’une des phrases du Notre Père que nous répétons quotidiennement, souvent de façon trop mécanique. Que Ta volonté soit faite !

    

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