Marc 2, 1-12 Hb 1, 10 – 2, 3

Marc 2, 1-12    Hb  1, 10- 2, 3
L’une des phrases-clef de l’extrait de l’épître aux Hébreux d’aujourd’hui concerne directement les chrétiens que nous essayons être. L’apôtre Paul écrit que « nous devons prendre plus au sérieux le message entendu, si nous ne voulons pas aller à la dérive ». Presque tout le monde, y compris parmi les athées ou les agnostiques, reconnaît, au moins, que le Christ, en tant que personnage historique, était un homme hors du commun. Les bouddhistes apprécient Son message, les musulmans le considèrent comme un prophète, même si l’on ne comprend pas trop quel rôle le Christ peut jouer chez eux. Les détracteurs actifs ou passifs du christianisme admettent généralement la pertinence du message du Christ. Mais ils ajoutent presque immédiatement que même si ce message est positif, il perd toute sa valeur dans la mesure où les chrétiens ne le « prennent pas au sérieux », comme le dit saint Paul, c’est-à-dire, ne le mettent pas en pratique. C’est à la fois vrai et faux. C’est faux, parce qu’il y a un nombre non négligeable de chrétiens conséquents qui essayent d’intégrer dans leur vie l’enseignement du Christ, même s’ils n’y parviennent pas de façon complète, car l’homme, quel qu’il soit, est toujours très éloigné de la perfection. Mais ces chrétiens existent et ils ne sont pas cantonnés à la seule Eglise orthodoxe – ce qui devrait nous rendre plus modestes. Dans le même temps, la critique du christianisme, ou plutôt des chrétiens, est malheureusement vraie, car les « justes » parmi les chrétiens (« justes » au sens biblique du terme) sont loin d’être majoritaires. S’ils l’étaient, nos églises seraient pleines et le monde entier se serait converti par la force de notre exemple.
Le récit de la guérison du paralysé de Capharnaüm vient compléter la lecture de l’apôtre. Le Christ aurait pu guérir tout de suite le paralytique. Il le guérit, touché par la foi des quatre hommes, des quatre « justes » qui ont démonté un toit pour Lui amener le malade. L’apôtre Jacques qui est, de fait, l’inventeur de l’office d’onction des malades que nous avons célébré hier soir, écrit dans son épître: « l’un de vous est-il malade ? Qu’il fasse appeler les anciens de l’Eglise et qu’ils prient après avoir fait sur lui une onction d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient; le Seigneur le relèvera et, s’il a des péchés à son actif, il lui sera pardonné. (…) Priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La requête d’un juste agit avec beaucoup de force. »
« S’il a des péchés à son actif » est une proposition inutile – le Christ, mis à part, nous avons tous des péchés à notre actif. Nous avons tous besoin d’une guérison spirituelle, avant même qu’il soit question de maladie au sens commun du mot.
Par provocation et pour faire comprendre qui Il est, le Christ commence par déclarer qu’Il pardonne ses péchés au paralytique. Dans la mesure où Dieu seul a le pouvoir de pardonner les péchés, les scribes s’indignent et accusent le Christ de blasphème. C’est alors qu’Il prononce la fameuse phrase: « lève-toi, prends ton grabat et rentre chez toi ». Et le miracle se produit, balayant les doutes des scribes. L’évangéliste rapporte que « tous étaient bouleversés et rendaient gloire à Dieu en disant: nous n’avons jamais rien vu de pareil ». Il est bien dit que « tous rendaient gloire à Dieu ». « Tous » – signifie « la foule et les scribes » qui étaient présents et ont été les témoins du miracle.
Quel est le rapport avec l’extrait de l’épître aux Hébreux ? La foule et les scribes ont reçu le message du Christ. Pendant un temps ils ont compris qu’ils avaient affaire à Dieu, et puis très vite, mis à part ceux qui ont rejoint le groupe des disciples, ils sont revenus à leur vie quotidienne et ont oublié les conclusions qu’ils avaient tirées du miracle auquel ils avaient assisté. « Ils n’ont pas vraiment pris au sérieux » ce qu’ils ont vu, peut-on dire, en reprenant et adaptant la phrase utilisée par l’apôtre Paul.
Nous écoutons pendant nos offices, ou nous lisons dans les Evangiles, des paroles très claires: « nous serons jugés de la façon dont nous jugeons les autres, nous serons pardonnés, si nous pardonnons les offenses qui nous ont été faites. Il nous est demandé d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, c’est-à-dire de lui accorder la même priorité que celle que nous nous accordons. L’amour pour les autres couvre une multitude de péchés ». L’on pourrait multiplier les exemples de recommandations, simples à comprendre et difficiles à appliquer, contenues dans le Nouveau testament. L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit de notre salut. Et pourtant, cela n’a que très peu de conséquences dans nos vies et nous donnons, de ce fait, raison aux détracteurs du christianisme.
C’est vrai qu’il est difficile, très difficile d’être des chrétiens conséquents. Adoptons l’attitude de l’enfant prodigue, demandons pardon à Dieu pour chacun de nos échecs spirituels. Cela nous est expressément demandé, en particulier en période de carême.
Si nous étions jugés uniquement sur nos résultats, nous serions tous condamnés. Dieu n’attend pas de nous que nous réussissions à atteindre la perfection, Il attend de nous la conscience réelle de notre imperfection, le repentir et des efforts. L’Esprit pourvoira au reste.

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