Le pharisien et le publicain

Dimanche 24 février Lc 18, 10-14  2Tm 3, 10-15   Mt 11, 2-15  2Co 4, 6-1

                  La parabole du Pharisien et du collecteur d’’impôts est, à première vue, très simple à décrypter – il y a un « bon », il y a un « méchant ». Le « méchant » est celui qui pense être bien sous tout rapport, celui qui fait tout comme il faut, celui qui s’’arrange pour étaler sa générosité et sa piété aux yeux de tous, le « bon » est celui qui a conscience de ne pas être « bon », celui qui ne se cherche pas d’’excuses, celui qui reste humble et discret. Notre premier réflexe est de nous identifier à celui qui est imparfait, mais est en fin de compte sauvé par Dieu pour sa modestie et son humilité. Ce réflexe est lié à un autre qui est destructeur sur le plan spirituel, celui de juger les autres avec beaucoup de sévérité et de se juger soi-même avec beaucoup d’’indulgence. Certes, nous sommes imparfaits, nous allons jusqu’’à dire « très imparfaits », mais au moins nous ne sommes pas hypocrites, comme tous ces gens qui vont à l’’église tous les dimanches, voire, en plus, les samedis, comme tous ces gens qui sont parfaits, vus de l’’extérieur. De toutes façons, Dieu qui sonde les cœoeurs et qui voit tout, et à qui l’’on ne peut rien cacher, les condamnera pour leur orgueil, et nous espérons bien qu’’en ce qui nous concerne, le jugement sera plus clément, puisque nous sommes conscients de notre imperfection, puisque nous sommes lucides. Nous serons sauvés, comme l’’humble collecteur d’impôts, alors qu’’il était pire que nous, lui qui était un voleur, lui qui dépouillait les contribuables et volait l’’Etat. Nous serons sauvés comme le Bon larron qui, contrairement à nous, était un vrai brigand.

Contrairement à ce que nous pouvons penser, nous manquons sérieusement de lucidité. Nous passons trop vite sur une phrase essentielle de cette parabole : «  Le collecteur d’impôts, se tenant à distance, ne voulait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine en disant : O, Dieu, prend pitié du pécheur que je suis ». Le collecteur d’’impôts ne porte aucun jugement sur le pharisien. Il fait son examen de conscience et Il n’’espère rien. Il n’’ose même pas lever les yeux au ciel. Cela signifie que la possibilité d’’être sauvé lui semble inconcevable, parce que selon les critères du judaïsme, il ne peut en aucun cas être considéré comme un juste. La seule demande qu’’il se risque à formuler et d’’être pris en pitié. Le parallèle avec l’’enfant prodigue de la parabole du même nom est frappant. Le fils dévoyé retourne chez son père, sans se faire la moindre illusion sur l’’accueil qui l’’attend. Il estime ne rien mériter, il ne songe même pas à se comparer à son frère qui, lui, entre dans la catégorie des gens biens sous tout rapport. L’’enfant prodigue se ravale lui même au rang des serviteurs, c’’est-à-dire au rang des esclaves de son père.

Notre problème est que nous sommes un mélange des deux prototypes qui apparaissent dans la parabole du publicain et du pharisien. Certes, nous nous reconnaissons pécheurs, mais pas autant que nous le sommes, et contrairement au collecteur d’impôts nous jugeons notre prochain du matin au soir.

Evitons autant que possible de porter un jugement sur les autres. N’’oublions pas que nous serons jugés ou que nos yeux s’’ouvriront et nous nous jugerons nous-mêmes – nous ne savons pas vraiment de quelle façon tout cela se fera. Et ce jugement sera porté en fonction de la façon dont nous aurons jugé les autres.

Dans l’’extrait de la deuxième épître de Saint Paul aux Corinthiens, lu aujourd’’hui, il est écrit que « Dieu, Lui-même, brille dans nos cœoeurs pour faire resplendir la connaissance de Sa gloire (……) et que nous portons ce trésor dans des vases d’’argile pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous ».

Là encore, il est question d’’humilité. Quand nous essayons de vivre en chrétiens, quand nous essayons de régler nos vies en fonction du message évangélique, si nous y parvenons ne serait-ce qu’’un peu, c’’est uniquement parce que nous avons laissé Dieu agir en nous. Nous sommes des « vases fragiles », et trop souvent, nous préférons nous laisser abuser par les forces du Malin qui prennent la place du Trésor proposé par Dieu. Nous chassons l’’Esprit qui est en nous, nous remplaçons le vrai trésor par un faux.

L’’apôtre Paul nous rassure un peu plus loin – «  pressés de toute part, – écrit-il, nous ne serons pas écrasés ; dans des impasses, nous arriverons à passer ; pourchassés, nous ne serons pas rejoints ; terrassés, nous ne serons pas achevés ». L’’apôtre Jacques nous rappelle que c’’est notre persévérance qui sera la source de notre salut. Dieu est fort, nous sommes faibles. Et nous n’’y sommes pour rien. C’est une conséquence de la chute du premier homme. Nous devons accepter notre fragilité de vases d’’argile et adopter la vraie modestie du publicain de la parabole, tout en ayant confiance en la mansuétude divine. Avant d’’être un juge, Dieu est un père, et un père aimant, un père parfait.

 

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