Dimanche des Rameaux 2009

Dimanche des Rameaux 2009
Nous fêtons aujourd’hui le dimanche des Rameaux, autrement dit, l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem. C’est une fête majeure qui clôture le Grand carême et est suivie de la semaine de la Passion. Le côté festif est accentué par un assouplissement du jeûne, par le retour à la liturgie de saint Jean Chrysostome, par les vêtements liturgiques qui ne sont plus sombres, mais dorés. Cette fête a un côté à la fois joyeux et tragique, car elle repose sur un énorme malentendu. Une foule en liesse accueille, pour certains, un prophète, pour d’autres Celui qui a ressuscité Lazare et a accompli de nombreux miracles. D’autres encore acclament le Fils de David, le Messie, le Roi d’Israël, Celui qui va chasser les Romains hors de Palestine et rendre aux Juifs leur fierté et leur terre. Il n’ont pas compris que Jésus de Nazareth était beaucoup plus qu’un prophète, qu’un guérisseur ou qu’un messie-monarque dont le rôle serait de rétablir le Royaume d’Israël dans ses droits.. Il est le Sauveur, Il est Dieu fait homme. Tous ces gens qui acclament le Christ n’ont, semble-t-il, pas remarqué qu’Il n’était pas revêtu de vêtements princiers et que sa monture, un petit âne, ne rendait pas Son arrivée très majestueuse. L’excitation du moment et leurs attentes les ont rendus inattentifs à tout ce qui aurait du leur ouvrir les yeux. Dès l’arrestation du Roi d’Israël qu’ils espéraient, du Messie qu’ils attendaient, l’enthousiasme laissera la place à une énorme déception. Non seulement le Christ ne fera rien pour Se défendre, mais Lui qui a fait marcher les infirmes, a rendu la vue aux aveugles et ramené des morts à la vie, ne fera rien pour échapper au supplice infâmant qui L’attend. Il mourra sur la Croix, partageant le sort de deux brigands. La foule versatile se moquera activement et cruellement de Celui qui a déçu ses attentes, de Celui qu’elle considère maintenant comme un anti-Messie qui a échoué. Ses disciples les plus proches seront accablés par Sa fin tragique et traverseront une phase de profond désespoir que viendra bientôt remplacer la joie de la Résurrection.
On peut se demander pourquoi, après Sa résurrection, le Christ n’est pas apparu, à Pilate, à Ses tortionnaires, au Grand-prêtre et à ceux qui avaient obtenu Sa condamnation. Comme toujours, Dieu laisse sa liberté à l’homme et attend de lui qu’il ait la foi. S’Il était apparu en majesté à ceux qui se sont opposés à Lui, Il ne leur aurait laissé aucun choix, aucune possibilité d’exercer leur liberté. Même les apôtres ne L’ont pas reconnu immédiatement. Il est revenu à eux transfiguré, et ils n’ont pas cru immédiatement à Sa résurrection. A aucun moment, le Christ n’a forcé la main en donnant des signes évidents et irréfutables.
Sans doute, pensons-nous, avec le recul de deux millénaires, que nous aurions fait preuve de plus de discernement si nous avions assisté à l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem et à tous les événements qui ont précédé et suivi. Beaucoup de Ses contemporains ont abandonné le Christ, car Il ne correspondait pas à l’idée qu’ils se faisaient du Messie. Mais nous qui affirmons que le Christ-ressuscité est le Fils de Dieu, nous qui venons à l’église, assistons aux offices, participons aux liturgies et nous rangeons dans la catégorie des chrétiens, qu’attendons-nous de Lui ? Qu’attendons-nous de Dieu ? De la consolation dans nos malheurs ? Une bonne conscience, avec le sentiment du devoir accompli ? Lorsque Dieu nous accueille et fait Sa demeure en nous pendant la liturgie, est-ce que nous nous rendons vraiment compte de tout ce que cela implique ? Sommes-nous prêts à accepter totalement les « béatitudes », à nous détacher de tout ce qui peut nous séparer de Dieu pour être pauvres en esprit ? Sommes-nous prêts à être des « doux » en toutes circonstances, même quand nos intérêts au sens large sont en jeu ? Sommes-nous capables d’être miséricordieux, de faire œuvre de paix, d’avoir un cœur pur, de ne pas refuser à tout prix les épreuves, pour ne pas pleurer, alors qu’il est dit que nous serons consolés ? Sommes-nous prêts à être persécutés parce que nous voudrions être des justes qui suivent la voie que le Christ nous a tracée ? Sommes-nous prêts à accepter les quolibets et les insultes parce que nous essayons d’appliquer dans nos vies l’enseignement du Christ et refusons de Le trahir par notre attitude, notre silence, notre gêne devant les autres ? Assumons-nous toujours notre christianisme dans un monde déchristianisé ? Sommes-nous prêts, en résumé, à accorder une priorité de tous les instants à Dieu et à notre prochain ? Sommes-nous chrétiens pour donner ou surtout pour recevoir ?
En fonction de notre réponse à toutes ces questions, nous nous plaçons soit parmi ceux qui dans la foule ont acclamé le Christ pour des raisons qui n’étaient pas les bonnes, soit dans la foule de Ses disciples passés et présents que nous essayons d’intégrer. Réfléchissons à tout cela et demandons à l’Esprit de nous aider à faire le bon choix.

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