Pentecôte

Pentecôte 2013  Ac 2, 1-11   Jn 7, 37-52, 8, 12

Aux matines de Pâques, dans de nombreuses paroisses, l’officiant revêt à chaque encensement de la nef un vêtement liturgique, un phélonion de couleur différente. Chacune des couleurs liturgiques correspond à une ou plusieurs fêtes. Les changements de couleur signifient que Pâques est la fête des fêtes, qu’elle est le résumé et l’aboutissement des toutes les autres.

L’apôtre Paul le souligne, la Résurrection est la justification de notre foi. Les premiers chrétiens contemporains du Christ l’ont vécue en direct, dirions-nous maintenant. Et les chrétiens des trois générations suivantes ont bénéficié du témoignage des témoins directs. Ce n’est plus notre cas.

Plusieurs points peuvent nous intriguer. Pendant les quarante jours qui ont suivi Sa Résurrection, le Christ est apparu aux apôtres, Il leur a donné des preuves matérielles de Sa Résurrection tout aussi matérielle – Il est vraiment ressuscité – Il a mangé du poisson et du miel pour dissiper leurs doutes. Ensuite, l’apôtre Thomas, en enfonçant ses mains dans la marque des clous, en enfonçant sa main dans Son côté, s’est assuré que la personne qu’il avait devant lui était bien le Christ, et qu’Il était bien vivant. Il est curieux que le Christ Se soit manifesté à Ses proches, et ne Se soit pas manifesté auprès de Ses détracteurs, auprès de ceux qui L’avaient fait condamner et crucifier, auprès des foules enthousiastes qui L’avaient d’abord suivi, avant de hurler avec les loups et d’exiger Sa mort. Rien n’empêchait le Christ de continuer à apparaître à Ses disciples et au monde entier au-delà des quarante jours qui ont suivi Sa résurrection, et jusqu’à présent. Et pourtant, l’Evangile de Luc s’achève par ces mots : «  Puis Il emmena (Ses disciples) jusque vers Béthanie et, levant les mains, Il les bénit. Or, comme Il les bénissait, Il Se sépara d’eux et fut emporté au ciel. »

L’on pourrait penser que la séparation allait plonger les disciples dans la tristesseet le désarroi, mais il n’en a rien été  - l’évangéliste Luc ajoute : « après s’être prosternés devant Lui, ils retournèrent à Jérusalem pleins de joie et ils étaient sans cesse dans le temple à bénir Dieu ». Les disciples, encore une fois, témoins directs, se sont vus assurer par le Christ en personne, qu’ils allaient recevoir l’Esprit Saint et que tout ce qui arrivait « était l’accomplissement de ce qui avait été écrit sur Lui dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes ».

L’on peut comprendre que l’Ascension ait été un événement festif pour les apôtres et les disciples. C’est plus compliqué pour nous. Le Christ est présent parmi nous quand nous nous réunissons en Son Nom, et pourtant Sa présence est invisible à nos yeux de pécheurs. Nous ne voyons pas plus les flammes de l’Esprit descendre sur les nouveaux baptisés quand ils sont chrismés, juste après leur baptême. Tout cela relève de la foi. Les disciples du Christ ont eu des preuves matérielles, ce n’est pas notre cas. A Thomas qui, comme nous, voulait des preuves, le Christ a dit : « Parce que tu M’as vu, tu as cru : bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru ». Il ne parlait pas seulement de Ses contemporains, Il parlait aussi de nous.

Qui n’a pas entendu dire «  si Dieu était bon, Il ne permettrait pas toutes les horreurs qui se produisent dans le monde. Si Dieu voulait vraiment notre conversion, s’Il avait vraiment voulu la conversion de tous Ses détracteurs, le Christ serait physiquement présent à chaque liturgie, et nous pourrions vérifier qu’Il est vraiment Celui qu’Il dit être, en Le touchant, en « voyant la marque des clous dans Ses mains ».

« S’Il voulait vraiment que nous Le servions sans réserve, Il nous ferait constater la puissance de l’Esprit dans notre vie quotidienne, sans que nous ayons besoin de tout scruter à la loupe ».

La réponse est que Dieu a créé l’homme libre. Adam a été libre de désobéir, il l’a fait et nous subissons les conséquences de son manque de jugement, de son égarement. Nous continuons de bénéficier de sa liberté. Adam vivait sous le regard de Dieu, nous, nous avons le témoignage des apôtres, celui de leurs successeurs, celui de tous ceux dont l’Eglise a reconnu la sainteté. Comme Adam nous sommes libres. A nous de choisir. Nous pouvons choisir une vie qui peut apporter des satisfactions ponctuelles, limitées et toujours insuffisantes, une vie où nous n’aurions plus besoin de puiser l’eau du puits, ce dont rêvait la Samaritaine. Nous pouvons aussi croire au Christ et en Son Eglise, et choisir une vie qui, aux yeux du monde, présente des contraintes, une vie qui semble plus difficile, une vie qui va à l’encontre de nos tendances naturelles depuis la chute d’Adam, mais une vie qui ouvre les portes d’un Royaume où le bonheur est infini, illimité, hors du temps. Ce choix est d’autant moins simple qu’il dépend de la force de notre foi.

La Pentecôte est une grande fête. L’événement historique que nous commémorons et que nous revivons nous donne la certitude de pouvoir obtenir l’aide de l’Esprit. Nous pouvons de nouveau nous adresser directement à Lui pour Lui demander de « venir demeurer en nous ». La sagesse, la foi qui nous font défaut, nous pouvons les obtenir en les demandant. Mais nous ne les obtiendrons qu’à la mesure de notre foi et si nous le voulons vraiment. Ce n’est pas un cercle vicieux, c’est un cercle vertueux.

 

 

 

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