Pierre et Paul

Pierre et Paul    St Prix 2013

            Cette année, en raison de la date tardive de Pâques, la fête de Pierre et Paul n’a pu être précédée du carême habituel pour des raisons de calendrier – il ne peut y avoir de carême entre Pâques et le jour de la clôture de la Pentecôte qui est tombée hier, le jour même de la fête de Pierre et Paul. Il ne peut y avoir de carême en période festive.

L’Eglise vient de fêter deux apôtres, fondateurs de nombreuses communautés, de nombreuses Eglises locales. Et aujourd’hui, nous fêtons le collège, c’est à dire le groupe, des 12 apôtres – les onze qui ont suivi le Christ, et Mathias qui a remplacé Judas. Juste après l’Ascension, au cours d’une réunion à laquelle assistaient environ 120 disciples, Mathias a été désigné par tirage au sort. Saint Pierre avait proposé les noms de deux des compagnons qui avaient accompagné le Christ depuis le début de Sa vie publique.

Mais nous fêtons aujourd’hui également tous les saints, tous ceux que l’Eglise nous propose comme modèles à suivre.

L’on pourrait croire qu’il y a une sorte de hiérarchie dans la sainteté. En fait, tous les saints « appartiennent à Dieu », et ce n’est pas aux hommes de décider qui « appartient à Dieu » plus qu’un autre ou que les autres, même si la tentation est grande de le faire et qu’il y a eu un certain nombre de dérives dans ce domaine.

L’Eglise donne à Pierre et Paul le titre de coryphées, de princes des apôtres, et leur attribue une fête spécifique. Elle les met sur un pied d’égalité. Les textes des offices des vêpres et matines sont explicites :

« A ton Eglise, Seigneur, Tu donnas comme soutiens, la fermeté de Saint Pierre ce rocher, la brillante sagesse et le savoir de Saint Paul, et la prédication de l’un et l’autre. 

Aux pécheurs, Tu donnes comme exemples de conversion Tes deux apôtres, dont l’un Te renia au moment de Ta Passion, puis amèrement s’en repentit, et l’autre, s’opposant à Ta prédication la persécuta, et tous les deux, Tu les mis à la tête de l’assemblée de Tes amis, Jésus tout-puissant. (…)

Ils furent mis par l’Esprit au premier rang des divins prédicateurs, l’un comme chef des apôtres, le second, comme ayant œuvré plus que tous ».

Ces deux apôtres, comme tous les autres saints, ne sont pas nés saints, ils le sont devenus. Ils ne sont pas proposés comme modèles pour l’ensemble de leur vie, mais pour les choix qu’ils ont fait, pour leur persévérance, pour leur conversion, pour leur mort en martyrs.

Comme l’a dit le père Lev Gillet, la primauté de Pierre est une primauté d’amour. Le Christ demande à Pierre s’il « L’aime plus que ceux-ci », c’est à dire plus que les autres apôtres ne L’aiment. Avant de lui confier Son troupeau, le Christ lui pose cette question à trois reprises, rappelant le triple reniement de Pierre.

Ces paroles ont été rapportées par Saint Jean, « celui que le Christ aimait ». Dans les évangiles de Matthieu et de Marc il n’est pas question d’une éventuelle primauté de Pierre, ce sont tous les apôtres qui sont appelés à évangéliser le monde. Et dans le même évangile de Jean, Pierre interroge le Christ sur l’avenir de Son disciple préféré qui n’était pas Pierre. La réponse n’est pas très claire, et elle suscite des interrogations chez les témoins de la scène.

Tout cela pour dire que si hiérarchie il y a, elle ne correspond pas à nos critères humains. C’est une hiérarchie de service.

A propos des 12 apôtres que nous fêtons aujourd’hui, il est chanté dans les offices qui leur sont consacrés : « Au monde fut envoyé le chœur des apôtres par le Dieu Très-haut. Ensemble acclamons joyeusement la douzaine des apôtres divins, disons leur : réjouissez-vous qui, parcourant la Terre entière, avez pris dans vos filets, la multitude des nations. »

Nous savons également, parce que cela a été rapporté dans les Actes des apôtres, qu’après une période de direction collégiale où Pierre et Jean apparaissaient souvent ensemble et jouaient un rôle prépondérant, l’Eglise-mère, l’Eglise de Jérusalem a été présidée par l’apôtre Jacques, le fils de Joseph, le frère du Christ. Les douze apôtres, eux, étaient, en quelque sorte « des itinérants » qui parcouraient le monde antique et fondaient un peu partout des communautés locales. Ces communautés avaient à leur tête des « anciens », des presbytres qui, eux restaient sur place. Les évêques sont les successeurs de ces anciens qui présidaient les communautés. Au cours du premier siècle, et même un peu après, les mots « prêtre », « ancien », « presbytre » et « épiscope ou évêque » étaient synonymes. Le terme de pape de Rome n’est apparu que plus tardivement. Le p. Cyrille Argenti souligne que lorsque en l’an 95 Saint Clément adresse une épître à l’Eglise de Corinthe, il ne la signe même pas en tant qu’évêque de Rome mais il écrit : « l’Eglise de Dieu qui séjourne à Rome à l’Eglise de Dieu qui séjourne à Corinthe ».

Il n’y a pas de hiérarchie des saints, il y a des différences de charismes, il y a des différences de dons. Ils servent chacun Dieu à leur façon. De la même façon, au sein de l’Eglise, dans notre tradition, tout membre du clergé, qu’il soit pape, patriarche, métropolite, archevêque, évêque, prêtre ou diacre n’est que le premier parmi des égaux, même s’il occupe une fonction de direction. Toute primauté est une primauté d’amour et de service. Les clercs et les laïcs servent Dieu chacun à leur façon et en fonction de leurs dons et leurs possibilités.

Les problèmes de pouvoir qui s’étaient posés au sein du collège des apôtres quand Jacques et Jean avaient revendiqué une place de choix auprès du Christ, quand les autres apôtres Lui avaient demandé « qui serait le plus grand dans le Royaume des cieux », ces problème de prééminence ne se sont plus posés juste après la Résurrection et la descente de l’Esprit sur les disciples. Mais ils ont malheureusement refait surface au sein de l’Eglise, dès les premiers temps, car si l’Eglise est parfaite en tant que Corps du Christ, ses membres eux ne sont pas parfaits.

Bonne fête, en priorité à tous ceux qui portent le nom de Pierre ou de Paul, puis à ceux qui portent le nom des douze apôtres, puis à tous ceux qui portent le nom d’un saint ou d’une sainte ! Bonne fête à nous tous, puisque nous fêtons aussi tous les saints !

 

 

 

 

 

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