Dormition

Dimanche avant le début du carême de la Dormition

          Nous entrons le 1-er août dans le carême qui précède la fête de la Dormition, une des douze fêtes majeures. Les chrétiens occidentaux préfèrent parler de l’Assomption. Il n’y a pas qu’une différence d’appellation, il y a une différence dogmatique, conséquence du dogme de l’Immaculée conception de Marie promulgué par l’Eglise catholique.

          Partant du principe que la Mère de Dieu, la Mère du Christ, ne pouvait être héritière du péché originel, qu’elle ne pouvait être héritière de la faute d’Adam, l’Eglise occidentale a déduit qu’elle était née hors de ce péché, qu’elle en avait été préservée dès sa conception. Le texte du dogme promulgué par le pape Pie IX dit « que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception préservée intacte de toute souillure du péché originel par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain. » Il est ajouté et précisé dans la constitution dogmatique Lumen gentium de 1964, « qu’indemne de toute tache de péché, ayant été pétrie par l’Esprit saint (elle a été) formée comme une nouvelle créature. »

      C’est précisément ce concept de « nouvelle créature » qui fait problème pour nous orthodoxes. Pour que le Christ soit à la fois complètement homme et complètement Dieu, il fallait que Sa Mère soit complètement femme et non « une nouvelle créature ». Et avec ce nouveau dogme la liberté de la Mère de Dieu n’est pas reconnue, son choix lors de l’Annonciation n’est plus vraiment libre. L’autre conséquence du dogme est que, préservée du péché originel qui a pour conséquence la mort physique, la Mère de Dieu ne pouvant mourir de mort naturelle, est montée au ciel corps et âme pour les catholiques. En fait, si l’Eglise catholique a promulgué un dogme pour la conception et la naissance de la Mère de Dieu, et seulement au 19-ème siècle, elle ne l’a pas fait pour sa fin de vie, et les deux versions – l’orthodoxe et l’occidentale sont admises dans l’Eglise romaine.

         Les Ecritures sont très discrètes quant à la biographie de la Mère de Dieu. Pour ses textes liturgiques, l’Eglise orthodoxe a donc eu recours aux évangiles apocryphes qui n’ont pas valeur canonique et à la Tradition orale qui a précédé et suivi la rédaction des Evangiles canoniques, des Evangiles reconnus par l’Eglise.

         La Dormition est, en langue d’Eglise, une autre façon de nommer la mort. Le Christ-homme est vraiment mort, et Il est vraiment ressuscité. De la même façon la Mère de Dieu s’est « endormie », entourée des apôtres, et elle est ressuscitée corps et âme et est montée au ciel, comme son fils l’avait fait à l’Ascension.

         Après avoir vécu une dizaine d’années à Jérusalem, entourée des apôtres et, en particulier de l’apôtre Jean, elle a quitté la ville pour se rendre à Ephèse où l’apôtre préféré du Christ avait une maison. Les conditions de sa Dormition ont été rapportées à la fin du 1-er siècle par le saint martyr Denis l’Aréopagyte. A une date qui nous est inconnue, la Mère de Dieu est retournée à Jérusalem. L’Archange Gabriel lui est apparu pour lui annoncer l’imminence de son passage dans l’au-delà. L’Esprit Saint a alors rappelé les apôtres qui étaient tous en mission d’évangélisation pour entourer la Mère de Dieu. A la troisième heure est apparu le Christ entouré d’une multitude d’anges, archanges et autres puissances célestes.  Il est dit qu’elle a alors rendu l’âme à Son Fils. Les apôtres ont porté le corps jusqu’à Gethsémani où il a été déposé dans une grotte dont l’entrée a été obstruée par un grand bloc de pierre. Trois jours plus tard, l’apôtre Thomas, qui, coutumier du fait, n’avait pu rentrer à temps à Jérusalem, a demandé à voir le corps de la défunte pour lui faire ses adieux. A l’ouverture de la tombe, les apôtres ont constaté que le corps n’était plus là et que les bandelettes rituelles gisaient sur le sol. Elle est apparue le soir même aux apôtres, leur promettant de rester avec eux jusqu’à la fin des temps.

            Cette description, utilisée dans les textes des offices de la Dormition, reprend  presque mot pour mot celle de la Résurrection du Christ et de Son Ascension. La fin de la vie terrestre de la Mère de Dieu dont les différents récits peuvent diverger n’a jamais été dogmatisée, elle est objet de foi. L’essentiel pour nous est qu’elle soit avant tout notre intercesseur privilégié auprès de son Fils.

 

 

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