Le rôle de l’évêque dans l’Eglise orthodoxe

Nous venons d’élire notre nouvel Archevêque dans les circonstances que vous connaissez. A nos offices, nous allons désormais mentionner Sa Sainteté, le patriarche de Constantinople Bartholomée, puis immédiatement après, son Eminence Job, archevêque de Telmessos et Exarque patriarcal des paroisses de tradition russe en Europe occidentale. C’est ce qui se pratique dans notre Archevêché. Dans beaucoup d’autres Eglise orthodoxes, l’on ne mentionne que l’évêque dont on dépend. Cela s’explique par le fait que l’évêque est maître de son diocèse, dans la mesure où il « loue correctement Dieu », dans la mesure où il est orthodoxe. Dans l’Eglise russe, par exemple, qui n’est pas connue pour son laxisme, le Patriarche, avant de se rendre dans un diocèse de sa juridiction, est tenu de demander l’autorisation à l’évêque du lieu. Cette autorisation est naturellement automatique, mais elle n’en reste pas moins très symbolique. Tout cela signifie que notre nouvel Archevêque sera certes, l’exarque, c’est à dire qu’il sera le représentant du Patriarche de Constantinople, mais il sera le vrai patron de notre Archevêché, pour employer une expression un peu familière. Les évêques sont égaux entre eux, mais certains ont une primauté d’honneur. En fait, un primat ne peut rien faire sans l’assentiment de ses pairs, les autres évêques, et les évêques agissent en concertation directe ou tacite avec leur primat.
Quand et dans quelles circonstances l’épiscopat a-t-il été institué ? Quel est son rôle ?
Dans les premiers temps du christianisme les tâches étaient réparties entre les apôtres qui fondaient des communautés chrétiennes un peu partout dans le monde, et les « anciens », placés à la tête des communautés ainsi créés pour présider des assemblées eucharistiques. Ce processus de création de communautés est décrit dans les Actes des apôtres et le fonctionnement des communautés est illustré par les épîtres de Saint Paul, adressées aux responsables de ces communautés que l’on appelle alors « anciens ».ou presbytres, c’est à dire prêtres.
Celui qui vient d’être baptisé reçoit au moment de la chrismation le sceau du Don du Saint Esprit qui en fait un « porteur de l’Esprit », lors de son sacre, l’évêque reçoit un sceau du Saint Esprit qui complète le premier et lui est spécifique pour diriger le diocèse qui lui est confié. Il s’engage à y préserver la « pureté de l’orthodoxie ». Au cours de la liturgie, nous prions Dieu d’accorder à notre évêque, celui dont nous dépendons « qu’il vive de longs jours en paix, en bonne santé, dans l’honneur, et qu’il soit fidèle dispensateur de la parole de vérité ».
Nous affirmons dans le credo que nous croyons en l’Eglise une, catholique, c’est à dire universelle, et apostolique, c’est à dire, fondée par les apôtres. Chaque Eglise locale, et l’on peut dire aussi chaque diocèse, avec un évêque à sa tête, est l’Eglise. Pendant les célébrations eucharistiques, qui sont une expérience anticipée du Royaume, l’évêque représente le Christ entouré par les saints, au sens premier du terme – les fidèles, ceux qui sont présents physiquement, et le Christ entouré par les anges et les archanges, et les saints que l’Eglise nous propose comme modèles à suivre, tout aussi présents, mais que notre cécité spirituelle nous empêche de voir, et qui sont matérialisés par les icônes.
Le nombre de communautés étant supérieur au nombre des évêques, ceux-ci délèguent des prêtres, des presbytres pour présider les liturgies.
L’évêque a donc vocation de dispensateur des sacrements directement ou par délégation, mais aussi de berger pour le troupeau qui lui est confié et dont il est responsable sur le plan administratif, comme sur le plan spirituel. L’évêque, par son enseignement est le garant de l’orthodoxie, c’est à dire de la conformité de la foi de son troupeau à l’enseignement du Christ.
Olivier Clément a résumé tout cela en une formule très claire : « le ministère de l’évêque est triple : liturgique, didactique et pastoral ».
Il y a aussi un point qu’il convient de souligner. Les relations dans l’Eglise doivent être des relations d’amour et non de domination. Le principe de collégialité s’impose à tous les niveaux. L’évêque doit être en accord avec ses pairs, mais aussi avec ses fidèles. De même que les fidèles doivent être en accord avec leur évêque. Quand l’Orient chrétien a traversé deux longues périodes iconoclastes, quand la vénération des icônes a été interdite, cela s’est fait malgré la résistance des fidèles, les rares évêques « résistants » ont subi des persécutions. Après une période d’une centaine d’années, l’impératrice Théodora rétablit en 843 la vénération des icônes que nous fêtons le 1-er dimanche de carême, le dimanche du Triomphe de l’orthodoxie.
Il ne peut y avoir d’Eglise sans évêque, Mais il ne peut y avoir d’évêque sans peuple de fidèles. Et les relations entre eux doivent être des relations de service et d’amour.

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