Saint André, le premier appelé.

Nous avons fêté hier le Saint apôtre André, le premier appelé. L’Eglise associe les apôtres Pierre et Paul, les coryphées, les princes des apôtres, les deux fondateurs de l’Eglise de Rome, ville où ils ont été enterrés. L’Eglise associe également l’apôtre André à son frère Pierre et à un troisième apôtre, dont le nom n’est pas cité. Tout laisse à penser qu’il s’agit de Saint Jean, à qui l’Eglise accorde aussi un statut particulier, une place privilégiée, parce qu’il a été le disciple préféré, et le confident du Christ, parce qu’il est celui à qui le Christ a confié Sa Mère, dont il est devenu le fils adoptif. Ces quatre apôtres ont un rôle de premier plan, en fait, surtout trois d’entre eux – Pierre, l’évangéliste Jean le théologien et Paul l’apôtre des « gentils », celui qui a eu pour mission d’évangéliser les païens. L’apôtre André, lui, est resté en retrait.
Dans l’Eglise primitive, le rôle des apôtres, fondateurs de communautés, est différent de celui des presbytres, des anciens, des épiscopes ou évêques, que les apôtres ont placés à la tête des communautés pour qu’ils président les assemblées eucharistiques. Les apôtres sont essentiellement des témoins et des fondateurs. Ceux que l’on appellera assez rapidement « évêques » ont un rôle de gestionnaires, de gardiens de la foi et d’enseignants. Les apôtres ne se fixent pas, alors que les évêques sont, en quelque sorte, mariés à leur communauté.
Dès les premiers temps, a primauté dans l’Eglise est une primauté d’honneur et de service, elle n’implique pas des relations de domination. En Eglise le pouvoir ne se manifeste pas par la volonté de dominer, mais par l’ardeur à servir, que ce soit dans l’apostolat ou dans l’épiscopat. La position de Pierre au sein du collège des apôtres ne l’a pas empêché de se faire remettre à sa place par Saint Paul quand ce dernier a estimé qu’il faisait fausse route. Par son attitude à Antioche, par crainte du qu’en dira-t-on chez les circoncis, c’est à dire chez les chrétiens issus du judaïsme, l’apôtre Pierre a cessé de faire table commune avec les ex-païens. L’apôtre Paul l’a accusé d’entraîner la communauté d’Antioche dans son double-jeu. Les mots utilisés par l’apôtre Paul dans le chapitre 2 de l’épître aux Galates sont très durs, et mettent en pièces l’idée non chrétienne que l’on pourrait se faire de la primauté.
L’apôtre André est rarement cité dans les Evangiles. La Mère de Dieu n’est aussi mentionnée que très rarement dans les Evangiles de Matthieu, Marc et Jean, elle l’est davantage dans les premiers chapitres de l’Evangile de Luc. Cela ne signifie pas que la Mère de Dieu ou l’apôtre André ont été absents ou passifs, cela signifie que tous deux ont été humbles et discrets et que leur importance était connue de tous, au point qu’il était inutile de la mentionner, tant elle était évidente.
L’apôtre André n’apparait effectivement que trois fois – dans les listes d’apôtres établies dans les Evangiles de Matthieu, Luc et Marc, et une fois – dans la liste que l’on trouve dans les Actes des apôtres.
Son appel par le Christ est ignoré par l’évangéliste Luc, il est brièvement évoqué dans les Evangiles de Matthieu et Marc. Il est rapporté avec plus de détails chez l’évangéliste Jean, ce qui permet de déduire qu’il a été le premier appelé, avec un compagnon plus jeune, et qu’il a aussitôt fait part de cet appel à son frère, Simon-Pierre et l’a convaincu de suivre le Christ.
Quant à l’activité de l’apôtre André au sein du collège des apôtres, elle n’est évoquée qu’une fois dans l’évangile de Marc et deux fois dans l’évangile Jean.
Dans les premières lignes du chapitre 13 de l’Evangile de Marc, le Christ annonce la destruction du Temple de Jérusalem. Quatre disciples – Pierre, Jacques, Jean et André Lui demandent quand cela arrivera et quels seront les signes précurseurs de cette destruction. Le Christ répond assez longuement, mais l’évangéliste ne rapporte pas la réaction des quatre disciples.
L’évangéliste Jean relate, au chapitre 6, l’intervention de l’apôtre André au cours de l’épisode de la multiplication des pains. Quand le Christ évoque la nécessité de nourrir une foule de cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, l’apôtre André dit « qu’un garçon a cinq pains et deux petits poissons, et que cela risque de ne pas être suffisant pour nourrir autant de monde». Un peu plus loin, au chapitre 12, l’apôtre André sert d’intermédiaire entre des Grecs, c’est à dire des non-Juifs, et le Christ qu’ils voudraient rencontrer, juste après Son entrée triomphale à Jérusalem.
Si nous n’avions que ces sources pour avoir des renseignements sur la vie et la mort du saint apôtre André, le premier appelé, nous ne saurions pas grand-chose sur lui. Heureusement, la tradition orale, essentielle dans la société juive de l’époque, tradition dont s’est nourrie l’Eglise primitive et les évangiles apocryphes, c’est à dire non canoniques, qui n’ont pas été reconnus par l’Eglise comme absolument authentiques, la tradition et les évangiles apocryphes ont comblé le manque d’informations concernant le premier appelé..
Saint André a annoncé l’Evangile dans ce qui est devenu la Turquie actuelle, sur les rives de la Mer Noire, en Crimée, la tradition affirme qu’il est allé jusqu’à Kiev, à Byzance, et dans de nombreux autres régions, dont ce qui allait devenir la Roumanie. Il est mort martyr, crucifié sur une croix en x à Patras en Grèce. Selon la Tradition, Saint André est le fondateur de la communauté de Byzance, la future Constantinople.
Depuis l’amélioration sensible des relations entre catholiques et orthodoxes, les occidentaux mettent souvent l’accent sur le fait que deux frères, les apôtres Pierre et André ont fondé deux Eglises sœurs, celles de Rome et de Constantinople. Cette constatation ne résout pas les problèmes dogmatiques et ne gomme pas nos différences, mais elle instaure un climat plus amical et plus confiant entre nos deux Eglises. C’est loin d’être négligeable.

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