Dimanche des Ancêtres
L’Eglise a fêté lundi dernier la Conception de la Mère de Dieu par sainte Anne et nous commémorons aujourd’hui les Ancêtres, depuis Adam, jusqu’à Joseph, le fiancé de la Mère de Dieu, et les prophètes, de Samuel à saint Jean le Baptiste.
Pour nous, orthodoxes, la conception de la Mère de Dieu a été miraculeuse, puisque sainte Anne était âgée et stérile, mais naturelle. Nous ne parlons pas d’Immaculée conception, et si nous le faisions, cela ne concernerait que la conception du Christ. Cela ne nous empêche pas d’attribuer à la Mère du Christ des épithètes qui la désignent comme une femme « plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins », et nous ajoutons qu’elle « enfanta Dieu le Verbe sans corruption ». L’Eglise orthodoxe vénère la Mère de Dieu, mais n’en fait pas une quatrième personne ajoutée à la Sainte Trinité. Marie, la Mère de Dieu descend d’Adam, elle descend du premier homme, comme tous les humains. Comme tous les hommes, elle a hérité des conséquences de la faute d’Adam. Pour ce qui est des maladies, il n’en est nulle part question dans les Ecritures, qui sont très discrètes en ce qui concerne la Mère de Dieu. Cela ne signifie pas qu’elle n’a jamais été malade. Pour ce qui est de la propension à pécher qui est l’un de nos attributs, la Mère de Dieu a bénéficié de la liberté dont nous bénéficions tous. Mais nous croyons qu’à chaque fois qu’elle a eu le choix entre le mal et le bien, contrairement à nous, elle a toujours choisi le bien. Elle a toujours fait bon usage de sa liberté. De même, lorsque Dieu lui a fait part de Son projet pour elle et pour toute l’humanité, par l’intermédiaire de l’Archange Gabriel, elle a répondu « je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! ». Il n’est pas certain qu’elle ait tout compris de ce qui allait lui arriver, mais elle a accepté, en toute confiance, ce que Dieu lui proposait. Parmi tous les descendants d’Adam, elle est celle qui s’est approchée le plus près de la perfection. Et elle est unique.
En ce qui concerne sa mort, sa Dormition, nous croyons qu’elle est morte, comme tout être humain, nous croyons que, comme Son Fils, Dieu fait homme, elle est passée par la mort, mais que comme Lui, elle est ressuscitée le troisième jour.
En ce qui concerne Joseph, le fiancé, puis l’époux de la Mère de Dieu, il est dans les deux évangiles où il est question de généalogie, le dernier maillon avant le Christ. La généalogie de l’Evangile de Luc, qui la fait partir d’Adam, diffère de la généalogie rapportée par l’évangéliste Matthieu, qui la fait remonter à Abraham. Et les noms des maillons intermédiaires sont souvent. Cela ne doit pas nous troubler, cela n’a qu’une importance relative. Les généalogies sont établies pour marquer l’introduction du Dieu éternel dans l’histoire de l’humanité. Et Joseph n’est en fait que le « beau- père » du Christ. Dans la société juive de l’époque, la Mère de Dieu, épouse de Joseph, belle-mère des enfants de Joseph, issus d’un premier mariage, est dans la langue de tous les jours, « la mère » de Jésus, mais aussi celle des enfants qui n’étaient pas d’elle. Elle est la mère des enfants de la première femme, décédée, de Joseph. De la même façon, Joseph, le beau-père du Christ, est son père, pour tout le monde.
En introduction à sa version de la généalogie du Christ, l’évangéliste Luc écrit : « Jésus, à Ses débuts, avait environ trente ans ; Il était fils, croyait-on, de Joseph, fils de Héli, et ainsi de suite, jusqu’à David et au-delà. Chez Luc, comme chez Matthieu – Joseph est un descendant de David, confirmant ainsi les prophéties. Le Messie, le Christ est formellement descendant de David.
Saint Joseph, dans la tradition orthodoxe occupe une place plus effacée que celle qui lui est dévolue dans la tradition de l’Eglise romaine. Sur les icônes de la Nativité, il est représenté triste, et en retrait. Dans notre tradition, nous ne parlons pas de la Sainte famille, mais nous mettons en avant Joseph, le fiancé, celui qui n’a pas répudié sa future épouse. Le p. Alexandre Men’ a analysé la personnalité de Joseph.
Tous les saints nous sont présentés comme des modèles, chacun ayant suivi une voie qui lui était propre. Joseph a d’abord été plus que troublé quand il a appris que sa fiancée attendait un enfant qui ne pouvait être de lui. Tout cheminement spirituel est freiné par des obstacles, par des doutes, par des tentations. Rien n’est simple, ni facile.
Joseph aurait pu répudier sa fiancée et la livrer à l’opprobre. Il a préféré la préserver, et, en quelque sorte, couvrir ce qu’il pensait être son péché. En plus de sa générosité et sa compassion, l’accent est mis sur son sérieux. Joseph est un travailleur. Dans la vie, rien ne s’obtient sans travail, sans efforts.
Le p. Alexandre fait également remarquer que dans les Evangiles tous les acteurs, tous les personnages s’expriment, tous parlent à un moment ou un autre. Le seul qui garde le silence, c’est Joseph. Le juste Joseph ne dit rien, il accomplit la volonté de Dieu. Il protège Marie, il protège le Christ. Il les emmène en Egypte quand leur sécurité est en jeu.
La Tradition dit que Joseph serait mort dans les bras du Christ âgé alors de dix-neuf ans. Il l’aurait aidé à surmonter ses angoisses.
Le p. Alexandre appelait ses ouailles, ses paroissiens, à imiter Joseph, à ne pas juger, à éprouver de la compassion pour son prochain, à refuser la paresse sur le plan spirituel, comme dans le travail, et à accomplir en permanence la volonté de Dieu avec humilité et en silence.
Chacun d’entre nous suit son propre cheminement spirituel, chacun a une préférence pour telle ou telle voie qui mène à Dieu. Le parcours de Saint Joseph est très particulier, sa vie ne peut ressembler à aucune autre, mais rien ne nous empêche d’essayer de le prendre comme modèle pour les traits de caractère qui en font un exemple à suivre.
Intégrons bien les paroles du Notre Père. Que « Sa volonté soit faite », et non la nôtre, si elle n’entre pas dans les plans de Dieu.
