Théophanie

L’hiver, de décembre à février, est une période festive qui commence avec la Nativité, notre plus grande fête après Pâques, et se poursuit par les réjouissances qui entourent le Nouvel an du calendrier civil, puis par la Théophanie et s’achève par la Sainte Rencontre, notre fête paroissiale. Qu’elles soient civiles ou religieuses, nos fêtes commencent la veille au soir. Car il est écrit dans la Genèse – « il y eut un soir, il y eut un matin ».
Le père Cyrille Argenti s’est attristé du dévoiement de la fête de Noël qui a perdu son caractère religieux pour une proportion très élevée, en fait, pour la majorité de nos contemporains. Quant au Nouvel an, quant à la nuit du 31 décembre au 1-er janvier, c’est une fête laïque que les chrétiens peuvent fêter sans éprouver une quelconque gêne, comme ils peuvent fêter les anniversaires.
Le nouvel an liturgique, lui, commence pour nous, non pas le 1-er janvier, mais le 1-er septembre. Le Patriarcat œcuménique a fixé également au 1-er septembre la fête de la Création. La coïncidence n’est pas fortuite. La fête de la Création commémore la création de notre monde évoquée dans la Genèse, le point de départ du monde où nous vivons. Le Nouvel an ecclésial, marque, lui aussi un début, le début du cycle liturgique.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le choix du premier septembre. L’une d’elles est que l’empereur Constantin a mis fin aux persécutions des chrétiens et leur a accordé la liberté de culte en 312. Il l’a fait à la suite de sa victoire, à peu près à cette date, sur son rival, Maxence, le second empereur d’Occident. Les Pères du premier concile Œcuménique, réunis en 325, ont donc décidé de faire commencer l’année liturgique le 1-er septembre, jour anniversaire présumé de la victoire de Constantin. D’autre part, le Nouvel an juif est aussi célébré le premier jour du septième mois de l’année, c’est à dire du mois de septembre. Nous nous inscrivons aussi dans cette tradition.
Quand nous fêtons la Nativité, nous fêtons la première manifestation, très discrète, du Dieu fait homme, qui ne S’est fait connaître qu’à quelques bergers et à trois astrologues.
Nous fêtons aujourd’hui la Théophanie, une deuxième manifestation divine, tout aussi discrète, trente ans plus tard, nous fêtons le baptême du Christ dans le Jourdain. Théophanie signifie « manifestation de Dieu ». Au cours du baptême du Christ, Dieu Se manifeste dans Sa Trinité – le Père annonce que Celui qui reçoit le baptême de Jean est « Son Fils bien-aimé » et « l’Esprit descend et vient sur Lui comme une colombe ».
Ce baptême est aussi une confirmation de la prophétie d’Esaïe, au chapitre 40 : « une voix (celle de Jean) proclame dans le désert – dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu (…) alors la gloire du Seigneur sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du Seigneur a parlé ».
Ce baptême est également une manifestation de l’humanité du Christ-Dieu, complètement homme. Il vient se faire baptiser par Jean le Précurseur qui proposait aux Juifs pieux « un baptême de conversion en vue du pardon des péchés ». Mais avant ce baptême, le Christ est né d’une femme, comme tous les hommes, Il a été circoncis le huitième jour, comme tous les enfants Juifs de sexe masculin. Comme tous les garçons premiers-nés, Il a été présenté au Temple par Ses parents, après la période habituelle de purification des femmes qui ont accouché. A toutes les étapes de la vie du Christ, les traditions et lois que respectaient des Juifs pieux ordinaires ont été respectées.
Jean-le-Baptiste a été le Précurseur du Christ qu’Il a annoncé. Le baptême du Christ, qui n’en n’avait pas besoin, a annoncé notre baptême, dont nous avons besoin. Et en se faisant baptiser, le Christ a sanctifié la nature. En sanctifiant les eaux du Jourdain – Il a sanctifié la Mer Morte dans laquelle le fleuve se jette, de là, par évaporation, Il a sanctifié les nuages, les pluies et toute la surface de la Terre arrosée par ces pluies, c’est à dire le monde entier.
C’est pour toutes ces raisons que la Théophanie est l’une des douze grandes fêtes de l’Eglise. Bonne année civile à tous !

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