Luc 18, 18-27 Col. 3, 12-16

L’évangile d’aujourd’hui semble être une condamnation de la richesse qui serait un obstacle à l’entrée au Royaume ou tout simplement à la vie spirituelle. Ce serait trop simple si la richesse était le seul obstacle et il convient de définir à nouveau ce que l’on entend par richesse, car il y en a de toutes sortes.
Les obstacles à la vie spirituelle sont les passions dont fait partie l’attachement aux biens matériels. Une passion est une maladie spirituelle. Une passion est le détournement de facultés qui nous sont naturelles. En Occident, on les appelle péchés capitaux. L’on en compte 7 ou 8 qui résument les autres. Les Pères grecs les ont détaillées et leur ont donné des noms savants que nous allons éviter. Ce sont l’amour égoïste de soi, l’obsession de la qualité ou de la quantité des aliments consommés. Le mot gourmandise est réducteur et incomplet, surtout quand cela devient « un péché mignon ». Ce sont aussi le détournement de l’instinct de reproduction de l’être humain, l’attachement aux différentes formes de richesse matérielle, et l’avidité. C’est aussi la tristesse qui résulte de l’insatisfaction quand elle est le résultat de la frustration due aux précédentes passions. C’est la colère et l’agressivité. C’est la crainte quand elle est le résultat d’un manque de confiance en Dieu. Ce sont enfin les différentes formes d’orgueil qui sont à la source de toutes les autres passions.
Mais revenons à la richesse qui est le thème de l’évangile du jour. Elle n’est pas un mal en soi. Nous sommes tous riches de quelque chose. Nous sommes tous riches de ce que Dieu nous a donné. Il ne s’agit pas que de la richesse matérielle qui se manifeste, de nos jours, par un compte en banque bien garni et la possibilité d’obtenir, sans difficulté, tout ce qui peut s’acheter. La richesse matérielle est condamnable si elle a été obtenue par l’exploitation d’autrui, si elle a été obtenue par des méthodes qui ne seraient pas honnêtes. Elle est condamnable si elle est accompagnée d’avarice et de cupidité. Elle est condamnable également si elle devient obsessionnelle, quand le riche veut rester riche à tout prix et ne pense qu’à cela, et quand le pauvre ne pense qu’à devenir riche, par tous les moyens. La pauvreté et la richesse sont cependant neutres sur le plan spirituel – l’on n’est pas automatiquement condamné parce qu’on est riche et sauvé tout aussi automatiquement parce que l’on est pauvre, mais la richesse est plus dangereuse que la pauvreté. Il y a des chances pour que, le Jour du jugement, le riche obsédé par sa richesse dont il a fait une idole ait plus de mal à se faire pardonner que le pauvre obsédé par la richesse à laquelle il a voulu accéder. Mais le chrétien qui est parvenu honnêtement à la richesse ne sera pas nécessairement condamné, si elle lui a permis d’aider son prochain, s’il a mis sa richesse au service des pauvres et de l’Eglise, comme cela a été pratiqué dans les premiers temps du christianisme.
Les richesses que sont la beauté, l’intelligence, les dons intellectuels et artistiques sont également neutres sur le plan spirituel. Ces richesses sont destructrices si elles conduisent à l’orgueil, au sentiment de supériorité, si elles nous font oublier que ce sont des cadeaux que Dieu nous a faits, si nous oublions que ce sont des talents qui nous ont été confiés et que Dieu nous a donné la possibilité de faire fructifier. Nous n’avons pas à nous en enorgueillir, seuls nous aurions été incapables de faire fructifier quoi que ce soit. Ne reproduisons pas l’erreur du premier homme qui a cru pouvoir devenir Dieu, sans l’aide de Dieu.
Ceux qui pensent qu’ils n’ont reçu aucun don, aucun talent se trompent. C’est faux, nous avons tous reçu un talent, nous avons tous reçu la faculté d’aimer notre prochain. Et il est affirmé dans nos Ecritures que « l’amour couvre une multitude de péchés ». Nous sommes tous pécheurs, nous sommes tous « assaillis par les passions depuis notre jeunesse », comme nous le chantons parfois aux matines. Mais nous pouvons tous bénéficier d’un remède dont l’efficacité est certifiée par le Christ.
Le seul remède efficace pour compenser notre imperfection, le seul remède à notre état de pécheurs est la mise en pratique de l’amour du prochain. C’est à la portée de tout le monde. Pour le reste, ce qui n’est pas possible à l’homme est possible à Dieu.

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