Entrée dans la période de préparation au Grand carême.

Nous entrons dans la période de préparation au Grand-carême qui commence par le dimanche du Pharisien et du Publicain, se poursuit par le dimanche de l’Enfant prodigue et s’achève par le dimanche du Pardon.

A la dernière liturgie, le p. André Fortounatto nous a expliqué qu’en S’incarnant, en nous apportant la Bonne Nouvelle, le Christ nous avait ouvert les portes du Royaume, mais à certaines conditions, explicitées par l’apôtre Paul dans son épître aux Galates : notre entrée dans le Royaume est conditionnée par une vie inspirée et soutenue par l’Esprit, par une vie dont « les fruits sont amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, et maîtrise de soi ». Juste avant ce passage, l’apôtre écrivait que « la loi tout entière trouvait son accomplissement en cette unique parole : tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

L’amour du prochain est une des conditions incontournables de notre salut. Mais d’autres conditions, tout aussi incontournables sont évoquées dans la parabole du Pharisien et du collecteur d’impôts et dans celle de l’Enfant prodigue.

Le Pharisien fait tout bien. Non seulement il observe la loi, mais il en fait plus que ce qui est demandé. Nous savons à quel point les prescriptions du judaïsme sont nombreuses et à quel point il est difficile de toutes les observer. Le pharisien est donc sur ce point admirable à tous égards et nous avons tort de le juger. Avant d’émettre un avis sur lui ou sur ceux qui chez nous essaient de tout observer à la lettre, interrogeons-nous sur notre manque de zèle et laissons à Dieu le soin de juger. Le Christ ne condamne pas le pharisien pour son observance de la loi, Il constate seulement que tous ses efforts sont réduits à néant par son orgueil, par son manque total d’humilité. Faisons donc très attention aux jugements que nous avons tendance à porter sur notre prochain, et à notre autosatisfaction qui en est la conséquence. Essayons de prendre conscience de la gravité de cette dérive.

Le collecteur d’impôts, lui, se sent tellement coupable qu’il n’ose même pas lever les yeux au ciel et se frappe la poitrine en disant : « O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Il n’est pas dit que le publicain a renoncé à sa vie de pécheur en sortant du Temple, il est seulement dit qu’il est « sorti justifié » à ce moment précis, et cela ne laisse en rien présager de son salut s’il ne tente pas au moins de se convertir, s’il n’essaie pas de changer de vie.

Imitons le pharisien dans son zèle, imitons le publicain dans son humilité, car pas plus que lui, nous n’atteindrons la perfection, et soyons conscients, comme lui, de notre éloignement de Dieu.

Dans la parabole de l’Enfant prodigue, le Christ revient sur le même thème, celui de l’humilité, de l’humilité de celui qui ne se cherche aucune excuse, de l’humilité qui appelle le pardon. En demandant sa part d’héritage à son père, « l’enfant prodigue » a commis dès le départ une faute grave. Il lui a envoyé un message très blessant. Il lui a signifié qu’il considérait son père comme mort. Il lui a signifié qu’il n’avait plus besoin de lui. Quand après avoir mené une vie débridée, le fils indigne s’est retrouvé sans ressources, il s’est résigné à retourner chez son père, sans se faire la moindre illusion sur le sort qui lui serait réservé. Il ne prétend à rien et espère seulement bénéficier du statut d’esclave. Son humilité, la conscience de sa faute le sauvent. Et il est accueilli avec joie par un père qui lui a pardonné avant même qu’il ouvre la bouche. Le second fils, celui qui, comme le pharisien fait tout bien, celui qui met toute son ardeur à servir son père, ce second fils ne le fait pas en tant que fils aimant, mais comme un serviteur, et, à l’époque les serviteurs étaient des esclaves ; il le fait par obligation, et en attendant une récompense et une reconnaissance qui ne viennent jamais. Quand il se plaint à son père, quand il lui reproche d’accueillir son fils débauché en héros, ce qu’il pense être une injustice, il n’utilise pas le mot frère. Il ne se définit pas lui-même comme un fils, comme l’autre fils, il se définit comme celui qui a toujours servi son père. La relation qu’il entretient avec son père n’est pas une relation d’amour filial.

Le second message sous-jacent de la parabole est donc que la relation entre l’homme et Dieu, entre l’homme et le Père aimant doit être une relation d’amour filial, une relation fondée sur la confiance et non une relation fondée sur l’intérêt ou la crainte. Nous devons aimer notre prochain parce que Dieu nous le demande et aimer Dieu, non par obligation, mais parce que c’est normal, parce que cela devrait nous être naturel, et tout simplement parce que Dieu nous aime. Et n’agissons pas comme l’enfant prodigue quand il a pensé qu’il pouvait se passer de son père. C’est ce qu’a fait le premier homme, ne reproduisons pas son erreur – nous avons besoin de Dieu, même s’il nous arrive de l’oublier.      

 

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