Dimanche du Pardon 2014

 

            Nous voici arrivés au seuil du Grand carême qui commence ce soir, après les vêpres du Pardon, que nous allons célébrer tout à l’heure, juste après nos agapes, avec quelques heures d’avance pour que la plupart d’entre nous puissent être présents.

            Dans les semaines de préparation au carême, les textes des évangiles dominicaux nous indiquent la marche à suivre. Il nous est recommandé d’adopter l’attitude du publicain pour son humilité, et le zèle et le sérieux du pharisien, sans son orgueil. Contrairement à l’enfant Prodigue et à son frère, nous devons chercher à éprouver un amour filial pour Dieu. Il S’est volontairement créé un besoin, alors qu’Il n’a, en fait, besoin de rien. Il a très envie que nous L’aimions. Comme il est difficile d’aimer un Dieu qui est « invisible, inconcevable, inexprimable », l’Une des personnes de la Trinité S’est incarnée, il y a plus de deux mille ans. Dieu S’est rendu visible, Il S’est rendu accessible. Nous n’en avons pas été les témoins directs, mais la Bonne Nouvelle nous a été transmise par les évangélistes, par les apôtres et les disciples, d’abord par le biais de la tradition orale, puis grâce à la rédaction des Evangiles. L’amour pour Dieu, dont notre aveuglement spirituel nous empêche de sentir la présence, est à compléter par l’amour que nous devons éprouver pour notre prochain. L’évangéliste Jean le développe dans sa première épître : « Celui qui prétend être dans la lumière, tout en haïssant son frère, est toujours dans les ténèbres » – écrit-il. « Quiconque hait son frère est un meurtrier », – ajoute-t-il. « Si quelqu’un possède les biens de ce monde – et il ne s’agit pas seulement des biens matériels, si donc, quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de Lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère ».

          A toutes ces recommandations, il nous en est ajoutée aujourd’hui une autre, tout aussi importante que l’humilité, tout aussi importante que l’amour filial pour Dieu et l’amour du prochain, il nous est ajouté une recommandation qui les complète – il nous est demandé de ne pas juger notre prochain et de le pardonner s’il a quelque chose à se faire pardonner.

            Nous serons jugés de la façon dont nous jugeons les autres et Dieu nous pardonnera, comme nous avons pardonné ceux qui nous ont offensés. C’est ce que nous demandons avec beaucoup d’inconscience quand nous faisons nôtre la prière que le Christ nous a enseignée, quand nous demandons à Dieu de nous pardonner, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés …  

            Nous sommes si loin de la perfection, nous avons tant de choses à nous reprocher, et nous avons tant à nous faire pardonner qu’il nous est impossible d’ignorer la condition qui nous est imposée, celle de ne pas juger, si nous voulons répondre à l’invitation de notre Créateur, si nous voulons entrer au Royaume.

Si aimer notre prochain, y compris celui qui ne nous aime pas, et si ne pas le juger semble hors de notre portée, alors que ce sont deux passages obligés, commençons par ne jamais lui souhaiter de mal et quand nous découvrons ses manquements avec beaucoup de facilité et parfois avec volupté, essayons au moins de lui trouver à chaque fois des circonstances atténuantes. Réfrénons le plus possible cette envie permanente de juger notre prochain et remplaçons-la par une autocritique objective, honnête, tout aussi permanente. Plus nous serons conscients de nos péchés, moins nous serons préoccupés par ceux des autres.

             Bon et joyeux carême à tous !

 

 

 

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