Dimanche des Myrrhophores et du Juste Joseph d’Arimathie

A la fin de la liturgie de la nuit pascale, nous avons procédé à la bénédiction de l’Artos, à la bénédiction du pain pascal qui reste ensuite dans l’église pendant une semaine avant d’être fractionné et distribué aux fidèles. Chacun d’entre nous va en recevoir aujourd’hui un morceau. La prière dite au moment de la bénédiction de l’artos et celle qui va être dite aujourd’hui au moment de sa fraction apportent des explications fragmentaires sur le sens de cet acte liturgique. A la fin de la liturgie de la nuit de Pâques, nous avons demandé à Dieu « de bénir et sanctifier ce pain que nous Lui avons présenté en l’honneur, la gloire et le souvenir de la Résurrection de Son Fils ». Et nous allons demander tout à l’heure à Dieu de « bénir ce pain afin que tous ceux qui en consommeront soient rendus dignes de bénédictions et de santé corporelle et spirituelle ».

Une des symboliques de l’artos correspond à celle de l’utilisation, dans certains monastères, de la prosphore dédiée à la Mère de Dieu, utilisation d’une des cinq grandes prosphores dont le prêtre prélève une parcelle au cours de la proscomédie, au début de la liturgie eucharistique. Après l’office, cette prosphore est posée, sur la table où les moines prennent leur repas. Elle symbolise la présence de la Mère de Dieu à leurs côtés.

L’artos symbolise la présence du Christ, la présence « du Pain de vie », comme il a été rapporté au chapitre 6 de l‘Evangile de Jean, et l’artos commémore aussi l’habitude qu’avaient prise les apôtres après l’Ascension, quand à l’occasion des repas qu’ils prenaient ensemble, ils posaient sur leur table un morceau de pain pour le Christ, invisiblement présent parmi eux.

Le Christ est toujours présent parmi ceux qui se rassemblent en Son Nom. Nous en sommes tous conscients pendant nos liturgies ou, en tout cas, nous devrions l’être. Nous le manifestons dans l’échange qui se fait entre le célébrant et les fidèles quand il est dit « le Christ est parmi nous », ce à quoi les fidèles répondent  « Il est et Il le sera ». N’oublions pas que la liturgie commence dès la célébration de la proscomédie et la lecture des heures. N’oublions pas non plus que le Christ est présent parmi nous quand nous nous rassemblons, en tant que chrétiens, même en dehors des offices, ne serait-ce que pendant nos agapes ou notre café dominical post-liturgique.

La prière incessante vers laquelle nous devons tendre, comme l’écrit Saint Paul, la prière verbalisée de façon permanente, n’est pas à notre portée, en tout cas pour le commun des mortels que nous sommes. La prière incessante peut être aussi le sentiment d’être toujours en présence de Dieu, sans qu’on ait besoin de s’exprimer. Elle est une forme de contemplation silencieuse de l’Invisible. Ce serait même la forme la plus élaborée de la prière, celle que seules certaines rares personnes réussissent à pratiquer. Nous ne sommes ni des saints, ni des moines, alors que faire, d’un point de vue pratique, pour essayer d’adopter le comportement que Dieu attend de nous ?

Nous savons que nous retombons toujours dans les mêmes péchés, nous savons à quel point il nous est difficile de cesser de juger notre prochain, à quel point il est difficile d’agir envers lui, comme nous souhaiterions qu’il agisse envers nous, et sans attendre un retour. A chaque fois que nous sommes tentés de porter un jugement, prenons conscience de la présence de Dieu qui voit tout, qui entend tout, qui lit dans nos pensées. A chaque fois que nous sommes confrontés à une difficulté, commençons par demander à l’Esprit de nous guider. Seuls, sans l’aide de Dieu, nous ne pouvons pas faire grand-chose, dans le domaine spirituel comme dans le domaine matériel. Avant de faire quoi que ce soit, demandons-nous si cela va à l’encontre des plans de Dieu, et, là aussi, essayons de prendre conscience de Sa présence. Le métropolite Antoine de Londres ajoutait qu’éplucher des légumes n’empêchait pas de prier. On peut ajouter que rien ne devrait pouvoir nous empêcher d’être conscients de l’omniprésence de Dieu.

Le problème est que notre foi est faible, et qu’elle a tendance à être encore plus faible en dehors des bâtiments de l’Eglise. En terre chrétienne, les calvaires, les clochers des églises, les icônes sont là pour nous rappeler que Dieu est partout. Si notre foi était suffisante, la beauté de la nature nous le rappellerait également. Et si nous parvenons parfois à prendre conscience de tout cela, nous pouvons cesser de pécher, très ponctuellement, mais pour de mauvaises raisons, par crainte du châtiment que nous méritons. Nous oublions que notre Dieu n’est pas un Dieu vengeur, mais un Dieu d’amour, qu’Il est le Père de la parabole de l’Enfant prodigue. Nous devons combattre le péché, non par crainte du châtiment, mais par crainte de blesser Celui qui nous a créés, comme nous avons peur de faire du mal à ceux que nous aimons. Et rappelons-nous que lorsque nous blessons notre prochain, celui que nous devrions aimer comme nous-mêmes, c’est aussi Dieu que nous blessons.

 

 

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