Dimanche des saints Pères du 1-er Concile œcuménique
Nous fêtons aujourd’hui les 318 Pères du premier Concile œcuménique qui s’est tenu à Nicée en 325. L’Eglise orthodoxe d’aujourd’hui est celle des sept conciles œcuméniques. Qu’est ce qu’un concile, qui plus est un concile œcuménique, et pourquoi ces sept conciles sont-ils si importants ? Une explication simple, mais précise du père Cyrille Argenti nous met sur la voie. « Tant qu’il n’y a pas d’hérésie, on n’a pas besoin de définition. On vit la vérité d’une façon toute naturelle et simple, on peut être profondément orthodoxe – c’est-à-dire louer correctement Dieu, au sens étymologique du terme – sans savoir lire et écrire, en vivant simplement l’enseignement des apôtres. Mais lorsque surgit une hérésie, une doctrine fausse, lorsque quelqu’un fausse une parole des apôtres ou déforme leur enseignement, quand quelqu’un caricature le Christ, c’est très grave et il devient nécessaire de mettre les points sur les i.  L’erreur permet à la vérité de mieux se manifester, l’hérésie oblige les fidèles, les disciples des apôtres à exprimer plus clairement la pensée des apôtres ».
A l’époque de l’empereur Constantin, les discussions théologiques étaient aussi courantes et aussi populaires au sens premier du mot que le sont de nos jours les commentaires d’événements sportifs. Le football ou le tennis ont remplacé la théologie. L’hérésie d’Arius a fait de tels ravages et a semé un tel trouble dans la chrétienté de l’empire romain d’Orient de l’époque, que Constantin a estimé nécessaire de convoquer un Concile d’évêques pour « mettre les points sur les i », pour reprendre l’expression du père Cyrille. Ce Concile est œcuménique dans la mesure où il a rassemblé des évêques venant de tout le monde habité, de tout l’Empire. La représentation de l’Occident a été minoritaire, avec seulement quelques évêques et des légats  représentant l’Eglise de Rome, car le pape était trop âgé pour se déplacer. Mais l’Occident en a accepté les conclusions dogmatiques, et interprété, en fonction des usages qui avaient cours à Rome, les canons, c’est-à-dire les règles établies par les pères conciliaires.
L’hérésie d’Arius, un prêtre d’Alexandrie, reposait sur une certaine logique – mais une logique purement humaine et donc imparfaite: selon Arius, le Christ ne pouvait être Dieu, car s’Il était Dieu, il y aurait deux dieux, puisque le Père est Dieu. Dans la mesure où il n’y a qu’un seul Dieu, le Fils ne peut être qu’avoir été créé par le Père. Cette logique humaine est une tentative de donner une explication rationnelle à la Révélation divine exprimée directement ou indirectement dans les Evangiles, Révélation qui ne peut être qu’acceptée avec foi et dont la compréhension est proportionnelle à la profondeur de cette foi. Cette Révélation a été faite par le Christ, à chaque fois, qu’Il a évoqué, devant les apôtres, Sa relation avec le Père, même s’ils n’avaient pas encore la maturité spirituelle suffisante pour la comprendre. L’Evangile de Matthieu se termine par les paroles du Christ qui demande à Ses disciples d’aller dans le monde entier pour convertir toutes les nations « en les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » Au cours de nos offices le prêtre cite Saint Paul pour bénir les fidèles en disant: « que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit soit avec vous tous ». L’apôtre Thomas n’a pas attendu le Concile de Nicée pour affirmer au Christ ressuscité qu’Il était « son Seigneur et Son Dieu ».
Arius a revécu, a réactualisé personnellement la chute du premier homme en voulant accéder à la connaissance en s’appuyant sur ses seules forces intellectuelles.
Cette tentation nous la vivons à chaque fois que nous essayons de trouver une explication que nous pensons rationnelle à une Révélation que nous devrions accepter avec humilité, en attendant que l’Esprit nous éclaire.
Le texte adopté par les pères du premier Concile est la trame de notre credo actuel, du symbole de la foi qui est chanté à chaque liturgie. Voici ce texte où une seule ligne est consacrée au Père, tandis que le statut du Fils est développé sur tout un paragraphe:
« Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses visibles et invisibles; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, engendré du Père, c’est-à-dire, de la substance du Père. Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu; engendré et non fait, consubstantiel au Père; par qui toutes choses ont été faites au ciel et en la terre. Qui, pour nous autres hommes et pour notre salut, est descendu des cieux, S’est incarné et S’est fait homme; a souffert, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, et viendra juger les vivants et les morts ». Ensuite les Pères de l’Eglise évoquent l’Esprit en une ligne, puis règlent définitivement son compte à Arius: « Nous croyons aussi au Saint-Esprit. Quant à ceux qui disent: il y a eu un temps où Il n’était pas – il s’agit de nouveau du Christ; et Il n’était pas avant d’être engendré, et Il a été tiré du néant; ou qui prétendent que le Fils de Dieu est d’une autre hypostase, ou d’une autre substance, ou muable, ou altérable, la Sainte Eglise catholique et apostolique leur dit anathème. »
De nos jours, cet anathème n’est que rarement prononcé. Que cela ne nous empêche pas d’approfondir notre foi en cherchant les bonnes définitions, les bonnes explications dans des ouvrages vraiment orthodoxes, c’est-à-dire conformes au message du Christ, ou auprès de personnes compétentes qui sauront nous guider. Demandons l’aide de l’Esprit comme l’apôtre Jacques nous enjoint de le faire. Ne nous contentons pas de vagues intuitions personnelles. Cherchons à devenir vraiment orthodoxes et prêtons une plus grande attention aux paroles du credo, du symbole de la foi, dont chaque mot a de l’importance, dont la composition a été l’aboutissement de débats et de prières intenses.

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