Pentecôte 2014

Nous fêtons aujourd’hui la Pentecôte, cinquante jours après Pâques. L’Eglise a repris deux fêtes juives. La Pâque juive commémore la fuite d’Egypte des Hébreux et leur traversée de la Mer Rouge à pied sec ; la Pentecôte juive, ancienne fête des moissons, commémore la réception des tables de la Loi par Moïse au Mont Sinaï. Notre Pentecôte est la fête de la Trinité et la commémoration de la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres. Notre baptême est une réactualisation personnelle de ces deux fêtes majeures – notre triple immersion baptismale correspond à notre mort et à notre résurrection au péché, à notre transfiguration potentielle, et la chrismation qui a suivi le baptême symbolise, manifeste de façon concrète, la descente sur nous de l’Esprit Saint.
Nous réintégrons maintenant la prière à l’Esprit Saint « Roi céleste » dans les offices et dans nos prières personnelles.
Le tropaire, le kondakion et le mégalinaire de la Pentecôte résument l’essence de la fête. Commençons par le tropaire :
« Tu es béni, ô Christ notre Dieu, Toi qui as envoyé l’Esprit Saint aux pêcheurs, qui les a montrés pleins de sagesse et qui par eux as pris au filet le monde entier ».
L’Esprit Saint a rendu sages et éloquents des pécheurs illettrés. Au travers du baptême et de la chrismation l’Esprit efface les péchés des pécheurs que nous sommes et nous accorde potentiellement l’éloquence et la sagesse qui nous permettront, si nous le désirons vraiment, de devenir des pêcheurs d’hommes. Tout chrétien baptisé est appelé à se convertir, à se tourner vers Dieu et à annoncer la Bonne nouvelle, à annoncer l’Evangile. Ce n’est pas réservé aux membres du clergé.
Continuons avec le kondakion :
« Lorsque Tu descendis pour confondre les langues, Tu dispersas les nations, ô Très-Haut; mais lorsque Tu distribuas les langues de feu, Tu nous appelas tous à l’unité. Aussi d’une seule voix glorifions-nous le très Saint Esprit ».
Il est fait allusion à la division qui suivit, à la division qui fut le résultat de la construction de la tour de Babel. Cette division a été l’œuvre du Diable, du Diviseur qui a suggéré cette construction à l’homme. L’Esprit procède à une opération inverse, Il unifie – les langues ne sont plus un obstacle à la communication. Le message porté par les apôtres devient compréhensible dans toutes les langues.
Le Mégalinaire, enfin et la prière « Roi céleste » mettent l’accent sur les attributs essentiels de l’Esprit  :
« Nous Te magnifions, ô Christ Donateur de vie, et nous chantons Ton très Saint Esprit que Tu as envoyé du Père à Tes divins disciples ».
« Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité, Toi qui es partout présent et emplis tout, Trésor des biens et Donateur de vie, viens et fais Ta demeure en nous, purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, Toi qui es bonté ».
« Divins disciples » signifie saints disciples, c’est à dire disciples qui appartiennent à Dieu.
En créant l’homme, Dieu le Père lui a donné la vie. Cette vie aurait du être éternelle, par la faute d’Adam, elle a été scindée en deux – une vie limitée dans le temps, suivie d’une vie éternelle, une vie illimitée. A la Pentecôte, l’Esprit descend sur nous, vient en nous, Il nous purifie, et sauvant nos âmes, Il nous ouvre les portes de la vie éternelle dans sa plénitude.
Les stichères du Lucernaire, chantées hier aux Grandes vêpres, sont une leçon supplémentaire de théologie. Les stichères aussi nous éclairent sur le sens de la fête. Arrêtons-nous sur quelques extraits :
« Nous célébrons la Pentecôte et l’avènement de l’Esprit, l’échéance de la promesse, l’accomplissement de l’espérance, un mystère grand et vénérable. Aussi Te clamons-nous : Auteur de toutes choses, Seigneur, gloire à Toi.
Tu as donné une vie nouvelle à Tes disciples, ô Christ, par le don des langues étrangères, afin que par elles, ils Te proclament Verbe et Dieu immortel qui accorde à nos âmes la grande miséricorde.
L’Esprit Saint donne toutes choses : Il fait jaillir les prophéties, Il consacre les prêtres, aux illettrés, Il a enseigné la sagesse, de pêcheurs, Il a fait des théologiens, Il établit les fondements de l’Église. Toi qui es de même nature que le Père et le Fils et qui sièges avec eux, Consolateur, gloire à Toi.
Nous avons vu la vraie lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la foi véritable, nous adorons l’indivisible Trinité, car c’est Elle qui nous a sauvés.
Par Tes prophètes, ô notre Sauveur, Tu nous as annoncé la voie du salut, et en Tes apôtres a brillé la grâce de Ton Esprit ».
Et enfin : «  … Saint Dieu qui as tout créé par le Fils et la synergie du Saint Esprit, Saint Fort par qui nous avons connu le Père et par qui l’Esprit Saint est venu dans le monde, Saint Immortel, Esprit consolateur qui procèdes du Père et qui reposes dans le Fils. Trinité Sainte, gloire à Toi.
Ces explications, les plus claires, les plus simples possibles sont à la portée de chacun. L’Eglise nous les offre dans les textes des offices. Soyons attentifs aux paroles qui sont chantées ou lues au cours des liturgies composées par les immenses théologiens qu’ont été Saint Jean Chrysostome et Saint Basile le Grand, soyons attentifs aux paroles des vigiles qui précèdent les fêtes – elles sont destinées à rendre sages les illettrés spirituels que nous sommes.

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