Pentecôte 2009 Jean 7, 37-52, 8, 12  Actes 2, 1-11
La Pentecôte est une fête majeure. Elle est maintenant fêtée 50 jours après Pâques, alors qu’aux premiers temps du christianisme, la Résurrection du Christ, Son Ascension et la Pentecôte étaient fêtées le même jour.
A Pâques, les Juifs commémorent la sortie d’Egypte, la libération de l’esclavage qu’ont subi leurs ancêtres en Egypte. Le dernier fléau, la dixième plaie que Dieu a envoyée pour forcer le pharaon à laisser partir ses esclaves juifs a été le plus redoutable – tous les premiers nés en terre d’Egypte devaient mourir, seuls les enfants des Juifs dont la porte avait été badigeonnée avec le sang d’un agneau sacrifié ont été épargnés. Le pharaon a fini par céder et a laissé partir ceux qui le souhaitaient. Mais une partie non négligeable des Juifs a choisi de rester en Egypte, préférant une certaine stabilité et un niveau de vie modeste, mais acceptable, à l’aventure que représentait le retour en Terre promise. Pour les chrétiens, à Pâques, c’est le Christ qui est immolé ou plutôt S’est immolé volontairement pour que les portes du Royaume s’ouvrent devant ceux qu’Il est venu sauver, comme la Mer Rouge s’est fendue pour laisser passer les Juifs. C’est ce que symbolise l’ouverture en permanence des Portes royales dans nos églises pendant la première semaine qui suit la nuit pascale. Comme cela s’est passé pour les Juifs, de nombreux chrétiens préfèrent ne pas suivre le Christ et restent sous l’emprise de l’esclavage, non plus d’un pharaon, mais de celle du péché, c’est-à-dire de celle du démon.
A leur Pentecôte, les Juifs fêtent le jour où Dieu a dicté à Moïse les dix commandements qui ont été gravés sur les tables de la loi. Ces commandements et de nombreuses autres règles sont cités dans le livre de l’Exode et développés dans le Lévitique. Entre sa sortie d’Egypte et son arrivée en Terre promise, le peuple hébreu a subi toutes sortes d’épreuves, comme les chrétiens en subissent, depuis leur baptême jusqu’à la fin de leur vie terrestre.
Le jour de la Pentecôte, les premiers chrétiens ont reçu, peu de temps après les apôtres, l’Esprit Saint qui, si nous Lui permettons de venir S’installer en nous, nous fait entrer au Royaume, notre Terre promise. Nous avons reçu l’Esprit le jour de notre baptême, au moment de la chrismation. Nous le recevons ensuite, à chaque fois que nous le demandons. Cela se fait sur la base du volontariat, pour employer une expression actuelle. Dieu nous laisse complètement libres. L’Esprit est omniprésent et n’attend qu’un signe de notre part pour nous apporter Son soutien. Mais l’appel à venir faire Sa demeure en nous suppose un minimum de dispositions au départ, et une attitude adéquate ensuite. Rien n’est automatique. Nous ne sommes pas toujours disposés à laisser l’Esprit agir en nous, et préférons souvent rester les esclaves du péché, imitant les Juifs qui ont préféré rester en Egypte plutôt que suivre Moïse.
Ceux qui l’ont suivi ont eu besoin de règles qui les aident à vivre, de règles qui les soutiennent dans leur marche à travers le désert. Ils ont eu également besoin de nourriture. Dieu ne les a pas abandonnés, ils ont été nourris par une manne qui leur est tombée du ciel. Notre désert à nous est un désert spirituel. Nous avons besoin de l’enseignement du Christ et du soutien de l’Esprit pour le traverser sans trop de dommages et parvenir à destination. Nous avons besoin aussi de cette manne que sont les Saintes Espèces. Le désert que nous traversons est moins aride que celui qu’ont traversé les Juifs. Il ne s’agit pas d’un désert géographique. Le Malin est suffisamment astucieux, il est assez malin, d’où son nom, pour rendre ce désert attractif. Une vie où l’on ne se soucie que de soi-même, une vie où la règle que l’on suit est celle de son bon plaisir ne ressemble pas vraiment à un désert pour un œil non-averti. Elle n’en est pas moins vide, et c’est cette vacuité qui caractérise le désert spirituel que nous traversons, sans même nous en rendre compte. La traversée du désert ne pouvait être interprétée par les Juifs autrement que comme une épreuve. Notre désert spirituel, lui, semble présenter beaucoup plus d’attraits que la vie que mènent les ascètes, et il n’est ressenti comme un désert que par ceux qui ont un minimum de vie spirituelle.
Le Christ n’a jamais prétendu qu’il était facile de Le suivre. Il a clairement indiqué que nous devions porter une croix. Mais qui a envie de la porter ? Elle peut se présenter sous toutes sortes de formes, mais il ne s’agira jamais d’une partie de plaisir. Cependant, si cette croix est acceptée, ce qui, encore une fois, n’est en rien facile, son poids, le Christ parle de joug, sera léger. Cette légèreté sera proportionnelle à notre soumission à l’Esprit, à notre capacité à Le laisser agir en nous, malgré notre tendance à adopter un comportement qui est fonction de ce que nous croyons être notre intérêt immédiat, intérêt dicté par le Malin. Ne tombons pas dans ses pièges.
Il y avait comme un manque, depuis Pâques, depuis que la prière « Roi céleste » était provisoirement bannie des offices. Nous pouvons maintenant de nouveau faire directement appel à l’Esprit, ne nous en privons pas !

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