Marc 16, 9-20

   Ep 4, 1-6     Mc 16, 9-20

            L’évangile d’aujourd’hui est très laconique. Son auteur résume en une vingtaine de lignes, ce qui est raconté avec beaucoup plus de détails par les évangélistes Luc et Jean, et d’une façon aussi courte, mais un peu plus neutre par l’évangéliste Matthieu.

            Le passage que nous venons d’entendre met l’accent sur l’incrédulité des apôtres, à qui Marie-Madeleine a annoncé la Résurrection du Christ. « Entendant dire qu’Il vivait et qu’elle L’avait vu, ceux-ci ne la crurent pas » – est-il écrit. Puis l’évangéliste ajoute que « le Christ Se manifesta sous un autre aspect à deux autres disciples qui faisaient route pour se rendre à la campagne. Et ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres ; eux non plus, on ne les crut pas ». Il s’agit probablement de l’apparition du Christ aux disciples d’Emmaüs, décrite plus longuement par l’évangéliste Luc.

         Le point commun à tous ces récits est l’incrédulité à la fois compréhensible, mais tout de même étonnante des disciples – les apôtres n’ont pas cru Marie-Madeleine, ils n’ont pas cru davantage les disciples d’Emmaüs qui, eux-mêmes n’avaient pas reconnu le Christ ressuscité, jusqu’à ce qu’Il se mette à table, le soir, avec eux et rompe le pain, avant de disparaître à leurs yeux.

            Les raisons de leur incrédulité sont multiples. Le Christ avait bien annoncé trois fois Sa mort et Sa résurrection aux disciples. L’évangéliste Matthieu rapporte même qu’ils avaient alors été attristés. L’on peut supposer que le message n’était pas passé, que les conditions de l’arrestation du Christ, les humiliations subies, les coups reçus et Sa mort infâmante sur la Croix, entre deux brigands, avaient effacé de leur mémoire la triple annonce de la résurrection. Pour les disciples, comme pour la foule, il était inconcevable que quelqu’un qui avait ressuscité plusieurs fois des morts, puisse Lui-même mourir. Pour eux, la mort avait un caractère définitif. Pour reprendre, en la modifiant, une expression du Christ, nous pouvons dire : « que celui qui n’a jamais douté jette la première pierre sur les disciples ». Nous-nous abstiendrons donc de les juger.

             En revanche, il reste étonnant que Ses disciples, les plus proches, n’aient pas reconnu le Christ ressuscité quand Il leur est apparu. Un Christ, certes transfiguré, mais Qui avait des plaies aux mains et aux pieds, et devait avoir la même voix que celle qu’avaient écoutée les disciples en permanence, pendant environ trois ans. Là encore, il nous est difficile de juger, nous qui prétendons avoir la foi, alors que notre vie ressemble à s’y méprendre à celle des incroyants, alors que nous continuons de croire au hasard, et hésitons à voir la main de Dieu dans tout ce qui nous arrive de bien, dans les rencontres qui nous ont offertes, ou la main du Malin dans tout ce qui nous arrive de mal, dans les multiples tentations qui nous assaillent et auxquelles nous succombons.

            Les apôtres avaient des circonstances atténuantes, en particulier, la brutalité inouïe de l’arrestation, de la condamnation et de l’exécution du Christ, quelques jours seulement après Son entrée triomphale à Jérusalem. Contrairement à nous, ils n’ont pas bénéficié de 2000 ans de christianisme, ils n’ont pas bénéficié du témoignage des nombreux docteurs de la foi, du témoignage d’innombrables martyrs qui n’auraient pas sacrifié leur vie pour des chimères. Nous bénéficions de toute cette expérience collective, et pourtant nous continuons d’éprouver des doutes. C’est parce que notre cheminement vers Dieu est personnel, parce que même si nous bénéficions de l’expérience de ceux qui nous ont précédés, ils ne peuvent pas se convertir, se tourner vers Dieu à notre place. Même s’il s’inscrit dans une démarche collective, notre salut dépend de notre choix personnel. Par notre baptême, nous sommes entrés dans l’Eglise, dont tous les membres sont solidaires. Mais il est du ressort de chacun d’entre nous d’assumer les conséquences que ce baptême, que cette entrée en Eglise, devraient avoir dans notre vie.

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