Transfiguration

Transfiguration 2015 2 Pierre 1, 10-19 Mt 17, 1-9

 Nous célébrons avec quelques jours d’avance une des quatre fêtes majeures de la période estivale. La fête de la Transfiguration commémore, nous fait revivre la seconde Théophanie de l’ère chrétienne, la seconde manifestation orale de Dieu le Père. Au cours du baptême du Christ dans le Jourdain, « une voix venant des cieux avait dit : Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, Celui qu’il M’a plu de choisir » – rapporte l’évangéliste Matthieu. Cette phrase est répétée presque mot pour mot au moment de la Transfiguration du Christ au Mont Thabor : «  Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, Celui qu’il M’a plu de choisir. Ecoutez-Le ». Dans le premier cas, l’Esprit de Dieu, comme une colombe, descend sur le Christ, dans le second, Dieu Se manifeste dans « une nuée lumineuse qui recouvre le Christ, Moïse, Elie et les trois apôtres », témoins de la scène.

 A la première, comme à la seconde Théophanies, le nombre des témoins est restreint – à la première, l’évangéliste Marc laisse entendre que seul Jean-Baptiste a entendu la voix, à la seconde, les trois évangélistes des Evangiles synoptiques s’accordent à dire qu’il n’y a eu que trois témoins. Les évangiles synoptiques sont les trois premiers évangiles, ceux de Matthieu, Marc et Luc qui ont la même structure et se complètent – ils ont la même approche dans la relation des faits historiques de la vie du Christ et, pour un même événement, ils peuvent être comparés, ils peuvent être « vus ensemble » – ce que signifie le mot synoptique, qui vient du grec. L’évangile de Jean-le-théologien a une structure différente et son approche est plus théologique que celle des autres évangélistes.

Nous pouvons nous demander pourquoi le Christ a réservé cette révélation qu’a été la Transfiguration à trois apôtres, et quelle est la raison de la présence de Moïse et Elie.

Dieu ne Se manifeste directement qu’à très peu d’élus – et leur élection, les raisons de leur choix ne sont pas claires. Pierre, Jacques et Jean n’étaient pas meilleurs que les autres apôtres. Cela signifie qu’une vision, un miracle ne sont pas une récompense. Dieu avait Ses raisons. De même, tous les saints n’ont pas eu de visions directes, comme saint Séraphim de Sarov ou saint Silouane du Mont Athos, et pourtant, ils sont tout aussi saints. Le point commun de toutes les personnes à qui Dieu S’est manifesté plus directement est leur foi. Les miracles ou les visions n’ont pas eu leur conversion pour conséquence. Ils n’ont pas eu besoin de cela pour croire. Pour tous les autres, Dieu ne force ni la main des croyants, ni celle des incroyants. Il leur laisse leur entière liberté sur laquelle un miracle pourrait empiéter. Le seul contre-exemple est celui du futur apôtre Paul, pris à partie par Dieu sur le chemin de Damas.

Les deux premières lectures des vêpres de la fête sont extraites du livre de l’Exode et rapportent les conversations que Moïse a eues avec Dieu. La troisième lecture est extraite du Troisième livre des Rois. Dans cet extrait Dieu ordonne au prophète Elie d’oindre Elisée qui prendra sa place comme prophète.

 Le Christ est venu accomplir la loi, transmise aux hommes par Moïse et les prophéties annoncées, entre autres, par les prophètes Elie et Elisée. C’est la raison de la présence de Moïse et d’Elisée aux côtés du Christ au Mont Thabor. Et leur présence physique laisse entrevoir le Royaume aux disciples présents.

Les textes chantés ou psalmodiés au cours des vigiles de la Fête nous donnent des indications précieuses sur le sens de la Transfiguration du Christ.

Il est dit d’abord que « le Christ transfigurant le genre humain corrompu l’a fait resplendir dans Sa miséricorde sur le Thabor » et plus loin – « qu’Il avait voulu montrer d’avance aux disciples présents la splendeur de Sa divine résurrection ». On peut ajouter que Sa résurrection, comme Sa transfiguration préfigurent les nôtres. Il est intéressant de noter que les apôtres présents au Thabor, témoins en direct, dirions-nous aujourd’hui, de la transformation du corps terrestre du Christ en corps céleste, n’ont éprouvé aucun doute sur Son identité. En revanche, après la mort et la Résurrection du Christ, ces mêmes apôtres, ainsi que les autres, n’ont pas immédiatement reconnu le Christ transfiguré.

Notre liturgie est aussi une préfiguration du Royaume. Sommes-nous capables de comprendre l’actualité des paroles prononcées par le célébrant, au nom de tous les fidèles, lorsqu’il dit que « nous faisons mémoire de tout ce qui a été fait pour nous : la Croix, le Tombeau, la Résurrection au troisième jour, l’Ascension au ciel, le siège (du Christ) à la droite (du Père), le second et glorieux Nouvel Avènement », soit cinq événements passés et un à venir ? Et vers la fin de la liturgie, le chœur chante : « Nous avons vu la vraie lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la foi véritable, nous adorons l’indivisible Trinité, car c’est elle qui nous a sauvés »Saint Jean Chrysostome n’écrit pas « qui va nous sauver », il utilise un passé – « la Trinité nous a sauvés ». La liturgie nous place provisoirement dans l’éternité, hors du temps, comme la Transfiguration du Christ l’a fait pour les apôtres.

Soyons très attentifs à tout ce qui est dit et chanté au cours de la liturgie. Saint Jean Chrysostome en a fait une leçon de théologie irremplaçable. Ne négligeons pas cet enseignement.

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