1-ère liturgie de septembre

1-ère liturgie de septembre St Prix

En désobéissant à Dieu, le premier homme, créé à Son image et à Sa ressemblance, a perdu la ressemblance – il s’est éloigné de la perfection à laquelle il avait été appelé, il s’est éloigné de la perfection vers laquelle il devait tendre en tant que collaborateur de Dieu.

Par Son incarnation, Son enseignement, Sa mort et Sa résurrection, le Christ est venu rendre à l’homme la possibilité de retrouver la ressemblance avec Dieu, la possibilité de réintégrer le Royaume – partiellement et occasionnellement au cours de sa vie terrestre, définitivement après la fin de cette vie terrestre. Partiellement parce que l’acquisition de l’Esprit, à laquelle nous convie Saint Séraphim de Sarov, parce que l’ouverture des Portes du Royaume ne peut être permanente au cours de notre vie terrestre, car nous sommes imparfaits. Saint Séraphim, comme Saint Silouane de l’Athos et d’autres saints ont a reçu cette grâce, mais elle n’a jamais été permanente.

Tout ce processus est dévoilé dans notre liturgie. Il vous a déjà été rappelé ici de nombreuses fois qu’elle était une préfiguration du Royaume. Ce Royaume est à la fois dans le temps et hors du temps. Il est dans le temps, parce qu’au cours de notre vie terrestre, à chaque fois que nous communions, nous réactualisons notre baptême et rétablissons provisoirement notre ressemblance avec Dieu. Mais le Royaume est également hors du temps, parce que Dieu est hors du temps, même si le Christ S’est incarné et est entré dans l’histoire de l’humanité déchue. C’est ce que nous pressentons lorsque nous entendons le célébrant dire, au nom de toute la communauté, que « nous faisons mémoire de tout ce qui a été fait pour nous : la Croix, le Tombeau, la Résurrection au troisième jour, l’Ascension au ciel, le siège (du Christ) à la droite (du Père), le second et glorieux Nouvel Avènement ». Nous sommes à la fois dans le temps et dans l’éternité, c’est à dire hors du temps. Saint Isaac le Syrien affirme toutefois que nous ne pouvons avoir aucune idée de ce à quoi ressemble le Royaume, tel qu’il est dans l’éternité.

La parabole du serviteur qui ne fait que ce qu’il doit faire et ne doit rien en attendre, cette parabole nous rappelle que nous ne méritons rien, que si nous parvenons à respecter un tant soit peu les commandements donnés par Dieu à Moïse, et complétés par le Christ, nous ne faisons rien que de normal, et cela n’est pas suffisant pour que les portes du Royaumes nous soient ouvertes. Mais heureusement, la miséricorde divine pallie nos insuffisances, et nous posons un pied dans le Royaume en communiant. Nous avons foi en cette miséricorde et espérons que ces portes nous seront ouvertes à l’issue de notre vie terrestre, alors que nous ne le mériterons pas.

La liturgie de Saint Jean Chrysostome cite largement les Evangiles et les épîtres de différents apôtres, elle nous indique clairement la marche à suivre pour que nous puissions au moins « poser notre candidature à la citoyenneté du Royaume ».

Ces recommandations apparaissent presque à chaque ligne, mais elles sont résumées dans le discours sur la Montagne, dans les Béatitudes, et dans « la prière du Seigneur », dans le Notre Père.

« Que Ta volonté soit faite », disons-nous. La volonté de Dieu est que nous accordions la priorité à l’essentiel et non à notre confort matériel, à notre confort moral et spirituel. En d’autres mots, il s’agit de la pauvreté en esprit, du détachement de tout ce qui nous rend esclaves du Malin. C’est notre soif inextinguible de Dieu qui devrait remplacer la soif de ce que propose le démon. Nous demandons aussi que Dieu nous pardonne nos offenses, comme nous avons pardonné ceux qui nous ont offensés. Cela implique une absence totale de jugement de notre prochain. Comme nous en sommes loin !

Et pourtant, à chaque liturgie nous sommes invités au Royaume, malgré notre manque de préparation, malgré notre indignité. C’est là que la formule de l’apôtre Paul prend tout son sens : « Je crois Seigneur, (…) que Tu es le Christ (…) venu en ce monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier ». Si l’apôtre Paul et tous les saints qui l’ont suivi ont compris que chacun d’entre eux était pécheur, et se considérait comme le premier, comme le pire des pécheurs, il serait peut-être sage de reprendre cette formule à notre compte et d’avoir conscience de ce qu’elle signifie vraiment. Et comme le Bon larron, écrions-nous, intérieurement : « Souviens-Toi de moi, Seigneur, dans Ton Royaume ».

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