Dimanche avant la Théophanie.

 

            Tout le monde a déjà pris ou va prendre de bonnes résolutions pour la nouvelle année. Ces bonnes résolutions sont généralement d’ordre matériel – certains essaient de s’affranchir de leur dépendance au tabac, d’autres décident de se mettre au régime et de faire du sport, d’autres, ceux qui poursuivent des études, se promettent de travailler avec plus de sérieux. Toutes ces bonnes résolutions sont destinées à améliorer, à terme, notre bien être et n’ont que peu d’impact dans le domaine spirituel. En ce qui concerne notre vie religieuse, les bonnes résolutions sont prises, soit à la rentrée scolaire qui correspond au Nouvel an liturgique, soit, surtout, au début du Grand carême. Pourquoi ne pas profiter du Nouvel an civil pour prendre aussi de bonnes résolutions dans notre vie religieuse ? Les textes lus aujourd’hui peuvent servir de base de départ. L’Evangile du dimanche est le récit de la guérison de dix lépreux. L’extrait de l’épître aux Colossiens est le même que celui du dimanche des Ancêtres, l’apôtre y fait des recommandations d’ordre pratique. Le court extrait de l’épître à Timothée de l’avant-fête met l’accent sur la recherche de la sobriété. Et l’Evangile de la Théophanie est un appel au repentir.

            Noël que nous venons de fêter est une réactualisation annuelle, dans nos vies, de la naissance du Christ. Puisque le Christ S’est fait homme pour notre salut, il importe que nous Lui fassions bon accueil. Pour que le Christ soit parmi nous, il faut, nous a-t-Il dit que nous soyons deux ou trois réunis en Son Nom. Ne Le prenons pas au mot – deux ou trois est le minimum du minimum. Pensons-y quand nous nous trouvons de bonnes excuses pour ne pas nous rendre à une liturgie.

            L’Esprit Saint peut-Il faire Sa demeure en nous si nous ne sommes pas passés par la phase du repentir ? Pouvons-nous nous contenter d’une confession annuelle, voire encore plus rare, et espérer tirer un quelconque profit spirituel de la communion aux Saintes Espèces ? Notre mode de vie ne risque-t-il pas de faire fuir le Christ, comme l’Esprit ? Le Précurseur Jean le Baptiste préparait ses contemporains à accueillir le Christ. L’accueil du Messie, quelle que soit l’époque, suppose repentir et conversion.

            La conversion implique des changements dans notre vie. La confession des péchés, sans au moins le désir de ne plus les commettre, est assimilable à du sur-place, puis à une régression. Nous savons à quel point il est difficile de ne pas retomber dans les mêmes péchés, nous savons que c’est impossible, sans l’aide de Dieu. Evitons de commettre l’erreur d’avoir la conscience tranquille et efforçons-nous de faire ce que nous pouvons pour nous améliorer. La persévérance associée à la foi fait des miracles avec l’aide de l’Esprit. Et les échecs ont au moins ceci de bon qu’ils nous apprennent l’humilité – passage obligé vers le Royaume. Seuls, nous ne pouvons rien.

            Le récit de la guérison des lépreux concerne tout le monde. Nous vivons comme si la santé était un droit. Nous devrions éprouver de la reconnaissance envers Dieu lorsque, sur ce plan, nous arrivons à vivre à peu près normalement. Nous vivons aussi comme si la satisfaction de nos besoins spirituels était également un droit. Nous sommes contents de trouver des paroisses ouvertes qui assurent une permanence en été. Nous trouvons normal d’avoir notre chapelle à disposition. Il y a pourtant des pays où les chrétiens orthodoxes n’ont pas ces facilités. Et il y a en France des régions où il faut parcourir de nombreux kilomètres avant de trouver un lieu de culte orthodoxe. Soyons conscients de la double chance que nous avons – d’habiter en Région parisienne où ce problème ne se pose pas et d’avoir une chapelle dont nous sommes collectivement propriétaires à titre définitif.

            Soyons reconnaissants, ne négligeons pas les vêpres, participons plus activement aux liturgies, ne nous rendons pas aux offices pour demander, mais pour remercier – c’est le sens propre du mot liturgie. Convertissons-nous avec sérieux, mais avec humilité, lavons-nous spirituellement pour faire place à l’Esprit et obtenir Son soutien. Nous avons la certitude que, même si notre état de santé spirituel n’est pas extraordinaire, nous serons toujours accueillis par le Père, il suffit que nous le voulions et fassions le premier pas, humblement, sans attendre quoi que ce soit comme un droit, suivant l’exemple du Fils prodigue de la parabole.

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