Entrée au Temple de la Mère de Dieu

Luc 10, 25-37   Ep 5, 9-19

        Nous fêtons aujourd’hui la Présentation ou plutôt l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu, dont c’est l’après-fête. Le terme Présentation est généralement réservé aux enfants de sexe masculin.

        Curieusement, sur toute cette période, les lectures choisies par l’Eglise n’ont qu’un rapport indirect ou pas de rapport du tout avec l’événement que nous fêtons. Il a été question vendredi d’une discussion du Christ avec les pharisiens à propos de la volonté d’Hérode de Le faire mourir et, dans un deuxième extrait, de la guérison d’un enfant possédé. Il a été question dans l’évangile des matines de la fête, de la visite que la Mère de Dieu a rendue à Elisabeth, sa parente et future mère du prophète Jean Baptiste. Et l’Evangile de la liturgie de la fête est celui de toutes les fêtes mariales. C’est le passage où sont évoquées les personnalités de Marthe et Marie, les sœurs de Lazare. Quant à l’évangile d’aujourd’hui, celui de l’après-fête, c’est celui de la parabole du Bon Samaritain.

        Malgré l’absence d’informations canoniques, c’est à dire reconnues par l’Eglise comme vraies, catholiques et orthodoxes fêtent l’Entrée au Temple de la Mère du Christ, que nous nommons différemment. Les Occidentaux mettent l’accent sur sa virginité. L’appellation «Sainte Vierge » fait référence à deux attributs de la Mère du Christ, à sa proximité avec Dieu – l’adjectif « saint » signifiant « qui appartient à Dieu » et à l’action de l’Esprit Saint qui lui a permis d’être Mère tout en restant vierge. Dans la tradition russo-grecque, elle est appelée soit « Celle qui a donné naissance à Dieu, Celle qui Lui a permis de s’incarner » : « Bogoroditsa », soit « notre Souveraine » : « Vladytchitsa » qui correspondrait au « Notre Dame » des occidentaux. Nous mettons davantage l’accent sur sa maternité et sur son obéissance à Dieu, obéissance qui, paradoxalement, a été une manifestation de sa liberté.

        La liberté dont a usé la Mère de Dieu est double. C’est d’abord la liberté universelle de choix entre le bien et le mal, celle que Dieu laisse à tout homme. La fille de Joachim et Anne est plus que surprise par l’Annonciation de sa future maternité, faite par l’archange Gabriel. Elle ne comprend pas trop ce qui l’attend. Elle aurait pu s’enfuir en courant, mais elle répond : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se passe comme tu me l’as dit ». L’autre liberté conquise par la Mère de Dieu, grâce à son séjour au Temple de plusieurs années et à la formation qu’elle a du y recevoir, est la liberté par rapport au péché. Elle s’est libérée du péché par son obéissance libre, par son obéissance volontaire à Dieu.

       La liberté, telle qu’elle est comprise de nos jours dans la société civile est une avancée, un progrès. Il est parfaitement normal et juste que les états garantissent les libertés individuelles, à partir du moment où elles n’empiètent pas sur celles des autres. Dieu, Lui-même, nous laisse entièrement libres de transgresser les lois qu’Il a établies, à nous d’en supporter les conséquences, si nous les transgressons. Mais un chrétien peut choisir une autre forme de liberté, il peut choisir l’obéissance volontaire à Dieu qui libère de l’esclavage du péché. La Mère de Dieu est pour nous un modèle dans ce domaine.

        Dans tous les cas de figure, notre liberté est conditionnée par l’amour du prochain qui, dans le Nouveau testament, mais aussi dans l’Ancien, est indissociable de l’amour de Dieu. En ces temps plus que troublés n’oublions pas que Dieu aime tous les hommes. A la fin du chapitre 5 de l’Evangile de Matthieu le Christ dit que « le Père fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes ». Et il va jusqu’à dire que « nous devons aimer nos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutent » et que c’est ce qui nous distinguera des païens. Nous savons à quel point c’est difficile et parfois même impossible. Le p. Alexandre Men’ disait que c’était à la portée de certains saints, et que ce serait déjà une grande avancée si nous réussissions à ne pas souhaiter du mal à ceux qui nous en ont fait. C’est pour cette raison, qu’aussi difficile que cela puisse paraître, suivant l’exemple du Christ sur la Croix, nous prierons pour les victimes et leurs familles, mais également pour les bourreaux « qui n’ont absolument pas conscience de ce qu’ils font », et pour les victimes collatérales que sont les musulmans pacifiques et les réfugiés.

Ce contenu a été publié dans sermon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.