Dimanche du Publicain et du Pharisien 2016

Hier soir, nous sommes entrés dans le Triode de carême. Le Triode est la période qui précède Pâques et se divise en trois parties – la partie préparatoire au Grand-carême, le Grand-carême et la Semaine Sainte. C’est aussi le livre liturgique où figurent tous les offices de cette période. L’Evangile de dimanche dernier, qui n’entre pas dans le Triode, fait cependant aussi partie de cette préparation.

Zachée, le collecteur d’impôts, abhorré par la population locale, est pour nous un exemple dans trois domaines. Il a d’abord eu une folle envie de voir le Christ. Nous sommes invités à partager cette envie et à la concrétiser par notre participation à la liturgie. Il a ensuite fait preuve d’une grande humilité, il a été conscient de son indignité. Considéré par tout le monde comme un voleur, Zachée a été surpris, quand Le Christ S’est invité chez lui, au vu de tous. Il a éprouvé un immense sentiment de reconnaissance pour l’honneur qui lui était fait. Nous qui sommes de pécheurs, nous qui invitons le Christ et qui sommes, dans le même temps invités par Lui à chaque liturgie, nous aussi devrions être surpris de cette invitation, nous devrions éprouver le même sentiment de reconnaissance. Il arrive pourtant qu’à l’invitation à la liturgie, soient préférées les invitations du monde. Nous rendons-nous compte de ce que signifie ce refus ?

Et, enfin, la visite du Christ chez Zachée l’a amené à une conversion profonde. Zachée a changé de vie. Il a réparé tous ses torts, il a remboursé ceux qu’il avait volés. Nous aussi sommes appelés à la conversion, au changement de notre vie, à la réparation de nos torts envers autrui.

Le collecteur d’impôts de l’Evangile d’aujourd’hui, est également un exemple à suivre. Lui aussi est conscient de sa profonde indignité. Venu au Temple de Jérusalem pour y prier, il se tient à l’entrée et ose à peine s’adresser à Dieu. Les seules paroles qui sortent de sa bouche sont : « O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Ce sont ces paroles qu’ont reprises tous les grands mystiques, ce sont ces paroles que Saint Séraphin de Sarov répétait en permanence.

Au chapitre 12 de l’Evangile de Luc, il est question dans une autre parabole du manque de vigilance, du manque de sérieux d’un serviteur. Le Christ conclut Ses explications aux apôtres qui L’écoutent par des paroles très dures pour eux, comme pour nous : « Le serviteur qui connaissait la volonté de son maître et qui pourtant n’a rien préparé, ni fait selon cette volonté, recevra bien des coups ; celui qui ne connaissait pas la volonté du maître et qui a fait de quoi mériter des coups en recevra peu. A qui l’on a beaucoup donné, on redemandera beaucoup. A qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage ». C’est là que nous sommes concernés. Il nous a beaucoup été donné – d’abord les Ecritures – l’Ancien et le Nouveau testaments, les offices, les sacrements et l’expérience de l’Eglise, depuis sa fondation. Lorsque nous désobéissons à Dieu, nous savons ce que nous faisons. Nous ne pouvons prétendre ignorer ce qu’Il attend de nous. Nous sommes appelés à la perfection. La perfection des hommes n’est pas celle de Dieu, que nous sommes incapables d’imaginer, et pourtant, comme les apôtres, nous comprenons qu’il nous est impossible d’atteindre la perfection des hommes. Il ressort cependant de tout ce qui vient d’être dit que nous devons au moins fournir des efforts. Mais il serait suicidaire sur le plan spirituel que ces efforts nous incitent à adopter l’attitude du Pharisien, l’attitude de celui qui a tout fait comme il fallait et estime mériter une récompense.

Nous sommes entrés en période de pré-carême. La lecture, en fonction des possibilités de chacun, des textes quotidiens, ou au moins hebdomadaires, indiqués dans le calendrier liturgique, aide à cette préparation. Les Evangiles des dimanches de Zachée, du Publicain et du Pharisien et du Fils prodigue donnent des indications précieuses sur l’état d’esprit indispensable pour que le carême porte ses fruits. Le chemin qui mène vers l’ascèse physique est lui aussi progressif. Il se fait en douceur. Le dimanche du carnaval, le dimanche de l’adieu à l’alimentation carnée est suivi de la semaine des laitages et du poisson, auxquels on renonce, à leur tour, le dimanche du Pardon qui marque l’entrée en Carême. Commençons donc tout doucement à nous préparer au carême qui, lui-même, nous préparera à la Fête des Fêtes, à la Résurrection du Christ.

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