Entrée en Carême

Nous entrons ce soir dans la période du Grand-Carême. C’est le plus long des quatre carêmes proposés par l’Eglise. Il n’est pas plus que les autres un but en soi. Il est une préparation à ce qui est le fondement, à ce qui est l’essentiel de notre foi ; il est une préparation à la Résurrection du Christ que nous revivons en permanence chaque dimanche de l’année, et d’une façon encore plus marquée, dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques.

Pour que nous puissions bénéficier de cette résurrection, sans laquelle notre foi serait vaine et qui préfigure la nôtre, il nous est demandé de passer par une phase de conversion, par un retour à l’essentiel. La discipline spirituelle et l’ascèse physique que l’Eglise propose pendant le carême ne sont sont que des instruments, des aides qui facilitent le retour à l’essentiel. Faut-il rappeler que l’essentiel est l’observance des deux commandements dont tous les autres découlent ? L’apôtre et évangéliste Jean rappelle, dans sa première épître, que l’amour du prochain et l’amour de Dieu sont indissociables.

Le carême est assimilé, à tort, à des contraintes et à des privations. C’est le contraire – le carême libère de tout ce qui est un obstacle à notre marche vers le Royaume. Et les obstacles sont nombreux. Il y a notre attachement aux biens et aux plaisirs matériels, il y a l’orgueil, sous toutes ses formes, les plus évidentes, comme les plus discrètes, qui sont les plus dangereuses – le jugement des autres, l’autosatisfaction, la fausse modestie, la recherche des compliments, la liste est longue. C’est l’orgueil qui a poussé Adam à la désobéissance quand il a voulu se passer de Dieu pour accéder seul à la connaissance. Penser que nous sommes capables de nous améliorer par nos seules forces, sans aide divine, est une reprise à notre compte de la faute d’Adam.

Le carême nous aide à nous libérer de toutes sortes de formes de dépendance, d’esclavage dont nous sommes des victimes consentantes, quand nous sommes incapables de nous passer de certaines choses ou de certaines activités. Il nous incite à nous affranchir de notre égoïsme naturel, alors que nous sommes le centre de nos préoccupations. Les restrictions alimentaires et les restrictions dans le domaine des distractions futiles servent de rappel permanent. Elles sont un frein à une vie sociale, quand cette vie éloigne de Dieu. Ces restrictions rappellent aussi que les besoins matériels prennent souvent le pas sur les besoins spirituels.

Il y a deux travers dans lesquels il ne faut pas tomber – L’abstinence matérielle n’a pas l’importance que l’on a tendance à lui accorder. Sans la prière et la pratique de l’amour du prochain elle est inutile et même dangereuse sur le plan spirituel, mais la négliger viendrait à l’encontre des recommandations du Christ qui appelait Ses disciples – et nous sommes Ses disciples – à prier et jeûner. Alors, engageons-nous dans ce carême sans le considérer comme une corvée. Fixons des objectifs raisonnables qui ne soient pas trop difficiles à atteindre, mais pas trop faciles non plus. Et si nous faisons une chute, ce n’est certainement pas un signal pour tout arrêter, pour laisser tomber le carême, c’est juste un petit coup de main d’en-haut pour nous empêcher d’adopter l’attitude du pharisien de la parabole du pharisien et du publicain, pour nous empêcher de sombrer dans l’orgueil.

         Bon entrée en carême à tous !

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