Dimanche de la Théophanie Saint-Prix 2017

 Nous fêtons la nouvelle année deux fois par an – quatre fois par an pour ceux qui jouent sur les deux calendriers, le julien et le grégorien. Nous fêtons le Nouvel an liturgique, le 1-er septembre, et le Nouvel an civil, le 1-er janvier. Voilà, en plus des carêmes, deux occasions de prendre de bonnes résolutions. Nos bonnes résolutions ecclésiales diffèrent des bonnes résolutions civiles par leurs destinataires. Il est difficile, même si c’est nécessaire, de faire bénéficier de nos résolutions un « Dieu inexprimable, incompréhensible, invisible et insaisissable », comme le définit Saint Jean Chrysostome. Alors faisons bénéficier de nos efforts à venir, le prochain que nous voyons et réussissons à peu près à comprendre et à cerner.

Saint Jean résume très bien la situation dans sa première épître : « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas ». Commençons donc par aimer nos proches, ce qui devrait être le moins difficile. Etendons notre rayon d’action à ceux qui nous aiment ou nous apprécient, ce qui n’est pas trop compliqué non plus. Mais le Christ nous a demandé d’aimer aussi ceux qui ne nous aiment pas, et nous pouvons rajouter ceux qui nous sont indifférents – c’est ce qui devrait distinguer les chrétiens de ceux qui ne le sont pas. Cela ne veut pas dire qu’il faut aimer tout le monde de la même façon. Le Christ préférait bien Saint Jean aux autres apôtres. Cela ne signifie pas qu’Il ne les aimait pas. Le Christ, Lui, aimait Ses ennemis, c’est au dessus de nos forces, pour la plupart d’entre nous. Le père Alexandre Men’ demandait à ses paroissiens qui en étaient aussi incapables que nous, d’au moins ne pas souhaiter de mal à leurs ennemis, et d’essayer d’être bienveillants à l’égard de tout le monde.

Commençons donc par travailler notre relation avec notre prochain, en nous fondant sur les textes fondamentaux que sont les dix commandements qui se résument en deux : l’amour de Dieu et du prochain, puis sur les Béatitudes et le Notre Père.

Les Béatitudes indiquent clairement la marche à suivre. Il faut cependant régler une question de vocabulaire. Etre pauvres en esprit, c’est un certain nombre de choses. C’est opérer un renversement de nos valeurs, c’est nous détacher, ne plus être esclaves de notre bien-être matériel et même spirituel, c’est ne plus centrer notre vie sur l’assouvissement de nos besoins réels ou imaginaires, ne plus nous accorder la priorité à nous mêmes, mais à notre prochain et, par ce biais, à Dieu. La pauvreté dont il est question, c’est aussi avoir l’humilité d’intégrer que quoi que nous fassions, quelles que soient nos éventuelles réussites sur le plan spirituel, elles seront ridiculement petites, tant nous serons loin de la perfection. De toutes façons, nous n’aurons fait que ce qu’il faut faire. La pauvreté en esprit, c’est enfin la conscience de notre impuissance à obtenir, par nos seules forces, le salut qui dépend infiniment plus de la miséricorde divine que des efforts que nous aurons pu fournir. Nous dépendons entièrement de l’aide de l’Esprit et de la miséricorde du Père.

« Heureux les doux et les miséricordieux ; il leur sera fait miséricorde » – est-il écrit. Et dans la prière léguée par le Christ, nous avons une fâcheuse tendance à oublier que nous devons pardonner les offenses si nous voulons être pardonnés. C’est aussi une des conditions pour que vienne le Règne du Père et que Sa volonté soit faite sur la terre.

« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour les autres » – a résumé le Christ.

Dans l’épître de la fête qui vient d’être lue, il est écrit que « la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes (…) enseigne à renoncer (…) aux désirs de ce monde, pour que nous vivions dans le temps présent avec réserve, justice et piété ». « Justice », signifiant « en observant les règles préconisées par le Ecritures ». Et plus loin, l’apôtre Paul ajoute : « Notre Sauveur (…) nous a sauvés, non en vertu d’œuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes (…), mais en vertu de Sa miséricorde ».

Le jour du Jugement, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Alors vivons dès aujourd’hui, comme si ce devait être notre dernier jour et n’attendons plus pour mettre en pratique nos bonnes résolutions, même si elles peuvent paraître dérisoires par rapport à ce que Dieu attend de nous. Il compensera nos insuffisances, si nous faisons le premier pas.

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