Dimanche du Pardon 2017

         « Quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Celui qui dira à son frère « imbécile » sera justiciable du Sanhédrin. Celui qui dira : « fou » sera passible de la géhenne de feu. Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande ». Que la partie féminine de l’assistance se rassure, il est évident que les sœurs sont tout autant concernées par ces paroles du Christ.

         Cette citation de l’Evangile de Matthieu n’est pas seulement d’actualité le dimanche du pardon – elle s’applique en permanence à toutes les liturgies, tout au long de l’année. Dans les recommandations faites aux célébrants en première page du texte de la liturgie de Saint Jean Chrysostome, telle qu’elle est célébrée dans les Eglise orthodoxes de tradition slave, il est écrit : « Avant de célébrer la divine liturgie, le prêtre et le diacre doivent s’être réconciliés avec tous et n’avoir de ressentiment envers personne. Ils doivent garder leur cœur libre de toutes pensées mauvaises et avoir observé l’abstinence et le jeûne selon les prescriptions de l’Eglise ». Ces recommandations ne s’appliquent pas qu’au clergé, elles devraient être observées par tous les fidèles.

         Nous allons célébrer ensemble les vêpres du pardon, après les courtes agapes qui suivront la liturgie. Le pardon, l’absence de jugement et l’amour du prochain sont incontournables.

         Un grand nombre de citations des Evangiles vont dans ce sens. « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera à vous aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes » Mt 6, 14 – est-il rappelé dans l’Evangile d’aujourd’hui. Un peu plus loin, dans le même Evangile de Matthieu, il est écrit : « Pierre s’approcha du Christ et Lui dit : « Seigneur, quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ? Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». Soit 490 fois, ce qui est une façon imagée de dire « toujours ». C’est cette formule qui est reprise dans l’une des prières avant la confession : « C’est Toi, Seigneur, qui as dit : Je ne désire pas la mort (la mort spirituelle) du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive, et qu’il faut pardonner soixante-dix fois sept fois le péché». Contrairement à nous, Dieu pardonne donc toujours le pécheur.

          A la dernière liturgie il vous a été dit que selon Saint Isaac le Syrien, « Il n’y avait point de péché non pardonné hormis le péché non repenti ». Le Christ a dit que « le seul péché qui ne soit pas pardonné était le péché contre l’Esprit». D’après Monseigneur Serge, notre archevêque de 1993 à 2003, il s’agit du désespoir, quand le pécheur n’a pas foi en la mansuétude divine et pense qu’il ne sera pas pardonné.

         Une citation recomposée à partir de deux autres du chapitre 7 de l’Evangile de Matthieu résume tout : « Il ne suffit pas de dire « Seigneur, Seigneur ! » pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de Mon Père qui est aux cieux. (…) Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux ».

         Pour ce qui est du carême qui commence ce soir, il est possible d’adapter ces paroles en disant : « Il ne suffit pas d’observer un jeûne strict et d’aller à tous les offices que l’Eglise propose pour entrer dans le Royaume – c’est non seulement utile, c’est nécessaire, mais ce sont des moyens et non un but en-soi. La priorité, c’est pardonner, s’abstenir de juger, et agir envers les autres, comme l’on voudrait qu’ils agissent envers nous. Le jeûne, la prière et la pratique de l’amour du prochain sont indissociables et se complètent.

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